Habitué à mentionner le dossier du Sahara dans ses propres termes lors de ses rencontres bilatérales, le président algérien a fait profil bas avec son homologue somalien. Cette omission volontaire soulève des interrogations sur la démarche que l'Algérie devrait désormais entreprendre. Le chef de l'Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune a accueilli à Alger le président somalien, Hassan Sheikh Mohamud, en déplacement officiel en Algérie. Lors de cette rencontre médiatisée, le président algérien a adopté une nouvelle façon de conclure ses entretiens. Alors que le régime algérien a pour habitude de soulever le dossier du Sahara à chacune des visites de responsables étrangers, en utilisant un jargon bien défini, entre autres en mentionnant « le droit à l'autodétermination » du peuple sahraoui, ou en soulevant la question de l'organisation d'un référendum, cette fois-ci, ces mentions ont disparu du communiqué final sanctionnant la rencontre. Ces mentions sont souvent ajoutées uniquement du côté algérien et ne figurent presque jamais dans les communiqués conjoints adoptés par les deux parties. Dans plusieurs cas d'ailleurs, des officiels des pays qui se sont vus attribuer ces propos, ont rectifié le tir en faisant des mises au point orales ou écrites afin de ne pas s'engouffrer dans la voie du régime algérien et surtout parce que ces pays ne partagent pas les mêmes vues sur la question du Sahara. Si les combines médiatiques du régime algérien ont été dévoilées à plusieurs reprises, notamment en vérifiant les deux versions officielles de chacun des pays et en voyant que certaines fois, le dossier du Sahara ne figurait même pas dans la communication du pays tiers, il semble que la présidence algérienne adopte un nouveau ton diplomatique. Le président algérien n'a pas cherché à coller les positions de soutien au polisario au président somalien, et s'est contenté de déclarer devant la presse, avoir échangé avec Hassan Sheikh Mohamud au sujet « des développements dans la région du Sahel et du Sahara, et en particulier au Soudan ». Il s'agit de la première fois que le président Tebboune ne mentionne pas le « Sahara occidental » pour qualifier le Sahara marocain. Et il le fait toujours, même avec les pays qui reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Dans le cas de la Somalie aussi, le pays reconnaît la souveraineté du Maroc et devrait ouvrir un consulat à Dakhla. Ce revirement de situation semble indiquer l'adoption d'une nouvelle façon d'appréhender la question du Sahara qui n'est plus placée au centre de l'agenda politique de l'Algérie, du moins en façade. Cette omission volontaire, vient surtout après l'adoption de la dernière résolution sur le Sahara par le Conseil de sécurité de l'ONU où l'option de l'autonomie a été hissée au premier plan comme la base de la résolution du conflit. En outre, les récentes déclarations télévisées du chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, faisant suite à cette adoption, révèlent que l'Algérie n'était pas contre l'initiative d'autonomie lors des discussions de la résolution lors du tour de table onusien. Pour voter en faveur du texte, Alger réclamait que la mention de la « souveraineté marocaine » ne figure pas dans le préambule du texte, même si cela était clairement statué dans le corps du texte. Alger n'avait simplement pas envie de concéder devant l'opinion publique qu'elle acceptait et reconnaissait finalement que la souveraineté du Sahara revient au Maroc. Ce tournant majeur dans le positionnement de l'Algérie dans le conflit autour du Sahara, s'explique notamment par la vague de soutien international au plan d'autonomie marocain, soumis en 2007 et l'appui des Nations Unies pour l'adoption de ce plan comme solution définitive. Il s'explique aussi par la volonté américaine d'entériner ce plan et son implication désormais plus affirmée dans le rapprochement de vues entre le Maroc et l'Algérie. Le conseiller du président Trump pour les affaires africaines et arabes, Massad Boulos, a personnellement livré plusieurs interviews dans lesquelles il annonce que la voie à suivre pour clore ce dossier sera celle de l'initiative d'autonomie soumise par le Royaume.