La capitale chinoise, Pékin accueille à partir de ce jeudi 25 avril et jusqu'au samedi 27 du même mois, le deuxième Forum de « la Ceinture et la Route » pour la coopération internationale (FCR). Le Royaume a été parmi les premiers pays à adhérer à cette initiative, car les enjeux stratégiques des relations Maroc-Chine sont évidents. Des représentants de plus de 80 pays et organisations, dont 37 Chefs d'Etat et de gouvernement se trouvent à Pékin pour le deuxième Forum de « la Ceinture et la Route » pour la coopération internationale (ICR), organisé cette année sous le thème: « Coopération de la Ceinture et la Route, former un destin commun plus brillant ». Il s'agit d'une stratégie de développement proposée par le président chinois Xi Jinping en 2013. Selon le gouvernement chinois, l'objectif de cette initiative est « d'améliorer la connectivité régionale en développant des projets d'infrastructure créant des réseaux terrestres et maritimes reliant l'Asie du Sud-Est, l'Asie centrale, le Moyen-Orient, l'Europe et l'Afrique ». Depuis son lancement en 2013, elle prévoit notamment le financement d'infrastructures terrestres et maritimes pour plus de 1.000 milliards de dollars. Selon Wang Yi, conseiller d'Etat et ministre chinois des Affaires étrangères, douze forums thématiques et une conférence des PDG seront organisés le 25 avril, la cérémonie d'ouverture et une réunion de haut niveau ont été fixées le 26 avril, tandis que le sommet des dirigeants se tiendra le 27 avril. Il a également indiqué que le forum exprimera un soutien ferme au multilatéralisme et à une économie mondiale ouverte, enrichira les principes de la coopération de l'initiative « la Ceinture et la Route », construira un réseau de partenariat, et établira davantage de mécanismes pour le développement de haute qualité. En encourageant des consultations étendues sur la base de l'égalité, la Chine a vu l'initiative « la Ceinture et la Route » passer d'une proposition chinoise à un consensus international, indique un rapport publié lundi 22 avril. D'après le rapport, le rôle des mécanismes multilatéraux a été renforcé à travers des consultations élargies. La Chine s'engage activement dans la coordination et la coopération substantielles sur l'initiative « la Ceinture et la Route » avec les autres pays participants et profite pleinement des mécanismes multilatéraux existants, tels que le G20, l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), le sommet Asie-Europe, le Forum sur la coopération Chine-Afrique, le Forum de coopération entre la Chine et les pays arabes, le Forum du développement économique et de coopération Chine-Etats insulaires du Pacifique. Le rôle du Maroc est crucial Dans ce cadre, la Chine a annoncé que plus de 80 pays et organisations ont adhéré à la BRI, qui vise à améliorer les liaisons entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique. Le Royaume a été parmi les premiers pays à souscrire à cette initiative, car les enjeux stratégiques des relations Maroc-Chine sont évidents. L'intérêt pour Rabat de développer davantage ses relations avec cette puissance en devenir est incontestable. Ceci relève de la volonté de diversification des alliances stratégiques du Maroc avec les puissances émergentes dans les différents continents. D'ailleurs, la plupart des scenarii prospectifs prédisent que la Chine serait la première puissance économique mondiale à l'horizon 2040. Cependant, il faut souligner que les relations bilatérales remontent fort loin dans l'histoire. Au 8ème siècle, sous la dynastie des Tang, il y avait déjà un chinois, Du Huan, qui a effectué une visite au Maroc, suivie en 1336 par une autre visite d'un grand voyageur de la dynastie des Ming Wang Dayuan. Des années après, en 1446, le grand voyageur marocain Ibn Battouta est arrivé en Chine et y a séjourné trois ans. Aussi, le Maroc a-t-il servi de passerelle entre la Chine et l'Europe. Des acquis de la civilisation ancienne chinoise, tels que les méthodes de fabrication du papier et de la poudre, ont été introduits en Europe via le Maroc. Concernant la consolidation des acquis, le Maroc, premier Royaume à avoir reconnu la République Populaire de Chine, entretient des relations politiques stables avec ce pays depuis le premier novembre 1958. Absence d'intérêts divergents Aujourd'hui, les relations bilatérales sont d'égal à égal et favorisent la concertation sur les grands dossiers au sein des différentes instances internationales. Ces relations se caractérisent par l'absence d'intérêts divergents et ne comportent pas d'enjeux conflictuels. En témoignent les appuis réciproques des deux pays au sein des institutions internationales et la concordance de leurs points de vue sur certaines questions d'envergure (dossier du Moyen-Orient, réforme de l'ONU, OMC, défense de la multipolarité des relations internationales...). Ces relations se nourrissent continuellement des visites officielles des Chefs d'Etats et de hauts responsables relevant des deux pays. Ces visites de haut niveau ont permis d'impulser et d'élargir le champ de la coopération entre les deux pays à plusieurs domaines importants (emploi, environnement, santé, tourisme, phosphates, infrastructure, industrie...). Ce qui a contribué à rehausser le niveau des relations entre les deux pays et a ouvert la voie à des visites croisées de délégations appartenant à l'Exécutif, au législatif, au secteur privé et académique, à l'administration locale et à la société civile... Les liens d'amitié bénéficient du concours de l'Association d'Amitié Ibn Batouta créée à Pékin en 1984, et du Groupe d'amitié parlementaire chinois, crée en 2000, ainsi que l'Association d'amitié et d'échange maroco-chinoise, créée à Casablanca le 10 novembre 2012. De la sorte, les relations Maroc-Chine sont très complémentaires. De vastes perspectives de coopération existent? dont l'exploitation en commun favoriserait l'épanouissement des deux pays. Ces relations sont portées par un cadre juridique qui ne cesse de se développer de manière cohérente et comporte actuellement plusieurs accords dans des domaines variés. En effet, la coopération bilatérale maroco-chinoise prend appui sur un cadre juridique étoffé et couvre des secteurs divers et variés tels que le secteur des finances, la santé, l'agriculture, le sport, la pêche, les travaux publics, la géologie, les mines, les équipements et le tourisme... A cela s'ajoute les opérations de jumelage, dont notamment celui de Casablanca-Shanghai conclu en 1984 (en plus de plusieurs autres accords de jumelage qui concernent des villes marocaines avec des villes chinoises). Ces jumelages recèlent d'importantes opportunités en termes de modernisation institutionnelle, qui ne sont pas totalement exploitées. Ils nécessitent un suivi permanent et méritent d'être étendus aux autres villes et régions, tout en intégrant une dimension institutionnelle plus importante. La Chine, 3ème fournisseur du Maroc Aussi, c'est un fait, la Chine est devenue en l'espace de quelques années, le 3ème fournisseur du Maroc. Toutefois, elle ne représente que son 18ème client. Hormis la participation des entreprises chinoises aux grands projets d'infrastructures, les investissements demeurent globalement faibles et ne portent que sur un nombre limité de domaines (télécommunications, production des lampes écologiques, pêche...). Parallèlement à l'enjeu économique, somme toute important, d'autres enjeux prennent leur importance. Il s'agit, entre autres, des enjeux sécuritaires liés aux priorités de la politique étrangère chinoise en Afrique et particulièrement au Maghreb, ainsi qu'aux intérêts stratégiques du Royaume au sein des organisations internationales pour lesquelles le soutien chinois est primordial. A vrai dire que l'évolution des relations Maroc-Chine rend nécessaire de s'interroger sur la question de l'élargissement des espaces d'intérêts communs. L'une des pistes possibles serait probablement la mise en valeur de la position du Maroc comme hub commercial et financier régional, au carrefour des marchés européen, américain, africain et arabe, qui soit attractif aux entreprises chinoises. De même, il serait judicieux d'explorer les possibilités pour les grandes entreprises marocaines de s'associer à la dynamique conquérante des entreprises chinoises sur le continent africain. C'est en tout cas l'objectif primordial de l'initiative « la Ceinture et la Route » pour toute l'Afrique.