Alors que près de 90 % du commerce mondial transite par les voies maritimes, les corridors océaniques sont devenus à la fois des artères vitales de l'économie mondiale et des zones de forte vulnérabilité sécuritaire. Piraterie, trafic de drogue, criminalité transnationale organisée : les menaces se multiplient, souvent plus vite que les réponses étatiques. Pour Erika Mouynes, ancienne ministre des Affaires étrangères du Panama, le constat est sans appel : « Si les réseaux criminels et les cartels de la drogue coopèrent davantage entre eux que les Etats, alors nous avons un problème majeur ». S'exprimant dans le cadre des discussions des Atlantic Dialogues, la diplomate panaméenne a salué le rôle du Maroc, qui a su placer la question des corridors maritimes au cœur du débat international. « Porter un sujet aussi stratégique à la table du dialogue est essentiel. Ce que nous voyons aujourd'hui, c'est un déficit criant de coopération entre pays », a-t-elle souligné. La coopération, maillon faible de la sécurité maritime Selon Erika Mouynes, la sécurité maritime ne peut plus être abordée uniquement sous l'angle national. Les routes maritimes traversent des dizaines de juridictions, ce qui exige des réponses coordonnées. « Aucun pays ne peut agir seul face à ces menaces globales », insiste-t-elle. Dans ce contexte, elle appelle à une approche pragmatique fondée sur ce qu'elle qualifie de « coalition des volontaires ». « Nous ne pourrons pas réunir tous les pays autour de la table. Mais nous pouvons commencer avec ceux qui sont prêts à agir », explique-t-elle, citant notamment le Maroc et le Panama comme exemples de pays disposés à s'engager concrètement. Pour l'ancienne cheffe de la diplomatie panaméenne, l'important n'est pas l'unanimité, mais l'impulsion. « À partir d'un noyau de pays volontaires, il est possible de bâtir progressivement une coopération plus large », affirme-t-elle. Au-delà de la sécurité, la question des corridors maritimes touche à la stabilité économique mondiale, à la souveraineté des Etats et à la crédibilité du multilatéralisme. En mettant ces enjeux au cœur des débats atlantiques, des pays comme le Maroc contribuent, selon Erika Mouynes, à rééquilibrer les priorités internationales. Dans un monde où les menaces transnationales évoluent rapidement, l'ancienne ministre panaméenne appelle à une prise de conscience collective : sans coopération effective entre Etats, ce sont les acteurs illégaux qui continueront à dicter leur loi sur les routes maritimes du monde.