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Discours du Trône: grilles de lecture par Lahcen Brouksy
Publié dans Hespress le 02 - 08 - 2019

Ecrivain, universitaire et ex cadre du ministère de l'Intérieur, Lahcen Brouksy livre pour Hespress FR une analyse politique à l'aune du discours du Trône, coincidant cette année avec le 20e anniversaire de règne de Mohammed VI. Entretien.
Quelles sortes de conclusions avez-vous tirées après avoir écouté le discours du Trône ce lundi ?
Mes livres traitent des questions soulevées par le roi, de même que ma propre expérience universitaire et dans l'Administration marocaine me pousse à déclarer certaines vérités. Ceux qui sont maintenant aux commandes préfèrent se taire parce que ça les arrange, mais cette situation n'arrange pas le Roi. Le discours de lundi soir va dans le sens de les responsabiliser en leur disant que nous sommes tous sur le même bateau. Il a ouvertement exprimé sa volonté de voir d'autres compétences. Nous avons choisi la démocratie, donc il faut marcher avec.
Certains observateurs de la scène politique ont vu dans la directive royale de créer une Commission ad hoc chargée du modèle de développement, une espèce de « retour en arrière » et une relégation du gouvernement au second rang. Partagez-vous cette idée ?
Au-delà de la faiblesse à pouvoir traiter des dossiers urgents pour les citoyens, il y a un chaînon de commandement qui n'est pas bon. Dans le fond,, c'est ce que le roi a dit. Son message : je suis un guide qui ne gouverne pas, mais les choses ne s'arrêtent pas là. Il a appelé ceux qui gouvernement à chercher des compétences, à planifier et à la démocratie. Sinon pourquoi avoir un gouvernement et un parlement si les problèmes qu'il a soulevés persistent encore ?
Donc pour répondre à la question. Ce n'est pas un retour en arrière mais un rappel, comme le prescrit une Ayat coranique que nous aimons à répéter.
Sur le plan constitutionnel. Où pourrait-on insérer le rôle et les travaux de la Commission qui verra le jour à partir de la prochaine rentrée ?
Qui peut empêcher le roi de structurer son Cabinet et de mettre cette Commission dans ce registre ? Il est clair que cette commission sera dotée d'une force royale. Maintenant il faudra lui donner une force juridique et constitutionnelle. C'est pour cela que je dis qu'il faudra qu'elle soit pluridisciplinaire, que ses membres sachent comment aborder des questions sectorielles dans leur globalité.
Si cette commission doit voir le jour, cela voudrait également dire les conseillers royaux ont failli. Maintenant en effet, il lui faut un statut juridique pour ne pas déranger la Constitution. La solution la plus judicieuse serait de les intégrer au Cabinet royal.
Le roi a également exprimé son désir de voir du sang neuf au sein des institutions et des instances politiques, y compris au sein du gouvernement. Est-il juste d'en déduire qu'un recours aux technocrates est souhaité.
C'est une sortie habile pour dire que les prochaines échéances politiques verront triompher des technocrates et non pas des hommes politiques. C'est également pour dire à la classe politique : que vous ne pouvez pas être à la fois au gouvernement en accumulant les échecs que nous connaissons et face aux électeurs pour demander leurs voix.
Deux grilles d'analyses sont à distinguer. Premièrement, la gestion quotidienne du gouvernement revient aux services du ministère de l'Intérieur et au Secrétariat général du gouvernement qui sont inamovibles. Pour les autres départements ayant des postes sensibles, rien ne leur interdit d'avoir des technocrates qui veillent sur le déroulement normal du gouvernement. Deuxièmement, j'ai vu dans le discours du roi une menace Makhzenienne. C'est l'épée de Damoclès au-dessus des têtes des partis politique en leur disant : « vous n'êtes pas indispensables ».
En tant qu'auteur de livres traitant des questions liées au Makhzen et à la modernité, et au-delà de la symbolique du 20e anniversaire d'intronisation, diriez-vous que le discours de ce lundi marque une rupture ?
Personnellement je m'attendais à l'annonce de certaines révisions constitutionnelles. Cette Commission pourra être appelée à remédier à des questions d'ordre constitutionnel.
Les élections par liste ont semé la pagaille sur la scène politique. C'est devenu les élections des copains. Il faut passer au système majoritaire parce que le marocain préfère se trouver face à face avec l'homme en qui il a confiance, pas avec une série de colistiers qui lui font le lièvre. Je suis bien informé pour vous dire que tous les partis sont d'accord pour un système d'élection majoritaire et non par liste.
Avancez-vous qu'on devrait s'attendre à un amendement du Code électoral ?
Tous les partis sont en train de rédiger leurs mémorandums pour revenir au système majoritaire. Le mode de scrutin a été changé sous le gouvernement El Youssoufi qui voulait intégrer des petits partis pour renforcer sa Koutla via la proportionnelle.
Or, ce système des listes a bousillé l'efficacité du gouvernement. El Youssoufi l'a intégré pour s'assurer la victoire dans les législatives, puis est venu un technocrate qui lui a succédé, puis un istiqlalien, puis, dans une nouvelle phase, un islamiste
La proportionnelle, c'est un système qui a multiplié les conflits internes au sein du gouvernement et a ridiculisé les partis aux yeux du peuple. Le Chef du gouvernement doit gagner avec la majorité absolue, or il n'y a actuellement aucun parti politique marocain capable de remporter à la majorité absolue les élections.
Même en y mettant du carburant, le premier parti pourrait espérer s'approcher de la majorité absolue sans jamais atteindre les 50%, et être par conséquent obligé de disputer le second tour.
Dans cette option, la majorité formée est négociée avec des partenaires. Une marge de 25 jours est ensuite donnée pour réussir sinon, c'est au roi de désigner un autre Chef du gouvernement. Ce que je viens d'expliquer représente une façon de contourner l'Article 47 de la Constitution, sauf si la Commission qui sera prochainement créée demande à réviser la Loi suprême avant les législatives de 2021.
Le discours royal a également traité de la question du Sahara pour réaffirmer l'attachement au Plan d'autonomie proposé par le Maroc, tandis que le camp opposé du Polisario ne cesse d'appeler à l'escalade…
En tant que cadre du ministère de l'Intérieur à l'époque, j'étais coordinateur lors de la Marche verte en 1975 mais je vous répondrais en tant que simple citoyen marocain. L'aventure du Polisario est terminée. Ils ont été sous la botte d'un régime militariste, actuellement en chute libre, qui a consolidé leur pouvoir. Donc, le roi n'a pas à en parler. C'est d'ailleurs une des subtilités du Makhzen.
Partant d'une analyse historique, est-ce que la signification du mot Sahraoui au cours des années 1970 est la même qu'aujourd'hui ? La réponse est non. Les équipements, les infrastructures, l'installation de réseaux de tous genres, les priorités octroyées aux gens du Sahara et les postes de responsabilité qui leur sont confiés aux niveaux central et local en sont la preuve. Et que voit-on du côté de Tindouf ? C'est la violence et la brutalité qui règnent. Le régime qui les a appuyés par la force n'a plus aucune raison d'être puisque le peuple algérien en rejette l'existence même.
La solution de régionalisation avancée que propose aujourd'hui le Maroc renvoie notamment à ma thèse de doctorat d'Etat en Aménagement du territoire en 1986, intitulée « la Grande région », alors que nous étions en plein conflit armé. Le conseiller du roi à l'époque, Ahmed Reda Guedira m'avait demandé de ne pas la publier et j'ai tenu parole. C'était la régionalisation avant l'heure, mais nous étions en guerre frontale. Aujourd'hui elle est consultable dans la bibliothèque de la faculté de droit de Rabat.


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