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LE RENOUVELLEMENT DU TIERS DE LA CHAMBRE HAUTE : Dissoudre le souk aux voix
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 07 - 2006

Les médias se font l'écho de marchandages autour du renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers. Dans ce «souk aux voix», on a vu des députés, peu confiants quant à la reconduction de leurs mandats au sein de la Chambre des représentants, démissionner pour rejoindre celle des conseillers. Le spectacle abject des goinfreries où l'on négocie, sans vergogne aucune, le déshonneur des élus locaux, révèle une moralité toujours souillée. Le destin, les desseins, les aspirations, les idéaux, le devenir et la santé institutionnelle du Royaume semblent compter pour des prunes au regard de ces voyous de la chose publique. L'Etat sévira-t-il efficacement ?
Coup sur coup, nous eûmes droit à une déclaration solennelle de Chakib Benmoussa, le ministre en charge des élections et à une cascade d'interviews de Mohamed Bouzoubaâ, le procureur en chef. Pour le premier, les conditions de déroulement du scrutin réservé aux grands électeurs doivent emprunter la voie de la légalité. «Lapalissade», diront les mauvaises langues. Mais le ministre prendra le risque de mettre la capacité de ses services dans la balance. « Ces élections seront un fort indicateur de la détermination et du sérieux des pouvoirs publics (…) et de leur capacité à assurer une bonne gestion des élections », dit-il. Mohamed Bouzoubaâ va plus loin. Il met en cause les fondements mêmes (attributions, mode d'élection, efficience…etc.) de l'Institution. « Le système de la Chambre des conseillers doit être reconsidéré de fond en comble, à commencer par le mode d'élection de ses membres, le nombre de ces derniers (275) qui doit être revu à la baisse, autant que la durée de leur mandat (9ans), sans oublier que les attributions de la première et la deuxième chambres sont presque identiques », a-t-il déclaré à un confrère. Même le type de représentativité est mis en cause par le ministre de la justice qui affirme que « la représentation de certains secteurs devrait se faire dans le cadre du Conseil économique et social ».
Sans jouer aux Cassandre, a-t-on le droit de s'autoriser quelque confiance en ces professions de foi si nobles ? « Trop de serpents nous ont mordus pour que nous prenions le risque de prendre la corde qui nous est tendue », me dit un militant de la mouvance Taliâ. Néanmoins, l'ensemble des services de l'Etat en charge du respect des lois a été prié de s'armer de vigilance face aux mœurs nauséabondes qui continuent à altérer la régularité des élections dans ce pays. Nous prenons donc date. Mais l'Etat a-t-il les moyens de sa croisade éthique, à supposer qu'il ait la franche intention de s'investir sincèrement dans ce combat ?
La question de la régularité des élections est posée au Maroc depuis l'aube de la décennie 70 du siècle dernier. Bizarrement, les élections de 1963 semblent avoir échappé au doute récurrent qui continue à entacher les différentes échéances électorales. Le premier gouvernement Youssoufi promit de débarrasser définitivement le pays des tripatouillages et de l'aliénation pécuniaire des urnes. Son second gouvernement fit des déclarations d'intentions tellement tonitruantes que nous étions nombreux à marquer notre disposition à accompagner le travestissement de la volonté populaire à sa dernière demeure. Quoi qu'on en dise, les élections de 2002-2003 n'ont point été mises à l'abri de la « luxure électorale ». Des flots de millions de dirhams ont circulé entre les poches et la moissonneuse-batteuse judiciaire n'a dégagé que peu de grains délictuels à moudre. L'impunité s'est trouvée les alibis de manque de preuves solides, de carence en textes normatifs ou, tout simplement, d'indigence de moyens matériels et techniques. Trop de mandats furent infirmées par l'Instance constitutionnelle suprême. En 2006, les prémices de la délinquance politique se sont présentées assez tôt à la curiosité publique. Sinon comment interpréter la démission d'un certain nombre de députés sinon comme une volonté frontale de s'en aller maquer les grands électeurs pour s'assurer une longévité parlementaire, Dieu sait pour quelles douteuses raisons. Ah, le culot ! Oser contourner le suffrage -bien universel, celui-là- pour retrouver le Parlement par les bonnes grâces des grands électeurs. La peur d'affronter les remontrances des simples citoyens déçus a fait son effet. Quelques dizaines d'élus à acheter, et le tour est joué ! La loi ne peut condamner la démission d'un élu de quelque niveau qu'il puisse être. Mais la morale si. Quid -sinon- de la confiance des millions de nos concitoyens qui ont mis l'essentiel de leurs espoirs entre les mains du représentant démissionnaire ? Une dérobade ? Non, « un acte lâche », assène un ancien confrère devenu homme politique.
En réalité, les professions de foi et les déclarations de principe sont devenues désuètes, parce que dépassées. Pour la majorité de nos compatriotes, la politique est une sphère peuplée d'individus peu recommandables. Les taux de participation dégringolent d'échéance en échéance, même avec le starter de la baisse des âges légaux d'élection et d'éligibilité. Seront-ils 15, 20, 30% à braver la méfiance pour accomplir leur devoir électoral en 2007 ? En tous cas, pour l'élection des conseillers début septembre, le plein de voix sera sans doute assuré. «Motivation» sonnante et trébuchante oblige !
Alors, comment en terminer concrètement avec ces comportements antipatriotiques et franchement dégueulasses ? Pour le PSUiste Mohamed Hafid, « les moyens judiciaires ne manquent guère. Pourquoi ne pas mobiliser les moyens de l'administration et de la justice pour traquer la traçabilité des fonds, le transfert des avoirs des élus et des grands électeurs ? Un Etat de droit digne de ce nom doit-il s'embarrasser de considérations procédurales pour se priver des moyens nécessaires à un véritable “nettoyage éthique” des rendez-vous électoraux de la nation ? », s'interrogea-t-il. « Y compris par le biais des écoutes téléphoniques ? », lui demandai-je. « Bien sûr », me répondit-il.
Car, ce qui afflige réellement les citoyens que nous sommes, c'est le fait précisément que nous ne savons rien des méthodes et des modus operandi mis en branle dans la traque des « barbouzeries électorales » - « barbouzeries » pour la séquestration des élus locaux entre la date et l'heure de l'achat de la voix et celles de son expression dans l'urne. Existe-t-il même une volonté ferme en ce sens ? Certes, Mohyeddine Amzazi, le brillant wali, directeur des affaires intérieures au ministère du même nom, a promis des mesures concrètes en la matière. Certes encore, la réunion annuelle des walis et des gouverneurs du Royaume semble avoir été le lieu où l'on a abondamment abordé la question. Mais la rue attend des signes forts, des flagrants délits, des plaintes contre X, des exemples. Il y va de la crédibilité de notre choix démocratique et modernitaire. Il pourrait même en aller de notre sécurité collective. Car, les loups aux poils touffus guettent le Mechoir, ministère des affaires islamiques et primature en premier. Par ailleurs, l'issue définitive du remorquage du pays à l'Europe communautaire se jouera dans les toutes prochaines élections, à commencer par celle de la première semaine de septembre. Croulant sous ses généreuses promesses à l'égard des nations du sud méditerranéen, l'Union européenne cherche n'importe quel prétexte pour s'en soustraire. Le déroulement des élections en constitue la meilleure aubaine.
Là aussi, l'armée des moqaddems et des chioukhs doit justifier son existence en prouvant son utilité. Les Directions des affaires dites générales (DAG) disposent de corps d'agents particulièrement perspicaces et viscéralement fouineurs. Ces « valets de chambre » de l'administration territoriale ont prouvé leur capacité d'accoucher de l'impossible, fût-il des plus innommables. L'Etat ne peut se passer d'un outil aussi efficace. Il suffit de demander à nos moqaddems, chioukhs et autres caïds de faire le contraire de ce qu'on leur avait demandé d'accomplir durant les décennies passées!
Au lieu de se focaliser sur l'activité - devenue des plus banales depuis quelques années - des partis, des syndicats et des associations, les Renseignements généraux, la Direction de la sécurité du territoire, les services spécialisés de la gendarmerie royale seraient bien inspirées de coopérer avec les DAG pour juguler la corruption électorale sous toutes ses formes. C'est à l'aune d'actions vigoureuses, ciblées, adroites et exemplaires que nos concitoyens jugeront de la validité des prochains rendez-vous électoraux.
Mais le généreux sein de l'argent sale semble toujours prompt à abreuver les ennemis de la morale politique. Des connexions hybrides entre le monde politique et les milieux mafieux ont été consignées par une foultitude d'enquêtes journalistiques et judiciaires. L'argent de la drogue et de la contrebande a bel et bien investi le champ électoral. Il y a été aidé jadis par un corps préfectoral vicié et des ambitions politiques rocailleuses. Certes, l'Italie des années 30 vit ses institutions élues conquises par la mafia sicilienne, qui deviendra aux USA des années 60 cette cosa nostra dont l'influence au sein de l'architecture politique américaine était criarde. Certes, le SAC fut capable de mettre main basse sur une partie appréciable de l'UDR gaulliste. Mais le Maroc de ce début de siècle ne peut se permettre le luxe de jouer ses aspirations démocratiques à la table des trafiquants de drogue et des contrebandiers. Des fauteurs de chèques en bois aussi. D'autant que le paysage partisan s'y prête à merveille. Les «escrocs des urnes» ont le choix entre une soixantaine de partis politiques pour corrompre en rond. Même si elles sont saluées quasi-unanimement par la classe politique, les nouvelles dispositions relatives aux partis politiques et à la loi électorale ne peuvent, selon beaucoup de nos interlocuteurs, suffire à assécher les mœurs ambiantes.
En somme, les Marocains ne demandent pas plus qu'une approche fortement coercitive où la loi doit prévaloir sur toutes les autres considérations, sécuritaires comprises. Et pour commencer, dissoudre le «souk de voix» qui se tient sous nos yeux depuis quelques semaines. Tout le reste relève de la démago la plus élémentaire !


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