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QUI SONT-ILS ? QUE VEULENT-ILS ? A QUOI JOUENT-ILS ?
Publié dans La Gazette du Maroc le 16 - 10 - 2006

Les forces qui s'acharnent contre le processus de mutation démocratique et qui entravent le flux de la modernité parmi nous ne sont pas prêts de déposer les armes. Elles défendront leurs vils intérêts par tous les moyens. Grâce au volontarisme soutenu du Roi, elles se révèlent à nous sous leurs aspects les plus abjects. Même les procédures judiciaires peinent à neutraliser les plus voraces d'entre eux. Les mauvaises habitudes se sont tellement ancrées dans les interstices de nos institutions que des alliances hybrides ont pu mettre sur le même front mafieux, politiques pourris, hauts fonctionnaires véreux et pseudo-démocrates en soutanes de justiciers. La fragilité engendrée par la dureté du quotidien, les tares endémiques de l'administration, les dysfonctionnements de la justice et la faillite morale de dizaines de nos élus concourent au ralentissement du flux démocratique. Le combat pour la démocratie et la modernité sera extrêmement dur, voire périlleux. Il n'en est qu'à ses débuts. La population le ressent à sa manière et l'exprime avec ses propres mots. Focus.
Dans son discours d'ouverture de la session d'automne du Parlement, le Roi, rappelant Lui-même qu'il était le «dépositaires des garanties démocratiques», n'a pas hésité à pointer le népotisme et l'utilisation de l'argent dans l'achat des voix. Le Souverain a également rappelé aux élus et à leurs partis la noble mission qui incombe aux politiques : encadrer la population et exercer la responsabilité de forces de proposition au lieu de courir derrière les honneurs et les maroquins.
Or, certains de ceux-là mêmes dont la vocation est d'animer la démocratie aux niveaux local et formel apparaissent aujourd'hui comme les pires ennemis de cette dernière. Président du conseil municipal et parlementaire d'une ville située à moins de cent kilomètres de Marrakech, Haj M. a bâti sa fortune dans le transport et le trafic de stupéfiants. Il a affûté son savoir faire dans la contrebande des alcools. Pour cet ignare qui a rompu sa scolarité avant le CE1, tout se vend et tout s'achète : les autorisations de démolir, les permis de construire, les mandats électoraux et les passe-droits. En quelques années, il a transformé sa ville en une horreur digne d'une contrée afghane de l'après 11 septembre : constructions anarchiques, tentes dignes de réfugiés darfouriens dressées au beau milieu de la route, administration communale anarchique…etc. Les deux mandats cumulés par notre ogre échappent à l'intérêt général pour ne servir que le sien propre. D'ailleurs, ses administrés ne le désignent que par le sobriquet de «Haj Ricard» en référence à son passé de contrebandier. A l'abri du besoin et de la loi, il siège à la Chambre de conseillers où il s'est illustré par son aphonie chronique. «Ces gens ne parlent pas, ne revendiquent rien, ne font pas de vagues. Ils brandissent leurs portefeuilles à la manière des bandits pointant leurs magnums. Ils corrompent, avilissent et travestissent tous azimuts. Leurs GSM puent la duplicité, la voracité. Ils ont «acheté la route» des sales business depuis belle lurette. Les autorités administratives et judiciaires mangent dans leurs mains», assure l'un des membres du conseil municipal. Balivernes, les normes. Conneries, les lois. Foutaise, la démocratie.
Ni Dieu, ni la Patrie ni le Roi
«Haj Ricard» n'est malheureusement pas l'exception qui confirmerait la règle. Il fait partie d'une grosse minorité de «sales gosses» de l' «élite politique». Ces enfants légitimes de l'ère des errements électoralistes ne respectent ni leurs compatriotes, ni la Constitution, ni la justice, ni l'administration, ni l'armée, ni même le Roi. Encore moins la Patrie. Quant à Dieu, il a été «limogé» depuis longtemps de leur faisceau de repères. «Je me torche le cul avec vos journaux», nous dira le premier adjoint du maire de l'une des plus grandes villes du Royaume devant un parterre d'élus rigolards, ravis de son insolence. Pour lui, «la chasse aux élus corrupteurs est une hérésie» parce qu'elle serait à l'encontre de nos traditions et notre…authenticité. Délinquant et fier de l'être ! Hicham T. est ingénieur informaticien. Il décide de s'installer au Maroc après avoir vécu sa prime enfance et sa jeunesse en Belgique. Il a du affronter toutes sortes d'entraves à son projet de «supermarché de l'informatique». Lorsqu'il a fini par y arriver, il dut fermer aussitôt : quatre vols en un mois, quatre plaintes sans suite. Insulté par le moqaddem, humilié par le caïd, il eut droit aux plaintes «spontanées» du voisinage et même des clients. Son tort était celui d'avoir juré de ne jamais «graisser la patte» à quiconque. Il a été puni pour son entêtement. Au-delà de son cas, c'est le futur du pays qui lui semble largement compromis par les responsables corrompus : «Nous sommes arrivés à un point où les défenses immunitaires de l'Etat sont au bord de l'écroulement. Acheter la complicité d'un fonctionnaire n'est plus qu'une formalité somme toute banale. Les passe-droits se traitent au vu et au su de tout le monde. Comment mettre à mort le virus de la corruption ? Faut-il se séparer des trois quarts de nos fonctionnaires ? Faut-il supprimer l'immunité parlementaire de la constitution ? Faut-il mettre un policier derrière chaque policier, un gendarme derrière chaque gendarme, un juge derrière chaque juge, un caïd derrière chaque caïd ? Je ne sais pas ce qu'il y a lieu de faire, mais il est temps de sévir. Le «petit peuple» n'en peux plus».
Atmosphère immorale
Ces anti(com)patriotes égoïstes voient en la démocratie la fin de leur maléfique gloire. Le plaisir malsain de pourrir la vie de leurs compatriotes leur est aussi nécessaire que l'air et l'eau. Le pire est qu'ils «font des petits». Ainsi, des fonctionnaires de base évoluent-ils dans cette atmosphère immorale où la vitesse d'accès aux responsabilités est proportionnelle au volume du pillage effectué pour le compte du chef. Les agents honnêtes finiront leur carrière au bas de l'échelle. «Une démocratie ne peut se construire sans une administration soucieuse du respect des lois et de leur bonne exécution. C'est bien à travers l'administration que l'égalité des droits et des chances peut émerger. Si cette dernière est viciée, la construction démocratique le sera», assure Naïma Skalli, militante de l'association Afak.
Pour avoir osé contrecarrer les visées népotiques de l'entourage de Basri, évitant ainsi de commettre les mêmes transgressions que son collègue Laâfoura, Hassan R. a été promptement relevé de ses fonctions de gouverneur. Il n'eut droit à aucune indemnité. Il dut revenir à l'enseignement universitaire pour restaurer sa dignité et élever correctement ses enfants.
Les réflexes antidémocratiques ont la vie dure. Ces réflexes ne sont pourtant pas indéracinables. La Grèce, l'Espagne, les pays émergents de l'Europe de l'Est et tant d'autres nouvelles démocraties l'ont prouvé. Mais, avons-nous suffisamment de volonté politique pour pourchasser ces réflexes ? Cadre supérieur au ministère de l'intérieur, Mohamed E. s'est vu retirer la responsabilité d'une importante division le jour où il a proposé l'organisation de séminaires sur la bonne gouvernance au profit des agents d'autorité «J'ai proposé la soumission des moqaddems, des chioukhs, des khalifas et des caïds à des séminaires périodiques et obligatoires destinés à leur formation aux pratiques de bonne gouvernance. Ces séminaires porteraient sur des sujets aussi vitaux que «les nuisances causées par l'acte corruptif», «les conséquences de la tolérance de l'habitat insalubre», «la gravité du travestissement de la volonté populaire lors des échéances électorales», «le respect des procédures», «la bonne articulation du droit administratif au quotidien»…etc. Dès que ma note a été lue par son destinataire, j'eus droit à une décision m'affectant sur une voie de garage. J'y suis toujours»
En vérité, la démocratie n'est pas la même pour tout ce beau monde. Les salafistes qui l'exècrent lui attribuent la couleur verte et la forme du croissant. Les nouveaux riches qui n'y voient que ruine s'en réclament pour pomper la mamelle jusqu'au sang, alors que les conservateurs veulent la soumettre à leur seigneurial confort. Les adversaires de la démocratie peuvent se présenter sous des aspects inattendus. Certains osent pousser le vice jusqu'à s'en réclamer pour mieux saper son plein avènement. Ainsi, des éditorialistes vedettes iront ainsi psalmodier les rengaines soixante-huitardes en cette aube du XXIème siècle sans jamais oser la moindre contextualisation.
Rattraper le retard…
«Alors que le pays doit rattraper son retard considérable aux niveaux social, culturel, économique et politique, certains «prennent leur pied» à mettre en question le choix civilisationnel du pays qu'est la «démocratie constitutionnelle, démocratique et sociale». Parce qu'ils aspirent ardemment à y figurer aux premières loges et qu'ils en sont exclus, ils fragilisent l'Etat en détériorant son image qui plus est avec le soutien de forces historiquement antimarocaines», s'indigne Mustapha Hokaïmi, artiste ayant séjourné durant plus d'un quart de siècle aux USA et en Europe. «Sinon, comment expliquer l'acharnement obsessionnel de certaines publications qui se drapent d'antimakhzénisme viscéral pour mieux contrer le réformisme volontariste royal ? «Le dernier Roi» du sieur Tuquoi ne participe-t-il pas de cette équipée frontale contre l'émergence démocratique du Royaume ? Les séropositifs du pamphlet qui ont assuré la promotion de son misérable brûlot cherchent-ils vraiment le salut modernitaire de notre peuple ? Le combat pour la démocratie a-t-il réellement besoin de ces conseilleurs jamais payeurs ?», s'interrogea-t-il. Assis à la même table, Nezha Bendaoud, enseignante, renchérit : «Qu'on critique la qualité de la micro ou de la macro gouvernance, dénonçant toutes sortes de dérives aux chapitres des droits de l'homme, les gabegies, l'incompétence, les mauvais choix socioéconomiques ou les comportements népotiques, cela est plus que jamais souhaitable. Hautement nécessaire. Quant à se transformer en porteplume des ennemis de l'émergence du Royaume à la surface du développement socioéconomique, culturel et éthique, cela s'apparente à la mauvaise foi»
Au registre antidémocratique, la palme d'or revient sûrement aux élus qui purent user de procédés crapuleux pour accéder au pouvoir législatif. Certains salopards de l'urne n'ont pas hésité à faire appel à l'argent de la drogue pour assouvir leur soif d'immunité. Parmi eux, se sont glissés des individus connus depuis belle lurette pour leur accoutumances illicites (contrebande, drogue, chèques en bois…etc.) Si l'Etat de droit en construction ne peut condamner que des actes avérés, il ne doit ménager aucun moyen humain ou technique pour les traquer jusqu'au flagrant délit. Dans son discours de vendredi, le Roi a réitéré sa ferme volonté de mobiliser les moyens de l'Etat pour appliquer la loi quant à la nécessaire moralisation de la vie politique du pays.
En réalité, la mutation démocratique du Royaume compte un nombre considérable d'ennemis venant d'horizons divers : auxiliaires et agents d'autorité corrompus, policiers et gendarmes véreux, magistrats voraces, hommes d'Etat ratés déguisés en éditorialistes vindicatifs, affairistes sans vergogne, enseignants vénaux, potentats officiant à la tête d'administrations centrales, experts assermentés peu regardants, médecins pourvoyeurs de certificats complaisants, mendiants professionnels…etc. Faut-il créer un «ministère délégué auprès du premier ministre chargé de la défense du choix démocratique et modernitaire» ? Ou alors des brigades spécialisées ? Qui garantirait alors leur immunité face aux forces du fric ?


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