L'aube s'est levée sur une ville endeuillée. Kut, cité tranquille nichée dans l'est de l'Irak, s'est transformée en théâtre d'horreur dans la nuit de mercredi à jeudi. Un incendie d'une violence rare a consumé un centre commercial flambant neuf, coûtant la vie à 61 personnes, selon le dernier bilan communiqué par le ministère irakien de l'Intérieur. La tragédie, d'une brutalité inattendue, s'est nouée en quelques instants. Le feu aurait pris naissance au premier étage, selon les premiers éléments de l'enquête. En quelques minutes, les flammes ont englouti le bâtiment de plusieurs étages, inauguré seulement cinq jours auparavant. Un symbole de modernité devenu brasier, réduit à un amas de cendres et de silence. « Le tragique incendie a coûté la vie à 61 citoyens innocents, la plupart morts asphyxiés dans des salles de bain« , a déclaré le ministère de l'Intérieur dans un communiqué glaçant. Parmi les victimes, 14 corps calcinés demeurent non identifiés, prisonniers anonymes de cette fournaise. LIRE AUSSI : Frappes israéliennes contre le QG de l'armée syrienne, Damas dénonce une « escalade dangereuse » Le feu a surpris les visiteurs au cœur de la nuit, alors que la chaleur estivale pesait encore lourd sur la ville. Nombre de victimes se sont retrouvées piégées dans les sanitaires, tentant désespérément d'échapper à la fumée mortelle. Les scènes décrites par les premiers secours sont insoutenables : cris, suffocation, murs noircis par les flammes, plafonds effondrés. Une répétition funeste Cette tragédie n'est pas un épisode isolé dans l'histoire récente de l'Irak. En septembre 2023, un incendie survenu dans une salle de mariage bondée avait fait au moins 100 morts. En juillet 2021, c'est une unité Covid d'un hôpital du sud du pays qui s'embrasait, emportant plus de 60 vies. À chaque fois, un même refrain sinistre : infrastructures fragiles, normes de sécurité inexistantes ou ignorées, et des vies fauchées dans l'indifférence administrative. Au-delà du deuil, l'Irak tout entier s'interroge : comment un bâtiment aussi récent a-t-il pu être la proie du feu en quelques minutes ? Y avait-il des issues de secours fonctionnelles ? Des extincteurs ? Un plan d'évacuation ? La population, en colère, exige des réponses. Les images du bâtiment calciné font le tour des réseaux sociaux, tandis que des familles endeuillées affluent vers les hôpitaux pour identifier les corps. La douleur est immense. Mais la colère l'est tout autant.