S'il est une erreur mortelle répercutée mécaniquement par les médias c'est le fameux rang peu reluisant qu'occupe le Royaume sur les tablettes du classement mondial IDH. D'aucuns vont même, sans distinction aucune, jusqu'à titrer «le Maroc au 123ème rang» et d'autres, entristes en diable, exploiter ce filon providentiel pour étayer leurs théories du «chaos» dans lequel s'enfoncerait notre pays. En tout cas, les réformes structurelles et sectorielles en cours ont fait avancer beaucoup les choses que le retard des statistiques de la machine onusienne n'a pas encore eu le loisir d'exploiter. Détracteurs, aigris et entristes ont été logés à la même enseigne car ignorant, hélas, que les auteurs eux-mêmes du rapport mondial sur le développement humain, et les responsables de l'organisation qui le parrainent, le PNUD, expliquent à qui veut l'entendre que «le classement IDH n'a aucune importance et que son intérêt réside dans la direction des changements à opérer et des priorités à aborder». C'est vrai que le fait que le mode de calcul de l'Indice de développement humain (IDH) soit très composite ne peut refléter l'homogénéité dans les politiques publiques des gouvernements qui s'appliquent à mettre en chantier des réformes. Aberrations et fantaisies du classement IDH Un exemple totalement absurde, pour illustrer les incohérences «grotesques» parfois, de ce classement mondial dont nombreux en ont fait leurs choux gras sans discernement ni intelligence comparative : L'Afrique du Sud, pourtant considérée unanimement comme la première puissance économique et culturelle continentale, végète dans les profondeurs du classement (121ème), surclassée tenez-vous bien par… la Guinée Equatoriale (120ème) et talonnée par.. le Maroc (123ème ). Ce qui a fait dire au représentant-résident du PNUD au Maroc : «c'est tout à fait ridicule et absurde». Avant de nous refiler, lors de la rencontre sur la présentation officielle du RMDH à Rabat le mardi 14 novembre : «d'ailleurs, nous envisageons sérieusement au PNUD de réviser cette approche en supprimant tout classement des pays pour ne conserver que la mesure des différents paramètres composant l'IDH». Et que dire du Maroc qui occupe la 123ème position alors que ces trois dernières années, le pays a explosé au plan des réformes et des grands chantiers. Et des exemples aussi déconcertants, vous en trouverez pour peu que vous fassiez l'effort de parcourir une volumineuse production alignant plus de 400 pages. Ce que beaucoup de détracteurs n'ont guère fait pour se précipiter dans leur «passe-temps favori» de tirer sur tout ce qui bouge dans notre pays en se contentant de reprendre, comme des abrutis, ce chiffre fatidique indiquant la 123ème position du Royaume. Et notamment celles que l'indice du PNUD intéresse, à savoir l'éducation et l'enseignement, la santé, l'eau et l'assainissement, la position de la femme et autres. Sachant tout bonnement que ces dernières années ont mis l'étincelle à l'émancipation de la femme marocaine avec la Moudouwana , que le champ religieux est en pleine restructuration, que le désenclavement rural s'accélère avec l'amélioration des taux de couverture en eau potable, électrification, infrastructures et réseaux routiers. Que le domaine de la santé hospitalière soit en plein chantier de modernisation et que l'accès aux soins s'élargit de façon conséquente avec l'AMO, le RAMED et la couverture médicale pour les travailleurs indépendants et les commerçants. Quant au plan éducatif, la charte COSEF a atteint son lustre de mise en œuvre et que la généralisation de l'enseignement obligatoire initial est quasi-intégralement atteint. Sans oublier naturellement le chantier de règne, l'INDH, dont le lancement vient juste d'être entamé cette année 2006 et dont les retombées bénéfiques n'apparaîtront que dans les années à venir. 20 litres par personne et par jour Toutes ces réalisations et projets, bien entendu, qui feront grimper le Royaume au classement de plusieurs dizaines de rangs ne seront prises en compte que dans les futurs rapports onusiens car le RMDH est diffusé avec un retard de deux années au moins, sur les statistiques exploitées. Et que le rapport de 2006, celui qui fait des vagues un peu partout actuellement a fourni son verdict sur le classement «faible» du Royaume pour une évaluation probablement très discutable de la situation socioéconomique fondée sur des données datant au mieux de … 2004. Une nuance de taille qui n'a même pas été signalée, pour l'objectivité des comptes-rendus d'information destinée au grand public. Pour la simple raison qu'il ne saurait y avoir pire aveugle que celui qui ne veut rien voir. Ces préalables indiqués, il faut dire que le Dr. Mourad Wahba, dirigeant résident du PNUD à Rabat, en est bien conscient en insistant sur la nécessité de faire abstraction de tout classement, a fortiori discutable, pour se focaliser sur les points forts et les points faibles à améliorer dans chacune des rubriques intéressant le développement humain. En n'oubliant pas de mettre le doigt sur le constat qu'il «existe un problème politique dans la distribution des ressources» eu que ce qui manque le plus dans plusieurs des occurrences des PVD, c'est l'absence de volonté politique de mettre en place des plans d'action IDH. En recommandant aux gouvernements ciblés de s'inspirer de l'exemple du Maroc qui a lancé une initiative nationale entièrement dédiée au développement humain. Sans compter que notre pays ne cesse, par ailleurs, d'accroître les affectations en ressources de ses budgets publics dont plus de la moitié sont consacrés à la promotion des secteurs sociaux, notamment l'éducation et la santé en tête des priorités. Exactement comme le veut l'IDH onusien. Sur un plan plantaire, le PNUD se fait l'ardent défenseur des objectifs du millénaire pour le développement, à savoir, la réduction entre autres, de moitié de la fracture hydrique mondiale mais aussi et surtout, il se veut l'avocat d'une nouvelle politique coordonnée à l'échelle du globe accentuant l'aide des pays riches (4 milliards de dollars) et mobilisant les investissements aptes à généraliser l'accès à l'eau pour tous ceux qui en sont privés aujourd'hui. Le slogan utilisé appelle les décideurs, acteurs et sociétés civiles de tous les pays à militer dans ce sens, pour que l'accès à l'eau potable et à l'hygiène (assainissement) soit reconnu et garanti comme un des droits humains fondamentaux et incontournables. Et ce droit humain d'accès à la ressource hydrique est mesuré par les experts internationaux : il faut arriver à assurer la distribution à plus de 1,1 milliards de personnes en fracture d'eau potable et leur garantir un accès à 20 litres par personne et par jour. Tout est dit dans cette sentence et c'est aux gouvernements, aux patriotes, aux citoyens nantis et à tous les autres de s'acquitter du reste. Pour sinon éradiquer définitivement la pauvreté, du moins éloigner le plus longtemps possible le spectre des «guerres de l'eau».