Le groupe américain des études sur l'Irak a fait un diagnostic qualifié de «très dur» par George Bush. Parallèlement, les spéculations venant de tout bord ne cessent de se multiplier. Elles varient entre la prise sérieusement en compte des 79 recommandations comprises dans ce rapport et la révision des calculs, lesquels optent plus vers l'engagement que le désengagement en Irak. Dans la capitale britannique, les analystes politiques se doutent d'une réaction positive émanant du président des Etats-Unis suite au du rapport de la commission Baker/ Hamilton. Ces analystes politiques se basent sur des informations qu'ils avaient eues à la veille du déplacement du premier ministre Tony Blair à Washington, jeudi dernier. «Si Bush à été contraint de se séparer de son ministre de la Défense, et ensuite de son homme au Conseil de sécurité de l'Onu, il ne se mettra pas à genoux devant les recommandations de cette commission», soulignent ces analystes tout en indiquant que ces propos sont rapportés sur un des proches conseillers de Blair. Cela dit, la tâche de celui-ci, portant sur l'incitation de son allié américain à se retirer par étape de l'Irak, semble quasi-impossible, à moins qu'il y ait des évènements de taille qui l'obligeaient à changer d'avis. Pour l'instant, il n'est ni prêt ni convaincu de se plier à ces recommandations, estimant qu'elles visent directement son administration voire sa personne en tant que chef d'Etat des Etats-Unis d'Amérique. Constat confirmé par l'ambassadeur d'Arabie Saoudite, le prince Turki al-Fayçal, après un dîner avec des membres du Congrès américain, vendredi dernier. C'est aussi l'avis de Denis Ross, l'ancien conseiller de Bill Clinton, contacté samedi dernier par La Gazette du Maroc. Pour les milieux proches des néo-conservateurs, il n'est pas question que le président Bush accepte de nouvelles pressions qui seront exercées sur lui d'ici deux ans, date de la fin de son mandat. Et à ceux-ci de rappeler aux «spéculateurs» qu'il est encore prématuré de crier victoire sur tous les toits, surtout que le chef de la Maison-Blanche ne sera guère contraint d'appliquer toutes les recommandations du rapport Baker / Hamilton. Ces milieux passent à la contre-attaque en affirmant que l'administration républicaine fera ce qui est dans l'intérêt stratégique des Etats-Unis. Et à tous ceux qui tentent de comparer la situation actuelle à celle qui prévalait avec l'époque de Lindon Johnson, lors de la guerre du Vietnam, ils leur rappellent que les donnes sont totalement différentes; d'autant que l'Amérique de Bush, puissante plus que jamais , n'est pas celle de l'ancien président. En tout état de cause, les observateurs les plus objectifs à Washington estiment que Bush acceptera les recommandations qui l'arrangent, et négligera celles qui pourraient affaiblir son pouvoir dans l'avenir. Il insistera sans doute sur la tenue d'une conférence internationale sur l'Irak. Dans ce contexte, il a d'ores et déjà commencé à mobiliser et sensibiliser ses alliés au Moyen-Orient et ailleurs. Les initiatives prises ces derniers jours par le premier ministre turc, Taeïb Recep Erdougan viennent dans ce sens. Pour preuve, le renvoi d'ascenseur n'a pas tardé à venir. En effet, Washington a annoncé qu'elle soutiendra l'adhésion d'Ankara au sein de l'Union européenne malgré les contestations des uns et des autres. Cela dit, george Bush est déterminé à jouer toutes les cartes qui sont entre ses mains pour atténuer l'ampleur du rapport Baker/Hamilton. Néanmoins, en dépit de cette obstination de la part de Bush et de ses faucons, et la préparation d'une contre-attaque politique lui permettant de gagner du temps, certains analystes politiques tel que John Alterman, travaillant pour le compte du Centre des études stratégiques et internationales à Washington, estiment que «si Bush ne prenait pas en compte du rapport en question et, changait d'attitude, il risquait d'être isolé». D'autres, pensent que ce rapport augmentera les pressions sur Bush afin qu'il trouve une solution au problème irakien qui a perduré beaucoup plus que la 2ème guerre mondiale. Une guerre qui a coûté jusque-là, selon le rapport, plus d'un trillion de $. Un montant qui dépasse de loin le chiffre avancé par l'administration en place qui est de 350 milliards de $. La dernière carte Force est de rappeler que les évènements des derniers mois avaient participé à mieux éclaircir les contours du conflit régional et international au Moyen-Orient. En fonction de ces clarifications, les dirigeants américains aussi bien à la Maison-Blanche qu'au pentagone, ainsi que leurs alliés en Occident et au Moyen-Orient, seront contraints à faire leurs choix durant l'année prochaine. À cet égard, les observateurs à Londres, estiment que 2008 pourrait être l'année de toutes les décisions. En d'autres termes, résoudre toutes les crises de la région par les négociations ou bien l'éclatement de nouveaux conflits. De sources diplomatiques françaises, on apprend que les dirigeants de la coalition qui, à l'heure actuelle, fait face à l'axe irano - syrien, sont désormais convaincus des liens entre les différents fronts ouverts et l'élargissement des capacités des adversaires, au point qu'il comprend en son sein des forces en contradictions idéologiques. Le cas des organisations chiites et sunnites pourrait être l'exemple concret. De ce fait, la stratégie de confrontation qui sera mise en place par la coalition dirigée par les Etats-Unis prendra en considération plusieurs facteurs. Une telle orientation devra sans doute atténuer les pressions exercées sur George Bush, de la part du nouveau Congrès et Chambre de députés à majorité démocrate ; et, d'autre part, en provenance du rapport de la commission Baker/Hamilton. Parmi les points essentiels à prendre en compte, le lien étroit existant désormais entre Damas et Téhéran sur tous les fronts, territoires palestiniens, Irak et Liban, jusqu'en Afghanistan. Ce qui implique aux forces de la coalition de traiter avec ces faits comme si c'était une seule guerre qui s'étend de la Mer Méditerranée jusqu'au centre de l'Asie. Autre point qui force la main à la coalition américaine afin de changer ses calculs dans la région du Moyen-Orient, c'est que l'organisation d'Al-Qaïda ainsi que d'autres mouvements islamiques sunnites ont été désormais récupérés pour travailler directement et indirectement dans le cadre de l'axe irano-syrien. C'est pour cette raison que les services de renseignements occidentaux tentent depuis un certain temps de rassembler les preuves sur cette coopération entre des forces adverses idéologiquement, tel qu'Al-Qaïda et les factions chiites de par le monde arabe. Ce qui est certain, d'après des analystes politiques britanniques, c'est que ces forces anti-américaines combattent maintenant, côte à côte. Des rapports dans ce sens ont été donnés par les koweïtiens aux services français et britanniques. Ils expliquent tous, les attaques perpétreés ces derniers mois contre les forces britanniques à Basra, et aux frontières entre l'Irak et le Koweit, contre des hommes de la DGSE française. Il est désormais clair pour la coalition américaine, que l'axe irano-syrien agit dans le contexte d'une stratégie solide dirigée par un seul centre de décision, qu'est la République islamique d'Iran. En revanche, les pays de la coalition dirigée par les Etats-Unis, fonctionnent d'une manière disparate au sein d'une stratégie et d'une direction militaire unifiée. À cet égard, il y a lieu de dire que la dégradation de l'image des Etats-Unis dans le monde arabe ainsi que sa crédibilité, se répercutent négativement sur la solidité de la coalition. Ce qui a eu des effets directs sur les capacités de certains pays arabes qui ne pourront plus réagir fermement et explicitement aux poussées réussies de l'axe irano -syrien. Cela est fortement remarqué à travers ce qui se passe en Palestine et au Liban où les alliés de Washington et de ses alliés européens, perdent chaque jour des points. Il s'agit plus particulièrement du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et des leaders des Forces du 14 mars , actuellement au pouvoir. Ce constat a apparemment encouragé les experts de la commision Baker/Hamilton à conseiller George Bush d'impliquer la Syrie et l'Iran dans les solutions des conflits du Moyen-Orient et notamment, d'agir rapidement pour trouver une issue pour le problème israélo-arabe. C'est d'une part, et de l'autre, faire de véritables pressions sur le gouvernement irakien afin de réaliser un progrès significatif sur le plan sécuritaire et politique. Agir rapidement George Bush, qui tentera de rejeter une grande partie des 79 résolutions du rapport, se basera sur d'autres éléments qui montrent qu'il serait inutile de faire des concessions à l'axe du mal, irano-syrien et ses alliés terroristes comme Al-Qaïda, Hamas et le Hezbollah libanais. La coalition américaine essaye d'aller plus loin dans cette conception en prouvant que cet axe fait tout pour exploiter la tentative entreprise par la Russie de récupérer son rôle d'antan comme grande puissance mondiale. Ce, dans le but de renforcer leurs liens, pour, acquérir les armes traditionnelles auprès d'elle et l'inciter à prendre des positions en sa faveur au sein du Conseil de sécurité. Chose faite, à plusieurs reprises, notamment en ce qui concerne le dossier nucléaire iranien. Bush et ses alliés internes et externes ont fait savoir qu'il y a un véritable danger si on laisse plus de temps à l'axe irano-syrien, car il consolidera ses positions politiques dans la région ; d'autant plus, qu'il renforcera ses capacités militaires et élargir l'axe afin qu'il englobe d'autres pays de la région et du monde entier. Ce qui se passe dans l'arrière jardin des Etats-Unis, notamment en Amérique Latine devra inciter la coalition américaine à tirer la sonnette d'alarme et d'agir sur le terrain avant qu'il ne soit trop tard. Les observateurs à Londres, estiment que le président américain s'apprête, après la publication du rapport Baker/Hamilton, à renforcer la concertation avec les alliés, afin de mettre sur pied une stratégie unifiée qui prendra en compte la «suprématie» médiatique et morale de l'adversaire. Plus particulièrement après la guerre du Liban, la situation détériorée en Irak et les tentatives de renverser le gouvernement du premier ministre libanais, Fouad Sanioura. Ces mêmes observateurs pensent que Bush et son équipe, qui tentent actuellement d'avoir le soutien de certains hommes forts du Pentagone auraient donné ses consignes à poursuivre les préparatifs militaires en attendant d'avoir l'aval de cette institution. Bush aurait, à, plusieurs reprises, mis en garde les généraux de la coalition contre la rapidité avec laquelle Moscou livre des missiles sophistiqués anti-aérien aussi bien à l'Iran qu'à la Syrie. Ainsi, il ne faut pas trop spéculer sur les résolutions que porte le rapport de la commission Baker/Hamilton. Bush choisira ce qui lui convient et laissera le reste et aux débats. Ce qui lui permettra de terminer son mandat sans revenir sur ses «grandes» décisions, notamment en Irak. À moins que des évènements exceptionnels se produisent et le force à faire marche arrière et retirer ses troupes de l'Irak.