Désormais, les tous petits peuvent recevoir des cadeaux incarnés par un Père-Nöel bien de chez nous. Déjà présent dans l'imaginaire populaire du pays, il se prénomme « Baba Achour ». La mise en place d'un tel événement trouve son origine dans un constat. « La nouvelle génération n'a plus de références culturelles toutes les fêtes sont exportées de l'extérieur comme celle de Noël, halloween ou encore la galette des rois », estime le Pr Najima Taï Taï. Pour tenter d'y remédier, une première édition s'est tenue l'année passée à Rabat. Près de 30.000 spectateurs ont participé aux festivités. Cette année, c'est au tour de la capitale économique, Casablanca, d'accueillir le personnage haut en couleurs. En effet, afin d'intéresser les jeunes à cette institution, les organisateurs ont tenu à présenter l'idole dans « un emballage moderne ». L'association Cont'Act en partenariat avec la ville de Casablanca et la Wilaya oeuvrent pour la création « d'un pont d'entente et de contacts entre les cultures et les générations » souligne Mme Taï Taï. À son tour, la responsable culturelle du conseil de la ville, Wafâa Squalli a insisté sur le fait que l'initiative a émané de Najima Taï Taï. Cette dernière s'est présentée entre les mains le projet ficelé et a soumis la proposition à la ville. Une telle démarche s'imbrique parfaitement avec les objectifs culturels assignés à Casablanca. Elle relève notamment comme l'a souligné Mme Squalli comme «un moyen de préservation du patrimoine culturel marocain ». Cette fête, les instigateurs la veulent également celle de la femme. Elles se parent et festoient en famille vêtues avec recherche et coquetterie. Le professeur Taï Taï ne résiste pas à l'envie de décrire cette ambiance : « les femmes et les enfants mettent leurs beaux habits et le henné et toute la famille se réunit autour du couscous au « gaddid » et à la « dilaya », autour de l'«assida » avec la fameuse « hagouza »… ». La fête de Achoura dépasse ce simple cadre. C'est également une occasion religieuse qui favorise les élans de solidarité. Elle s'exprime par l'achour traduit par dîme, une entraide pluriséculaire destinée aux démunis. « À l'époque de la célébration effective de tels événements, les veuves et les orphelins ne faisaient pas la manche », explique Mme Taï Taï. Le retour à ces valeurs régénèrerait les sentiments de solidarité. Les étudiants du collège Lasalle et Art Com y ont aussi contribué. Ils ont concouru pour la meilleure tenue vestimentaire pour baba Achour. « La question qui leur a été posée est des plus simples : comment imaginez-vous le personnage en tant que jeune génération ? », explique Taï Taï. Et ce n'est pas l'imagination qui leur a fait défaut. Par ailleurs, un circuit a été élaboré de telle manière que les casablancais de tous âges puissent en profiter. Le début de l'opération est prévu pour le 3 février à 16 heures, la parade prendra le départ de la place Rachidi vers le Bd Mohammed V. Le Lendemain, sous l'intitulé « Jnane Salha », à 16 H 30, les enfants pourront passer l'après-midi au théâtre Mohammed VI. Et des visites aux orphelinats, aux hôpitaux et à un pénitencier ponctueront le circuit. Le 17 au soir sera consacrée à « Soltanat Achoura ». Une femme qui aura contribué à la construction d'une école. Bonne fête.