À l'origine, le quartier du Maârif était situé loin du centre ville. Ce qu'on appelle un quartier périphérique. Zone pauvre, il était surtout peuplé d'Italiens et d'Espagnols. Ce n'est qu'en 1917 qu'un prêtre franciscain se risquât à découvrir ce quartier, il s'agit du Père Bonaventure. En 1929, la paroisse Saint Antoine comprenait le Maârif, le Nid d'Iris, le Palmier, le Derb Ghalef et Maârif Extension. Ce qui en fait aujourd'hui l'un des centres urbains les plus en vue de la ville de Casablanca. La Gazette publie une série d'articles sur plusieurs numéros pour retracer l'histoire d'une véritable aventure urbaine. L'histoire du Maroc nous apprend que le terme «Maârif» désigne une fraction de la tribu des Mzab, originaires de la région de Ben Ahmed. Une zone rurale jadis connue pour la bravoure, le courage et l'abnégation de ses Kiads. Les Maârifs, qui ont réussi au long des décennies une belle expansion terrienne, sont arrivés dans la région qui sera plus tard connue comme Casablanca et ils y achetèrent des parcelles de terre. Le nom du quartier découle donc du fait que ces personnes possédaient des terres dans ce quartier. Les historiens de la ville de Casablanca voudraient que l'origine moderne du quartier prenne naissance dans une ferme. C'était une ferme tenue par un riche agriculteur qui avait sa maison dans la rue du Ballon d'Alsace, angle Boulevard Camille Desmoulins. Il y avait là plusieurs bâtiments, dont la Villa «Chez Deschamps» transformée plus tard en «Maison Portugaise» qui avait accès également par la Place des Halles; cette place fut toujours un terrain vague avec des chardons où les enfants allaient jouer au foot juste derrière le marché. Il existe également une villa de Maître rue de l'Atlas au numéro 11 qui date de cette époque avant le Protectorat. Ces terrains étaient traversés à l'Est le long du Bd. Jean Courtin (Ex Rte de Mazagan) par l'Oued Bouskoura. D'anciens témoignages attestent d'une vie presque de villégiature sur les bords d'un fleuve qui avait entamé sa phase phréatique. Au bord de cet oued se trouvait un four à pain primitif, unique dans son genre ainsi que le Hammam qui jouait son rôle de lieu de rassemblement des populations. L'ensemble avait des murs d'enceinte en terre battue, que l'on pouvait voir en partie, rue du Bourbonnais. 1911, année charnière Le quartier a été fondé en 1911 par trois négociants Anglais. Les terrains étaient 50 fois moins chers que ceux du centre ville. Dans la photo aérienne de 1922 nous y voyons au centre l'Eglise qui a donné corps à tout ce quartier. C'est en 1918 que se construit l'Eglise Franciscaine au style «Colonial Espagnol» comme en Californie. Le Père Bonaventure Cordonnier (mort en 1946) y a dit sa première messe le 15 Septembre 1918 (Les Franciscains ont été remplacés par les Salésiens en 1929) devant et derrière l'Eglise, entre la rue du Jura et la rue des Alpes, il n'y avait encore rien : pas de cinémas Monte Carlo, ni Mondial encore moins Familia, pas d'école en bois, non plus. Ce terrain devait être un boulevard avec des jardins au centre, et une belle perspective depuis la route de Mazagan. Mais, la spéculation a empêché la réalisation de ce projet et bien d'autres. Il y avait là quelque cent familles qui s'étaient risquées à abandonner la vieille médina de Casablanca (Ex Comptoir Portuguais repris par les Espagnols au 18ème siècle, qui obtinrent du Sultan le privilège du commerce). Cette ville naissante, qui sera plus tard, l'ancienne médina était une réelle forteresse conçue dans le pur style des cités protégées, où l'on fermait les portes au coucher du soleil... Dans la journée, les maraîchers vendaient leurs marchandises, hors murs le long de l'oued. La ville était circonscrite dans l'enceinte de l'ancienne médina, seul le cimetière de Sidi Belyout se trouvait en dehors, et le port n'existait pas encore. L'oued Bouskoura longeait les murs d'enceinte et son embouchure à la mer. La plage de Sidi Belyout se prolongeait jusqu'aux roches noires. Les premiers habitants du Maârif longeaient eux aussi l'oued et arrivaient sur les bords de plage du côté des Roches Noires. Au début du siècle, les historiens affirment que le quartier du Maârif était situé en zone dite d'insécurité (l'histoire retient cette date du 30 juillet 1907, jour du massacre des Européens à Casablanca). Les quelques Européens qui y habitaient ne possédaient qu'un lopin de terre pour planter les légumes et une baraque en bois. Aucun aspect de la vie moderne. C'étaient les prémices d'une bourgade rurale à la lisière d'une ville naissante. L'histoire d'une naissance Dans «le Maroc pour tous» de Luis Cros (Librairie Universelle Paris. 1914) nous trouvons un véritable trésor de statistiques économiques et autres du début du siècle, jusque fin 1913, pour inciter les Français à se rendre au Maroc, dont voici un extrait: «la population musulmane autochtone non assimilable (le vrai musulman ne s'embarrasse pas de nationalité, il est musulman avant tout) et son sol, sujet à l'indivision.... «Je n'impose rien, je ne propose rien, j'expose». Le Maréchal Lyautey avec le concours de grands urbanistes comme Prost et d'autres, a ordonné de tracer le plan de la ville, selon le dahir du 16 Avril 1914 (12 Joumada 11/1332) relatif aux alignements, au plan d'aménagement et d'extension des villes, qui a mis de l'ordre dans les implantations incontrôlées. Après plusieurs arrêtés municipaux et viziriels comme celui du 25 Juillet 1922 ou celui fixant le périmètre de la ville, le ler Octobre 1925, un plan général de voirie a été décidé. Et enfin l'arrêté municipal permanent de voirie et construction du 2 Janvier 1952 signé par le Pacha Si Hadj Hammad El Mokri et A. Grillet, sous Directeur Chef des Services Municipaux de Casablanca a été un des principaux déclencheurs de ce que sera la ville plus tard.