L'Union nationale des forces populaires (UNFP), l'ancêtre de l'USFP, se dit prête à «abriter» des mouvements islamistes. De plus, le parti de Feu Abdellah Ibrahim, l'ancien premier ministre, va plus loin et n'écarte pas l'idée de revoir sa position au sujet de la participation aux élections qu'il a boycottées depuis quatre décennies. Pour les beaux yeux de certains islamistes ? Pendant ce moment, le parti de l'Istiqlal réaffirme son référent islamique et renoue avec sa vulgate salafiste éclairée, sans pour autant renier ses accointances avec ses alliés de la gauche marocaine. Tentation ? Rapport. L'UNFP, cèdera-t-elle à la tentation islamiste pour se donner un tonus politique? Si l'on en croit un membre de sa direction, l'Union nationale des forces populaires, l'ancêtre de l'actuelle USFP, n'est «pas réticent à une telle éventualité». Membre du secrétariat national, la plus haute instance du parti, Abdelaghani Berrada a déclaré avoir «reçu plusieurs demandes de rejoindre ses rangs». Emanant de mouvements islamistes, dont l'identité a été jalousement tue par A. Berrada, ces demandes seront «discutées et évaluées lors du prochain congrès». Prévues pour juin prochain, ces assises auront à statuer également sur la possibilité de participer aux élections de 2007. Depuis sa création en 1959, suite à une scission au sein du Parti de l'Istiqlal, l'UNFP a toujours opté pour le boycott des opérations votatives. Son président, Feu Abdellah Brahim, l'un des pères fondateurs, à côté de Mehdi Benbarka, Abderrahman Youssoufi, Mohammed Basri dit Fqih et Abderrahim Bouabid, est resté éternellement contre toute participation, sans le préalable d'exigences constitutionnelles «trop ambitieuses». Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, et ses héritiers, apparemment tentés par l'air du temps, semblent prêts à jouer le jeu. Il va sans dire que toute révision de position entraînerait un nouveau tournant, et partant, de nouvelles tactiques d'affermissement politique. Du coup, «le parti, selon Berrada, dont les propos ont été rapportés par notre confrère «Annahar» du vendredi dernier, sera «perméable à toute demande d'intégrer ses rangs». En clair : l'UNFP ne sera pas contre des candidats islamistes pour représenter le parti. Seule condition déclarée : «Ils doivent faire preuve d'un islamisme de bon escient». Ce qui veut dire ? Rien n'est explicité à ce sujet, et les conjectures vont certainement bon train! Cependant, explique un autre membre, Mohammed Bahij, également membre de la direction, «sept petits partis, dont trois islamistes ont déjà exprimé leur volonté de rejoindre l'UNFP». L'histoire, parait-il, remonte aux années 90, du vivant de Abdellah Ibrahim. Il y a fort à parier que l'ancien Premier ministre a rechigné à suivre le mouvement, préférant ne pas emprunter le pas du Mouvement populaire constitutionnel et démocratique (MPCD) d'Abdelkrim El Khatib. Celui là même qui avait «abrité» le mouvement attawhid walislah, devenu depuis, le PJD. Un remake est-il possible avec les héritiers d'Abdellah Ibrahim qui ont, trois décennies durant, boudé le faste des urnes, lui préférant une «immaculation» politiquement puritaniste ? Une chose est sûre : la tentation islamiste gagne plusieurs franges de la classe politique, surtout celle minoritaire ou au banc du jeu politique. Cependant, elle ne prend pas toujours la même couleur, ni la même forme. Elle est, dans le cas du PI, plutôt discursive. «Al Alam», en donne une meilleure illustration. Depuis des jours, l'organe du parti se fend dans des textes où les mots phares sont : référent islamique, appartenance, identité… Un exemple parmi d'autres articles : «les contours du référent islamique dans le programme de l'Istiqlal». Il y est noté que le parti, depuis la scission de 1959, a été le seul parti au référent islamique clair et assumé». Est-ce la raison pour laquelle certains parmi les dirigeants d'Attawhid Wal Islah, notamment Abdelilah Benkirane, ont tenté, sans succès bien évidemment, de fusionner avec le parti de si Allal, avant d'aller voir du côté d'El Khatib ? Quoi qu'il en soit, le vieux parti nationaliste est l'un des remparts contre la vulgate islamiste en cours, note ce membre de la Koutla. Il est donc conscient de sa force. D'autant plus qu'il reste le garant pour entraîner une partie de l'électorat conservateur et l'emmener à voter pour la majorité. Un fait remarquable : l'Istiqlal s'est toujours trouvé à coté de son allié au sein de la Koutla, le parti socialiste, voire à côté de la gauche marocaine, depuis le bloc nationaliste du vivant de Si Allal jusqu'à l'actuel gouvernement. La preuve que le l'Istiqlal est politiquement conscient «que tout grignotage électoral islamiste se fera au détriment du parti», note ce membre du conseil national. Du coup, il se positionne au diapason de son électorat de toujours.