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Prison Centrale de Kénitra : El Hayani M'Barek, un cadavre au Sahara
Publié dans La Gazette du Maroc le 30 - 04 - 2007

Il lui a fallu traverser tout le pays. Il devait s'enrôler dans l'armée durant treize longues années. Son périple de soldat le mènera dans le Sahara. A Laâyoune, El Hayani M'Barek pose sa besace. Il fonde une famille. Juste une femme, pas d'enfants. La routine s'installe. Le soldat s'acquitte de sa tâche. Tant bien que mal. Le Sud n'est pas à son goût. Mais il s'y fait. Et pour un Soldat la compagnie d'une femme vaut de l'or. Mais tout à une fin. Un jour, un Sahraoui lui pique sa femme. L'épouse s'en va vivre avec l'autre. Le mari perd le Sud. Il décide d'en finir avec son rival. Il échafaude un plan. Et c'est sur la plage de Laâyoune qu'il assène quelques coups de hâche à son concurrent. C'était en 1995.
Peut-être aurait-il fallu intituler cette chronique «La femme du soldat» tant le personnage de l'épouse est central dans ce drame sur le sable du grand Sud.Quoi qu'il en soit, El Hayani M'Barek n'y va pas par quatre chemins. Oui, il a tué l'homme qui lui a pris sa femme. Et dans sa tête, c'est une « question d'honneur ». La femme du soldat en garnison dans le désert trouve un soupirant qui lui tourne la tête, et l'emmène au loin. Et le mari rentre chez lui, apprend l'histoire de la fuite, se tape la tête contre les murs et refuse de tourner la page. Pourtant, il sait que sa femme a bel et bien plié cette page de leur vie commune au Sahara. «Elle m'a trahi, tu te rends compte. C'était ma femme, et du jour au lendemain, elle part avec un autre et me laisse. Elle m'a poignardé dans le dos. J'ai su au moment même où j'ai compris qu'elle était partie, que je n'allais pas laisser passer cette trahison ». Inutile d'expliquer à M'Barek qu'il fallait tenter de régler cette affaire sans arriver aux extrêmes.. Rien à faire, M'Barek n'en démord pas : « Elle m'a trahi. Il fallait que quelqu'un paye dans cette histoire ».
De Qalaât Sraghna à Laâyoune, le soldat trouve une femme
El Hayani M'Barek a passé toute son enfance sous le soleil dru de Qalaât Sraghna. Né en 1962, il ne voit pas le temps passer. Très vite, il prend son paquetage, le met sur le dos, et prend la route.: «J'ai voyagé partout au Maroc. Il n'y a pas une région où je ne me suis pas posé pour quelque temps. Je ne pouvais rester à Qalaât Sraghna. Il n'y avait rien à faire, et je savais que si j'y restais, je serais devenu berger ou fellah. Mais je n'avais aucune envie de devenir comme tous les types du bled. Alors un jour, je suis parti et je ne suis jamais revenu ». Sur la route, il croise des gens, se lie d'amitié avec certains et trouve de quoi vivoter en attendant de trouver un travail fixe. C'est là que l'Armée lui tend les bras : « Je n'ai pas hésité une seconde. L'armée, c'était très bien pour moi à l'époque. Un travail, un endroit où dormir, de quoi manger, et de temps à autre, des permissions pour sortir, aller voir les filles, faire la bringue, m'amuser avant de reprendre le service ». M'Barek qui avait un peu d'instruction, travaille avec les ingénieurs de l'armée. Il les accompagnait pour la construction d'une route, un pont, des simulations, établir des contacts électriques avec d'autres villages, bref, le jeune homme découvre un autre monde et s'en accommode. «A un moment donné, même si on se sent seul, on s'y fait. Les amis de la garnison deviennent presque une famille. On se chamaille, on pique des colères, mais on sait au fond qu'on a tous intérêt à rester ensemble ». Après avoir fait plusieurs coins au sein de l'armée, il finit par atterrir au Sud, à Laâyoune : «Ce n'était pas si mal que ça. C'était nouveau, et j'aimais bien cette petite ville, très tranquille. Et comme je me suis marié, les choses allaient mieux pour moi. »
De l'insigne au matricule, le destin se poinçonne
Drôle de destin qui, une fois le calme acquis dans le foyer, un homme surgit de nulle part et tourne autour de la femme du soldat. «Tu sais, nous avions une vie tranquille. On vivait bien. Elle avait ce qu'elle voulait. Il y avait à boire et à manger, mais il faut croire qu'elle n'était pas satisfaite ». De quoi ? Pourquoi ? Silence, M'Barek ne veut pas aborder cette pente glissante des sens où il faut se remettre en question.
Non, il ne faut pas le mener sur cette voie où il risque de se poser quelques questions auxquelles il ne veut pas donner de réponses : « C'est sa faute. Je ne sais pas pourquoi elle a choisi de suivre ce type alors qu'elle était marié et avait un foyer». Personne, en dehors d'elle ne saurait répondre à cette question. «Tu sais, le pire qui puisse arriver à un homme, c'est de voir sa femme partir avec un autre. Il y a de quoi devenir fou ».
Autant dire que, M'Barek a entrouvert, cercle après cercle, les portes de l'enfer. L'homme avait déjà son insigne de soldat, mais il ne savait pas encore, que, bientôt, il aura son matricule de prisonnier. «Ce sont d'abord des voisins qui sont venus me raconter ce qui se passait dans mon dos. Pour ma part, j'avais confiance. Jusqu'au jour où on m'a tout déballé. Là, j'ai pris le temps de bien observer ma femme, et j'ai tout vu». Toujours, ces voisins qui viennent raconter ce que le mari ne voit pas. Toujours ces âmes charitables qui appuient sur le déclencheur ultime de la folie. Et là, M'Barek devient fou. «Pendant des jours et des jours, je ne dormais plus. Elle était là à mes côtés, et je savais tout. Je revoyais tout alors qu'elle dormait d'un sommeil profond. Je ne savais quoi faire, mais l'idée d'en découdre avec l'autre type prenait place dans ma tête ». Voilà donc l'homme qui se décide d'en finir avec le grand rival, celui qui a tourné la tête à sa femme. Mais comment ?
Une hâche sur le sable brûlant du Sahara
El Hayani M'Barek est un soldat. Le cœur est passé au hachoir des jours. Il en a vu de bien pires. La patience et l'endurance font partie de son jargon habituel de grand dur devant l'éternel. D'abord, il décide de suivre l'autre homme, voir où il va, qui il fréquente, bref le filer comme un bon detective qui a besoin d'amasser le plus d'informations sur l'ennemi, avant de porter l'estocade. «J'ai suivi le type et j'ai vu où il emmenait ma femme. J'ai pris quelques jours pour me concentrer sur ce qu'il fallait faire. Et un matin, je prends une hâche et je me dirige vers son domicile. Je le trouve en compagnie de ma femme.. Quand elle m'a vu, elle a pris la fuite, mais lui, je l'ai attrappé. Je ne pensais plus à ma femme, mais à ce type qui était devant moi et qui se permettait de m'insulter, de me braver et de me dire que c'était elle qui le cherchait.. Là, je lui ai porté un coup de hâche, je ne sais plus sur quelle partie du corps, mais il était encore bien debout. Il se défendait , je lui donne deux autres coups pour l'achever. Je suis resté un moment devant ce cadavre qui saignait. Je ne pensais pas une seule seconde à elle, et pire, je pensais que j'allais pouvoir expliquer le pourquoi de mon acte et m'en tirer.» El Hayani M'Barek, avait franchi tous les cercles de l'enfer, durant la période où il mijotait son plan.. Là, devant les coups de hâche, le sang et le cadavre du rival, il a fermé derrière lui le dernier cercle. «Je réfléchissais :Me fallait –il quitter la ville ? Rentrer chez moi ? Aller voir les gendarmes et leur dire ce qui s'était passé sur la plage ». Il reste sur place, tétanisé par la mort qu'il venait de donner à son rival, puis sort du local et marche. durant vingt-cinq kilomètres. Un semi-marathon pour fuir les débris de l'enfer qu'il a laissés derrière lui dans ce fourbi où sa femme avait pris l'habitude de venir étreindre son amant. Il marche et ne voit pas la distance qu'il parcourt. Une marche salutaire ou du moins apaisante puisqu'au bout du chemin, il se rend de lui-même aux gendarmes.
Du désert au couloir, en aller-simple
«Quand j'ai été voir les gendarmes, je leur ai tout dit. J'ai expliqué dans les détails ce qui s'était passé depuis le premier jour où j'ai découvert qu'elle me trompait. Ils ne m'ont pas cru. Personne ne voulait savoir que c'était pour sauver mon honneur que j'ai tué ce type, et que c'étaient eux les criminels. » Là, encore, inutile de préciser à M'Barek qu'il a beau dire, sa femme avait trouvé un amant, le rival avait trouvé une femme avec qui faire ses emplettes, et lui, aurait pu tourner la page. Rien à faire, M'Barek ne veut rien savoir : « j'ai fait ce que j'ai fait. C'était une question d'honneur. Mon Dieu, un homme et une femme vivent dans l'adultère, font ce qu'il ne faut pas faire, et moi, je suis considéré comme un vulgaire criminel. Merde, ce n'est pas possible, il doit y avoir une autre façon de voir tout ça !». Enfin, si tous les hommes cocus et toutes les femmes trompées se mettaient à se balader avec des hâches, il n'y aurait plus grand monde sur terre.Mais bon, M'Barek a sa propre logique. Il demandera des témoins, qui viennent attester de la véracité des faits. . Il tentera par tous les moyens de justifier les trois coups de hâche, mais en vain.. M'Barek est cuit et pour utiliser un jargon proche de celui des militaires, on va juste résumer en disant que les carottes sont cuites, que M'Barek est toujours en chasse patates alors que c'est déjà la fin des haricots.


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