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Patrimoine architectural du Maroc : Georges Candilis au Maroc
Publié dans La Gazette du Maroc le 04 - 06 - 2007

Georges Candilis était un des élèves de Le Corbusier. Il était aussi le père d'un des tous premiers exemples d'urbanisme concerté : le Mirail à Toulouse, un modèle du genre et un bijou architectural, qui a façonné la vision de l'espace collectif. Il a aussi marqué de son empreinte, l'architecture marocaine, surtout dans le domaine de l'habitat collectif. Son passage à Tanger a laissé des traces inoubliables, sans oublier que c'est à Candilis, que l'on doit l'hôtel de ville d'Agadir.
Georges Candilis est mort à Paris en 1995, à l'âge de quatre-vingt-deux ans.
Mardi 22 mai 2007 à Paris dans l'enceinte du Carré des Sciences, une journée d'étude a eu lieu autour du thème «Le logement et l'habitat comme objets de recherche». Cette journée d'étude avait pour objectif premier de «fédérer les jeunes chercheurs travaillant sur le logement et l'habitat et à renforcer le dialogue pluridisciplinaire» explique l'un des commissaires de la conférence. Et d'ajouter, que cela se fera «en s'interrogeant sur la manière dont chaque discipline définit, analyse et constitue la question du logement et de l'habitat comme objet d'étude». Pour cette deuxième édition, les axes d'ateliers se sont penchés sur des thématiques aussi diversifiées que riches, telles que les politiques publiques, les modes d'habiter, la conception et la production, l'appropriation et les stratégies résidentielles. Mais cette journée d'étude nous intéresse ici au Maroc, à plus d'un degré. D'abord, par l'évocation des exemples marocains dans le domaine de l'habitat, d'après les expériences de Georges Candilis et Michel Ecochard. Deux figures qui ont travaillé au Maroc et qui ont participé à l'élaboration de l'identité architecturale de villes comme Casablanca et Tanger, entre autres.
Candilis et le concept de la ville nouvelle
Georges Candilis, n'avait pas seulement été nourri par les visions d'un grand maître comme Le Corbusier. Des approches architecturales qu'il va expérimenter dans divers pays du pourtour méditerranéen, mais il a surtout été sensible aux particularités de chaque pays. Plus encore, au sein d'un même pays, il faisait très attention à garder l'authenticité de chaque région, comme ce fût le cas au Maroc, où, de Casablanca à Tanger, nous avons deux lectures différentes du travail de Georges Candilis. (Voir Candilis : un homme, un parcours) qui rêvait déjà de donner à la ville de Tanger, une dimension nouvelle, comme celle qui avait présidé à la création de la nouvelle ville Karachi ou la nouvelle ville d'Istanbul. Les particularités de tels projets résident dans le fait de structurer l'extension de la ville (l'exemple de Tanger), autour d'une nouvelle réflexion de l'espace. Il ne s'agit pas de créer des ghettos, des agglomérations éparses, qui font offices de réserves, comme cela a été le cas même en Europe, après la guerre et la frénésie des reconstructions, mais un espace ouvert où les habitants sont la pierre angulaire.
L'après-ATBAT, une expérience marocaine
Après la fin de l'ATBAT (voir page 2), Candilis et Woods s'installent en 1954 à Paris, où ils créent leur propre agence, en partenariat avec l'architecte yougoslave Alexis Josic. Ils s'associent également aux ingénieurs Paul Dony et Henri Piot. Cette association est importante, parce qu'elle va permettre au groupe de donner corps aux réalisations qui se sont avérées impossibles au Maroc des années 50, avec la résistance, la guerre d'indépendance et le climat politique très défavorable. L'agence, à peine ouverte, gagne le concours «Opération Million», dont l'objectif est de réduire des deux tiers, le coût de construction d'un appartement trois pièces, en le faisant descendre en dessous du million de francs. Ce projet devait d'abord être la base d'un travail à grande échelle au Maroc, avec ses villes de Casablanca et de Tanger, comme villes-pilote. C'est en fait, la concrétisation du travail marocain, qui verra le jour en France. Jusqu'en 1964, l'agence Candilis-Josic-Woods travaille sur des dizaines de milliers de logements, en France métropolitaine, comme dans les DOM-TOM. Ces derniers qui ont été des espaces propices pour créer du neuf, mettre en place de nouvelles structures d'habitat et surtout offrir aux populations de réelles alternatives de logements à la fois modernes et inscrits dans la culture du terroir. Entre autres réalisations remarquables, on peut citer l'extension de Bagnols-sur-Cèze entre 1956 et 1961 ou la conception du quartier du Mirail à Toulouse de 1961 à 1971. Dix ans de travail, qui ont pris corps durant les années d'études à Tanger avec l'atelier de réflexion où les grands projets du groupe sont nés. En 1969, le partenariat avec Josic et Woods est rompu. Candilis poursuit alors seul son activité, en tant qu'architecte et urbaniste. Il travaille sur l'aménagement de sites touristiques en Europe, ainsi que sur plusieurs projets de logements et d'écoles au Moyen-Orient. Des écoles dont il a largement exploité les acquis de son séjour marocain, sa collaboration avec Le Corbusier et Woods, entre autres.
Candilis :
un homme, un parcours
Le Corbusier, Candilis, Bodiansky, Wogenscky, Py, Woods et Piot fondent l'expérience de l'école de Tanger dans les années 50 qui se terminera à Casablanca en 1954. Georges Candilis est mort à Paris en 1995, à l'âge de quatre-vingt-deux ans.
Georges Candilis est né à Bakou le 29 mars 1913. Il est mort à Paris, le 10 mai 1995.Il est considéré comme l'un des plus grands architectes et urbanistes grec du XX ème siècle. Ses débuts dans le domaine de l'architecture, à son admission à l'école polytechnique d'Athènes de 1931 à 1936. Cinq ans pour apprendre et surtout se préparer à une grande rencontre. C'est là qu'il rencontre Le Corbusier durant ses études, alors qu'il assiste au quatrième CIAM qui se tient à Athènes en 1933. À la fois révélation et confirmation de ses objectifs, cette rencontre aura un impact décisif sur la suite de la carrière du jeune architecte. Une amitié est née et l'échange entre les deux hommes aboutit à une collaboration dans le travail. C'est ainsi qu'en 1943, Le Corbusier lui confie la direction de l'ASCORAL (Assemblée de Constructeurs pour une Rénovation Architecturale). Déjà une distinction en soi qui en dit long sur le respect et l'estime du grand maître pour son élève. Suite logique, Candilis devait partir pour la France pour y rejoindre son mentor. Il s'y installe en 1945 et y rejoint l'atelier de Le Corbusier. C'est là l'amorce de grandes années de travail de groupes, où il devient l'un de ses principaux collaborateurs de Le Corbusier, pour de très grands projets urbanistiques en France et ailleurs. C'est là qu'il se voit chargé de la responsabilité de la programmation du chantier de l'Unité d'habitation de Marseille jusqu'en 1952.
La parenthèse de Tanger
Les années 50 sont cruciales pour la suite du parcours de Candilis. Il se rend à Tanger au début des années 1950, où il rejoint l'antenne africaine de l'ATBAT (Atelier des Batisseurs) fondé par Le Corbusier, Vladimir Bodiansky, André Wogenscky et Marcel Py en 1947, dans le cadre de la construction de l'Unité d'habitation de Marseille. Une immense structure qui vient mettre en place les prémices des grands chamboulements dans les styles architecturaux en Afrique et dans ce que l'on peut nommer les villes naissantes. L'Américain, Shadrach Woods, l'ingénieur Henri Piot et Candilis, dirigent cette structure, conçue à mi-chemin entre centre de recherche et lieu de travail interdisciplinaire, où collaborent architectes, ingénieurs et techniciens. Nous sommes là, devant la combinaison parfaite, pour créer de l'avant-garde, une réelle movida urbanistique. Le Corbusier, Candilis, Bodiansky, Wogenscky, Py, Woods et Piot : grands architectes, sensibilités diverses, visions atypiques, travail de groupe pour accoucher de quelques conceptions des plus novatrices du XX ème siècle, dont le Maroc va bénéficier directement et indirectement.
Il faut souligner qu'il était regrettable de voir cette grande première de Tanger vite avortée par des contingences extérieures. Un climat politique local très tendu souffle sur le grand chantier de l'atelier tangérois, fermé en 1952. Cette déception née de l'échec d'un mouvement unique en son genre, conduit Candilis et Woods, à devenir les directeurs du siège situé à Casablanca jusqu'en 1954, moment de l'arrêt définitif des activités africaines de l'ATBAT. Et là, c'est une grande page de l'histoire de l'architecture mondiale ( se déroulant au Maroc entre Tanger et Casablanca) qui est définitivement tournée.
Membre fondateur du collectif «Team 10» en 1953, Candilis apporte comme contribution principale, son idée de «l'habitat du plus grand nombre». Cette idée lui est venue de Michel Ecochard, l'autre grande figure de l'urbanisme au Maroc. C'est avec lui d'ailleurs que Woods, l'Américain et Candilis, le Grec, ont présenté en 1953 leurs travaux marocains lors du neuvième CIAM. Une édition marquante à plus d'un titre, pour l'importance qu'elle a apportée dans le domaine de l'habitat de groupe et sa relation avec le concept général de la ville nouvelle. Ces travaux, ainsi que ceux effectués dans le cadre des projets de l'ATBAT, ont été suivis avec attention et ont reçu des critiques élogieuses de la part de plusieurs grands noms de l'architecture moderne dans le monde, des Etats-Unis d'Amérique à l'Extrême Orient, avec l'exemple pakistanais qui ressemble de très près à celui de Tanger et de Casablanca. C'est suite à ces grands travaux, que vers la fin des années 1950, Candilis développe avec Woods «l'idée d'un habitat évolutif, intégrant la problématique de la croissance et du changement à l'échelle de la maison individuelle» comme le souligne l'un des intervenants de la conférence de Paris, le 22 mai 2007. C'est aussi au sein de la «Team 10», que Candilis constitue un lien de continuité entre le CIAM, où il s'est investi de longue date. Sa détermination pousse Le Corbusier à en faire partie pour fructifier les efforts consentis par tant de grandes sensibilités.


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