À l'initiative de l'association Bouregreg et l'association des lauréats de l'institut national des sciences de l'archéologie, un atelier de relevé architectural des portes de la médina de Salé, vient jeter la lumière sur l'urgence de réhabiliter l'héritage séculaire dont jouit l'une des villes les plus atypiques du pays. Salé possède un bon nombre de portes qui doivent aujourd'hui faire l'objet d'un véritable travail de restauration. Pour toucher du doigt l'importance des portes de la ville de Salé, il faut revenir aux ouvrages qui en ont fait l'écho. Il faut relire ou se référer aux travaux réalisés par des géographes et des voyageurs, dont l'Abrégé de l'Histoire générale des voyages de Jean-François de La Harpe et Jean Baptiste Benoît Eyriès l'Histoire de la Catalogne au-delà et en deçà des Pyrénées de Jean Claude Morera; Chronique de la trahison et mort de Richart Deux Roy Dengleterre de Benjamin Williams ; Nouvelle géographie universelle la terre et les hommes de Elisée; la Revue hispanique recueil consacré à l'étude des langues, des littératures et de l'histoire de Hispanic Society of America; le Journal des savants de l'Académie des inscriptions & belles-lettres, l'Institut de France; Bibliothèque des croisades de Joseph Toussaint Reinaud; l'Histoire des républiques italiennes du moyen âge; les Publications de English Historical Society la Bibliothèque de l'Ecole des chartes de Société de l'Ecole des chartes en France et d'autres livres de grande valeur archéologique et anthropologique, qui se sont penchés sur l'étude de la ville de Salé et de ses fameuses portes. L'histoire des hommes dépasse de loin les faits et les chroniques, pourtant dans le cas de la ville de Salé, hommes et construction vont de pair. Ville de corsaires, ville de guerre, bastion notoire de refus et de repli, Salé a été conçue comme une forteresse avec plusieurs points d'entrée et de sortie. Et dans les pages des ouvrages cités plus haut, le lecteur peut voir à quel point les portes ont joué un rôle dans l'écriture de l'histoire de Salé. Portes monumentales ou portes des vieilles demeures, où le bois était prisé (le thuya), qui font le cachet de la ville. Une ville qui a su préserver une part non-négligeable de son patrimoine, mais aujourd'hui, l'initiative de l'association Bouregreg et de l'institut national des Sciences de l'Archéologie, vient concrétiser un malaise profond. Les portes en question ne sont pas en bon état, et il y a un travail à entreprendre d'urgence. Selon les conclusions des deux associations : «les parties ouvrantes en thuya des portes des maisons traditionnelles, sont en train de disparaître, remplacées le plus souvent par de banales portes en fer». Et quand on se balade dans les ruelles de la ville, on peut constater l'ampleur des dégâts occasionnés par l'insouciance des habitants ou le manque de vigilance des autorités de la ville, qui doivent travailler de concert avec les populations, pour préserver ces acquis, qui sont aujourd'hui fortement endommagés. Et c'est dans cette optique que les deux associations ont prévu, dans un premier temps, d'élaborer « un catalogue scientifique de ces portes, devant servir de référentiel, de mémoire et d'outil incontournable de toute action sérieuse de réhabilitation de la médina». Et ensuite, il faut « sensibiliser de larges publics à la préservation de ce pan du patrimoine, en déclinant ce travail scientifique par l'organisation d'une exposition itinérante, notamment, auprès des écoles de l'agglomération, ainsi que par la diffusion de posters, de calendriers, de cartes postales…» pour faire connaître les richesse de la ville de Salé. C'est là une grande initiative qui vient marquer le travail déjà réalisé dans d'autres villes comme Safi.