Cette réunion du mardi 20 novembre diligentée par le ministre de l'Intérieur qui a convoqué tous les Walis et Gouverneurs du Royaume, restera gravée dans les annales de l'histoire de l'administration territoriale qui voit toutes ses troupes au branle-bas de combat contre le terrorisme. Le ton grave, la prononciation articulée, l'air très sérieux, le ministre de l'Intérieur, entouré de son staff dont le nouveau Secrétaire d'Etat à l'Intérieur Saâd Hassar, a mis beaucoup de rigueur et de conviction à présenter à ses collaborateurs territoriaux la nouvelle stratégie offensive de son département fondée sur un diagnostic qui n'a rien laissé au hasard des erreurs de casting qui avaient affecté la gouvernance locale par le passé. D'aucuns ont, aussi, prêté au ministre reconduit dans le nouveau gouvernement d'Abbas El Fassi, de préparer le terrain à un vaste mouvement de mutations des Walis et Gouverneurs qui devrait intervenir prochainement sous la haute férule Royale. Une occasion propice à l'émergence d'une nouvelle fournée de hauts cadres de l'administration régionale, préfectorale et provinciale, aptes d'apporter du sang neuf pour secouer le cocotier et moderniser les méthodes de gestion qui demeurent encore, dans nombre de provinces du Royaume, encore marquées du sceau de l'ancienne ère. Et sur ce plan, les impératifs de changement de tête, longtemps travaillés dans les « coulisses », consistent à opérer les choix les plus appropriés parmi les profils pointus de Walis satisfaisant de la double exigence de gestion sécuritaire et moderniste, notamment sous leurs angles de développement économique et social local et de maîtrise d'ouvrage social dans la mise en œuvre des projets INDH. Vaste programme pour les chefs de l'administration territoriale que de résorber les déséquilibres régionaux, désenclaver le monde rural, lutter contre la pauvreté, combattre la corruption, réduire les inégalités sociales, accélérer les chantiers d'infrastructures, traquer l'habitat insalubre et les bidonvilles, structurer les commerces informels, booster les investissements et la création d'entreprises dans leur territoire de compétence…Bref, nos Walis et Gouverneurs ont la redoutable mission d'assainir, de structurer, de développer, de sécuriser et d'encourager toutes les compétences locales, opérateurs économiques et société civile et associative, autant de chantiers en mesure de rétablir la confiance entre l'administration et ses administrés et de réconcilier définitivement le citoyen avec l'Etat. La réunion coiffée par Chakib Benmoussa a été l'occasion de faire le point, région par région, préfecture par préfecture et province par province, pour une évaluation sur l'état de sécurisation du pays plus de quatre mois après le déclenchement de l'alerte rouge anti-terroriste décrétée le 6 juillet dernier. Attentats contre des cibles militaires Et tous les détails des mesures mises en œuvre pour contrecarrer la barbarie extrémiste ont été passés en revue en dépit du fait que le niveau d'alerte a été réduit d'un cran. Mais selon des sources proches des protagonistes, des recommandations insistantes ont été prodiguées aux Walis et Gouverneurs pour que toutes les précautions soient poursuivies dans un climat de vigilance soutenu afin de faire face aux nouvelles menaces qui se dessinent après que les réseaux terroristes dans la région du Maghreb aient été renforcés par l'arrivée de nouveaux groupes. Comme en témoignent les dernières arrestations par les forces de sécurité de terroristes et de kamikazes, notamment dans la région de l'Oriental, qui tentaient de s'infiltrer au Maroc par les frontières algériennes. Les ordres de haute vigilance sont plus sévères à l'adresse des responsables territoriaux dans les zones frontalières à proximité de la république voisine où l'ex-GSPC algérien, transformé en appendice de la nébuleuse de Ben Laden dans la région sous sa nouvelle dénomination d'Al Qaïda fi Al Maghrib Al Islami, ne dissimule plus ses plans belliqueux pour commettre leurs forfaits criminels en territoire marocain. Ces menaces sont sérieuses d'autant plus que les services de renseignement, en collaboration étroite avec leurs homologues espagnols et français, font état de dangers permanents d'Al Qaïda ciblant le Royaume. Ces appréhensions sont d'autant plus pressenties que la DGED a tenu, lundi dernier en son siège à Rabat sous la direction de Mohamed Yassine Mansouri, une réunion au plus niveau à laquelle furent convoqués, en urgence, des officiers supérieurs des FAR, de la Gendarmerie Royale et des services de Renseignements. L'alerte est grave puisque des rapports des services secrets, notamment américains, français et espagnols, ont confirmé les plans criminels d'Al Qaïda fi Al Maghrib Al Islami visant des cibles militaires au Maroc et en Algérie dans le dessein de déstabiliser le fragile équilibre aux frontières entre les deux pays. Coup dur pour l'ex-GSPC algérien Des terroristes notoires hors d'état de nuire Des sources concordantes ont annoncé dernièrement la prise dans les filets des agents de sécurité de terroristes notoires actifs dans les cellules de l'ex-GSPC devenu depuis l'été dernier Al Qaïda fi Al Maghrib Al Islami. Il s'agit de Bouderbala Fateh, alias Abdelfatah Abou Bassir, émir de la seriat d'Alger au sein du réseau terroriste arrêté cette semaine. Ainsi est mis fin à un véritable «maquisard» qui écumait les terreaux de la violence barbare et qui sévissait depuis 14 ans. Selon la même source, l'émir Bouderbala Fateh était accompagné de deux de ses complices, les nommés Mohamed K. et Farès K. Cette arrestation est décisive puisque cette grosse prise était de ces « cadres » du GSPC qui ne rendaient compte qu'à l'émir national d'Al Qaïda dans la région maghrébine, le dénommé Abdelwadoud, dont il bénéficiait de tous les privilèges et sollicitudes. Ce coup de maître s'est soldé par la découverte d'un véritable arsenal d'armes de guerre confisquées dans leur refuge où les limiers de la sécurité algérienne ont découvert plus de 800 kg de matières explosives prêtes à l'emploi, trois bombes opérationnelles, un lance-roquettes Low, deux cartables bourrés d'explosifs, ainsi qu'une vingtaine de détonateurs. Ces révélations ont été extorquées des propres aveux des terroristes qui envisageaient de commettre des actions spectaculaires durant le dernier Ramadan. Après la neutralisation de l'émir fondateur du GSPC, Hassan Hattab, les réseaux dormants algériens subissent des coups durs qui affaiblissent les forces de la barbarie aveugle, depuis une dizaine d'années maintenant. Ses principaux chefs ont été successivement mis hors d'état de nuire, à l'instar des Sayoud Samir, alias Mossaâb, Sid-A1i Rachid, alias Ali Dix, Harek Zoheir, alias Sofiane El Fassifa et Hamzaoui Abdellhamid, alias Abou Tourab, et depuis mercredi dernier, Saâdaoui Abdelhamid, le trésorier du Gspc qui a été abattu par l'armée