Le doublement des effectifs des élèves-pilotes de la compagnie nationale de transport aérien est une réaction au vide laissé pendant des années à l'époque d'une gestion qui s'était précipitée dans la fermeture des centres de formation au pilotage aérien. Une erreur stratégique impardonnable que Driss Benhima s'empresse de réparer pour garantir un juste retour à la normale. "Aujourd'hui, tout l'enjeu est de continuer à faire de l'Ecole nationale des pilotes de ligne (ENPL) un instrument d'accompagnement du développement de l'activité de la Royal Air Maroc et du secteur aérien national et régional, ainsi qu'un établissement permettant aux jeunes d'accéder à une profession passionnante et de haute technicité». On ne pourrait passer sous silence que la RAM accusait, ces dernières années, un déficit estimé à une quarantaine de pilotes de ligne en raison du déficit cumulé pendant les sept années de fermeture de l'ENPL sous l'ère de Mohamed Hassad. Et que la cadence des départs de 10 à 12 pilotes par an en retraite n'était pas pour faciliter les choses au moment où il est devenu plus qu'impératif de booster les effectifs en formation. C'est pour cette raison que les élèves-pilotes sont passés de 25 à 50 stagiaires par an à partir de 2006-2007, portant l'effectif global de l'ENPL à 170 élèves-pilotes. Il faut dire que la RAM, qui assurait avant la formation de ses pilotes, notamment en Belgique et en France, a pris en charge ces métiers de formation depuis 1970, non sans succès puisque notre compagnie nationale est bien cotée sur le marché internationale des «valeurs de conduite» en exportant ses pilotes vers les pays arabes et africains en application d'accords ad hoc de coopération. Le PDG Benhima l'a rappelé, lors de la cérémonie de présentation des nouveaux avions Diamond 40, la semaine dernière à l'aéroport de Benslimane, lorsqu'il affirma, à l'adresse de l'ENPL (Ecole nationale des pilotes de ligne) que «Forte d'une culture de l'excellence qu'elle incarne depuis sa création et sur laquelle elle a bâti sa notoriété et son image, dispensant une formation qui repose à la fois sur les technologies les plus actuelles et sur une nécessaire rigueur méthodologique, l'ENPL de la RAM a vocation à rivaliser avec les plus grandes institutions de formation de pilotes à travers le monde». En clair, la compagnie aérienne marocaine dispose de pilotes d'avions parmi les meilleurs de la planète. Un juste retour à la normale C'est que l'ancien Wali de la région du Grand-Casablanca a fait encore mieux en se distinguant par une décision managériale aussi audacieuse que populaire en étant accueillie avec satisfaction dans les rangs des pilotes de l'entreprise. En fait, l'ancien DG de l'Agence de développement des provinces du Nord, qui a aussi roulé sa bosse aux commandes de l'ONE et de plusieurs ministères, a diligenté un juste retour à la normale des choses en décrétant la gratuité de la formation au pilotage de ligne qui est devenue ouverte à toutes les compétences, y compris celles aux moyens financiers limités, Ce qui n'était pas le cas auparavant car les meilleurs pouvaient rester sur le carreau faute de ne pouvoir financer leurs études à l'ENPL. Et tous les pilotes de la compagnie ont applaudi cette décision tant attendue démocratisant un secteur réservé jusqu'ici aux plus chanceux ou mieux nantis. Autre fait avantageux au crédit du patron «volant» : la dotation de l'Ecole d'un encadrement chevronné et émérité garantissant une formation de très haut niveau toujours tirée vers l'excellence. Si le groupe RAM dispose d'une flotte commerciale de 42 appareils dont une dizaine transférés à sa filiale Atlas Blue, le même effort en équipements modernes est, également, investi dans les cursus pédagogiques professionnels. D'abord, le paquet est mis pour doter l'aéroport de Benslimane, nouveau fief de l'enseignement du pilotage aérien en remplacement de celui d'Anfa, de toutes les installations et commodités nécessaires coûtant, en charge de transfert, 280 millions de DH au budget de développement de la compagnie. Ensuite, l'effectif en avions destinés à la formation de pilotes vient de s'enrichir de trois unités nouvelles génération, des Diamond monomoteurs à 300.000 euros l'unité et bimoteurs à 480.000 euros l'unité. Cette flotte professionnelle sera considérablement renforcée par l'arrivée de nouveaux appareils, une dizaine de nouvelle génération aux standards «Glass cockpit» respectueux de l'environnement, 8 DA 40 mono et 2 DA 42 bimoteurs. Bien des choses changent dans la RAM nouvelle formule impulsée par un management qui fait l'unanimité autour de la personne du PDG Driss Benhima. Et les témoignages recueillis auprès des cadres et techniciens de la compagnie, ainsi que des pilotes de ligne, la maison est désormais confiée entre de bonnes mains, rassurée et soulagée à la fois, insistent-ils. Un management de proximité et d'anticipation, d'équité aussi en restaurant la gratuité des formations de cœur des métiers, qui est appréciée par toutes ses troupes aux diverses catégories socioprofessionnelles. Un exemple : lors de sa nomination, convergent plusieurs témoignages, Benhima a passé une année à l'écoute attentive de ses collaborateurs, de ses experts et de ses pilotes avant d'engager ses politiques managériales. Ce que nombreux sont les autres qui n'y penseraient même pas, au risque de faire des dégâts ou de provoquer des conflits.