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Philosophes a la page : «Je pense donc je suis»
Publié dans La Gazette du Maroc le 15 - 02 - 2008

Quel point commun y-a-t-il entre le philosophe Descartes et des hommes politiques comme John.F Kennedy ? Entre ce philosophe des lumières et l'engagement de l'homme moderne pour des questions aussi diverses que l'écologie ou la lutte pour le respect des droits de l'homme. Aucun ? Pas si sûr. A plus de trois siècles de distance, tous ces hommes avaient la même foi en l'homme, de manière certes différente, mais pour un même constat : il faut faire confiance en l'homme et le prendre du bon côté.
Je pense donc je suis»: phrase apparemment banale et ordinaire. Oui, l'être humain, à la différence des bêtes, pense. Pas besoin d'être Descartes pour le savoir. Et pourtant, c'est bien cet illustre philosophe, père de la rationalité et des mathématiques modernes, qui a écrit cette phrase. On a vu en cette formule la naissance de l'ère moderne, la sortie d'un tunnel moyenâgeux, l'émancipation de l'individu. Les plus grands penseurs continuent à méditer sur cette formule si simple. Est-ce à dire que l'on ne pensait pas avant Descartes? Certes non. D'où vient alors qu'une phrase qui paraît si simple, qui est accessible à tout le monde, devienne un principe fondamental de la pensée moderne ?
Ce qu'a fait Descartes, c'est tout simplement de poser l'acte de penser comme privilège de l'Homme. Privilège?? Oui, c'est un privilège de penser; Descartes a même pris soin de distinguer clairement la pensée du corps : il existe en chaque homme deux substances, l'une pensante et l'autre corporelle, bref l'esprit et le corps de chacun. Jusque-là rien de particulier me diriez-vous, seulement notre philosophe ne s'arrête pas en si bon chemin : il fait découler l'existence de la pensée ; si j'existe en tant qu'être humain c'est d'abord parce que et pour que je pense et que donc c'est une responsabilité individuelle qui échoit à chacun d'entre nous ; tel est bien le sens du «Je pense donc je suis». Jamais l'esprit humain n'avait été posé avec tant de fermeté.
Qu'est-ce que cela signifie concrètement aujourd'hui, le «Je pense donc je suis» de Descartes? Simplement que jamais les autres ne penseront pour vous, ou, s'ils vous le font croire, ce n'est qu'illusion. Personne ne peut penser à ma place. C'est une philosophie de l'initiative et du volontarisme qui apparaît ici : loin d'un fatalisme paresseux qui consisterait à dire que les dés sont jetés et que tout est joué d'avance, Descartes nous incite ici à un courage intellectuel qui consiste à vouloir penser par soi-même, et par conséquent à construire son chemin par soi-même. On pourrait trouver une illustration de ces idées dans la démarche du président John.F Kennedy lorsqu'il était encore candidat à la Maison Blanche. Une phrase prononcée pendant sa campagne électorale est restée dans les mémoires : «Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays.». Extraordinaire formule, qui est un vibrant appel à l'engagement citoyen, à la responsabilité individuelle et au courage intellectuel de tous. Oui, de tous?; parce que la responsabilité individuelle est l'affaire de tous.
Revenons à notre formule cartésienne et complétons-la, il est toujours délicat de sortir une phrase de son contexte sans l'éclairer par d'autres propos du même auteur. Descartes a dit aussi : «Le bon sens est la chose au monde la mieux partagée. ». Le bon sens, c'est-à-dire la capacité à juger par soi-même, est universel. Vous voyez comment les deux formules se rejoignent pour se compléter?? Penser est l'affaire de chacun d'entre nous, parce que chacun en est capable ; penser est donc à la fois un acte individuel qui fonde ma liberté, et c'est aussi une donnée universelle, c'est «la chose au monde la mieux partagée».
égoïsmes particuliers
On a beaucoup insisté sur l'aspect rationnel de la philosophie de Descartes, mais c'est aussi une philosophie de la générosité, entendue au sens strict du mot. En effet, Descartes reconnaît la capacité à penser à chaque être humain, par là nous sommes tous égaux, tous semblables. Ensuite c'est l'usage qu'on en fait qui nous différencie, mais en principe, chacun d'entre nous est capable de juger, de réfléchir, d'agir, par lui-même, de sa propre initiative, souvenez-vous la phrase de Kennedy…
Ne pouvons-nous pas appliquer ces idées à notre société marocaine ? A l'heure où les égoïsmes particuliers l'emportent de plus en plus sur l'intérêt général, où la valeur d'un homme se mesure à l'épaisseur de son portefeuille ou à la marque de sa cylindrée, ne faudrait-il pas faire une pause de temps en temps ? On parle beaucoup de moralisation de la vie publique, et c'est une bonne chose, mais cette moralisation ne doit-elle pas passer par un changement de regard sur les citoyens ? Et si la moralisation était l'affaire de chacun, avant d'être l'affaire du voisin, peut-être que notre société marocaine y gagnerait-elle en civisme, peut-être qu'un « vivre-ensemble » (l'expression est de Rolland Barthes) nouveau pourrait apparaître. Descartes et Kennedy n'étaient pas dupes ; ils savaient bien que la nature humaine est faillible, que l'on peut très facilement la corrompre, seulement ils ont fait un pari, un pari à la fois optimiste et courageux?: faisons confiance en l'homme, en son pouvoir de juger (oui, chacun de nous a ce pouvoir !), prenons nos concitoyens par le haut et non par le bas, le peuple est bien plus intelligent que ce que beaucoup croient… Beaucoup de jeunes et de moins jeunes sont prêts à beaucoup faire pour leur pays. Ceux que l'on appelle les RME (résidents marocains à l'étranger) par exemple, beaucoup de ces gens-là se demandent ce qu'ils peuvent pour leur pays, et ils trouvent des solutions, des projets. A l'instar de l'injonction de Kennedy, ils veulent agir et ils ne se demandent pas ce que leur pays peut faire pour eux, ils demandent juste à ce qu'ils ne soient pas découragés dans leurs projets et à ce que les démarches administratives ne se transforment pas en obstacles administratifs. Dans cette perspective, la création du CSME (Conseil supérieur des marocains résidant à l'étranger) va dans le bon sens d'une moralisation de la vie publique et surtout d'une libération des énergies de la nation. Penser la société marocaine avec ces marocains venus d'ailleurs, avec ce qu'eux-mêmes peuvent apporter au pays, voilà un beau défi.
Aujourd'hui Descartes et Kennedy sont célèbres, ils font partie du patrimoine de l'humanité. Les textes de Descartes sont lus et expliqués à travers les universités du monde entier. Les discours de Kennedy et ses actions politiques resteront dans les archives de l'histoire. Bref, l'humanité croit en ces deux grandes figures; juste retour des choses pour deux hommes, qui, durant toute leur vie ont cru en leurs semblables.


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