Tirée par une croissance soutenue et des réformes économiques ambitieuses, la Côte d'Ivoire, sous Alassane Ouattara, s'est imposée ces dernières années comme un pôle d'attraction majeur pour les investisseurs étrangers. Tour d'horizon des secteurs porteurs de l'économie ivoirienne. Après un chapitre d'instabilité, la Côte d'Ivoire figure aujourd'hui parmi les économies les plus dynamiques du continent africain. Première puissance économique de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), le pays d'Alassane Ouattara a su, ces dernières années, construire une véritable aura. Bénéficiant d'une position géographique stratégique, d'une stabilité institutionnelle retrouvée et d'un fort potentiel dans des secteurs clés comme l'agriculture, l'énergie ou encore les technologies, la Côte d'Ivoire est aujourd'hui, dans la zone ouest-africaine, un pays d'IDE. Dans ce dynamisme économique, le Maroc est un acteur de choix. Aujourd'hui, ce pays fait partie des régions qui accueillent le plus d'investissements marocains. Pour les entreprises marocaines, la Côte d'Ivoire représente donc une porte d'entrée privilégiée vers les marchés ouest-africains. Encore faut-il savoir où et comment investir. Pourquoi investir en Côte d'Ivoire ? Les chiffres sont éloquents. D'après nos investigations, par exemple en 2023, la Côte d'Ivoire a enregistré une croissance de 6,5 %, avec une projection optimiste à 6,8 % pour 2024 selon les dernières données de la Banque africaine de développement. Une performance qui positionne le pays comme un moteur économique de l'Afrique de l'Ouest. Mais derrière ces chiffres, il faut admettre que c'est tout un écosystème en mutation qui attire l'attention des investisseurs internationaux. Lire aussi | Afrique : les éléments qui entravent la compétitivité... Il faut d'ailleurs reconnaître que ce dynamisme économique tire son substrat de ses ressources énormes. Premier producteur mondial de cacao, deuxième pour la noix de cajou, la Côte d'Ivoire dispose également de réserves prometteuses en pétrole, en gaz offshore et en minerais. Et au-delà d'une économie d'extraction de ces ressources, le pays s'efforce désormais de maîtriser la transformation locale. Ce choix stratégique pour une économie à plus forte valeur ajoutée pourrait constituer une opportunité directe pour les entreprises marocaines disposant d'un savoir-faire technique, industriel ou logistique. De plus, sous la gouvernance Ouattara, le pays a fait d'énormes progrès en matière de gouvernance. Depuis plus d'une décennie, les réformes se succèdent pour améliorer le climat des affaires. Le Code des investissements, régulièrement actualisé, prévoit des exonérations fiscales, douanières et parafiscales sur plusieurs années. Le CEPICI, guichet unique de l'investissement, permet de créer une entreprise en moins de 48 heures, un délai record sur le continent. Comment investir en Côte d'Ivoire ? Comme dans bon nombre de pays, il est indispensable d'avoir une approche fine dans le cadre d'une opération d'investissement. D'entrée, tout commence par le choix du secteur d'activité : l'agriculture, les énergies renouvelables, les TIC, le BTP ou encore le tourisme offrent chacun leurs propres dynamiques, contraintes et leviers d'action. « Il ne s'agit pas d'importer un modèle, mais de comprendre les besoins réels du marché ivoirien, de rencontrer les acteurs de terrain, de cerner les attentes des consommateurs, et de repérer les carences à combler », nous confie l'économiste Samuel Mathey, président de la Fondation africaine pour l'entrepreneuriat et le développement. « Dans ce cadre, les études de marché locales s'imposent comme des outils incontournables. » Lire aussi | Financer l'Afrique : Mo Ibrahim prêche-t-il dans le désert ? Par ailleurs, l'autre recette pour la réussite en affaires en Côte d'Ivoire demeure l'association avec des partenaires locaux. Un bon partenaire local permet de naviguer dans les arcanes réglementaires et de construire la confiance avec les administrations. Quels sont les secteurs d'activités les plus porteurs ? – Agriculture et agro-industrie : le nerf de l'économie ivoirienne L'agriculture ivoirienne est l'ADN économique du pays, qui a appris à faire fructifier ses terres avant même de construire ses routes. Le cacao, la noix de cajou, l'hévéa ou encore le café sont bien plus que des cultures : ils forment une matrice économique, sociale, identitaire. Mais ce modèle, longtemps bâti sur l'exportation brute, touche ses limites. Car que vaut une tonne de cacao expédiée sans transformation, face à une tablette labellisée « Made in Côte d'Ivoire » ? C'est là que se joue la bascule : faire émerger une agro-industrie nationale, qui transforme localement, crée de la valeur sur place, structure les filières. Des zones agro-industrielles sortent de terre à Yamoussoukro, Korhogo ou San Pedro. Des coopératives se modernisent, les appels à partenariats se multiplient, les projets d'agritech se densifient. Le pays ne veut plus seulement nourrir les marchés mondiaux : il veut capter les marges. Pour les entreprises marocaines, c'est une opportunité énorme à la lumière de la maturité du Maroc dans ce secteur. Savoir-faire technique, technologies vertes, accompagnement de filières : il y a un véritable positionnement. – Energie et hydrocarbures Baleine et Calao, deux découvertes pétrolières offshore majeures, ont repositionné Abidjan sur la carte énergétique du continent. Mais la Côte d'Ivoire ne veut pas se contenter d'un modèle tout-fossile. L'objectif est posé : 42 % d'énergies renouvelables dans le mix d'ici 2030. Le défi ? Allier souveraineté énergétique, inclusion territoriale, compétitivité industrielle. Là encore, le savoir-faire des entreprises marocaines peut faire la différence : dans l'ingénierie, les équipements... – Tourisme : un secteur qui cherche sa voie Longtemps freiné par l'instabilité politique, le secteur retrouve aujourd'hui un second souffle, porté par une volonté nationale de diversification économique. Avec plus d'un million de visiteurs par an – loin encore des standards de Marrakech ou de Dakar – la Côte d'Ivoire possède pourtant des atouts considérables : un littoral de sable fin, une diversité ethnique et culturelle riche, des parcs nationaux classés au patrimoine de l'UNESCO comme Taï et la Comoé, ou encore une scène musicale et artistique bouillonnante. Le gouvernement mise sur un tourisme « authentique », mêlant écotourisme, tourisme culturel et tourisme d'affaires. Le plan « Sublime Côte d'Ivoire », doté de plus de 300 milliards de FCFA, entend moderniser les infrastructures, réhabiliter les sites historiques et renforcer l'accueil touristique. De nouveaux hôtels sortent de terre, les liaisons aériennes se densifient, les investissements étrangers commencent à suivre. L'objectif ? Atteindre 2 millions de touristes d'ici 2025 selon l'Office national du tourisme.