Royal Air Maroc opérera ses vols depuis « The New Terminal One » de l'aéroport JFK à partir de juin 2026    Célébration. SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan souffle sa 22e bougie    Le président chinois appelle à renforcer la coopération avec les pays voisins pour bâtir un avenir commun    Célébration, jeudi, du 22e anniversaire du Prince Héritier Moulay El Hassan    Omar Hejira: «La feuille de route du commerce extérieur vise la création de 76.000 postes d'emploi»    ADM: 10 MMDH pour transformer le réseau autoroutier du Maroc    BMCI : la BERD et ses partenaires mobilisent 65 millions d'euros    Dépenses fiscales : l'impossible compression !    François Conradie : "La baisse des carburants dépendra de la décision commerciale des acteurs des hydrocarbures"    Cours des devises du mercredi 07 mai 2025    Tunisie : une crise migratoire à vif, entre précarité extrême et crispation politique    L'Inde frappe neuf sites au Pakistan    Cinéma: le tournant protectionniste de Trump fait trembler Hollywood... et interroge les partenaires du Maroc    Escalade militaire indo-pakistanaise: Le trafic aérien asiatique perturbé    Le président chinois : la guerre est un cauchemar destructeur et la paix, une bénédiction dont on ne mesure la valeur qu'en son absence    Marrakech-Safi : Séisme de magnitude 4,6 sur l'échelle de Richter localisé à Amizmiz    Ilyas Akhomach nommé nouvel ambassadeur pour OK Mobility    Futsal U19 : Le Maroc s'impose face à l'Espagne en amical    UAE Moroccan Festival : Casablanca devient le carrefour des courses hippiques    Historic French ship Le Belem returns to Morocco : Rabat and Tangier stopovers in May    Tetuán acoge el 18o Foro Internacional del Cómic (FiBaD)    Morocco's PJD calls for early talks on 2026 elections    Essaouira: le Festival Gnaoua et Musiques du Monde 2025 dévoile ses premiers temps forts    « Stereo Africa » fait vibrer Dakar    Des Etats-Unis au Maroc, Yasmina Alaoui expose à la Fondation Hassan II pour les MRE    Tétouan accueille le 18e Forum international de la bande dessinée (FiBaD)    L'abîme dans l'Himalaya : Inde, Pakistan et la spirale de la terreur    Deux anciens cadres de la DGSN condamnés à trois ans de réclusion ferme par le TPI de Salé    Marrakech : arrestation de deux ressortissants français pour conduite dangereuse et ivresse manifeste    Maroc–Israël–Etats-Unis : vers un fonds trilatéral pour transmuer l'alliance en structure durable    La frégate « Mohammed VI » participe à d'importants exercices navals aux côtés du porte-avions français Charles de Gaulle    Profession de commissaire judiciaire : la Chambre des conseillers adopte le projet de loi 46.21 à une large majorité    Patrimoine : les conseillers adoptent le projet de loi 33.22, une avancée majeure pour la protection globale des héritages culturels et naturels    LdC/PSG–Arsenal : Achraf Hakimi croit au rêve européen    Le Real Madrid va bientôt annoncer le départ de Carlo Ancelotti    Les prévisions du mercredi 7 mai    Les températures attendues ce mercredi 7 mai 2025    Après le deuil, les cardinaux du monde au Vatican pour élire un nouveau pape    Le Maroc ouvre un consulat honoraire à Florianopolis, dans le sud du Brésil    Tourisme : le Maroc confirme sa position de leader en Afrique du Nord au T1 de 2025    Emploi : Akhannouch préside une réunion de suivi de la mise en œuvre de la Feuille de route    FiBaD 2025 : Tétouan célèbre 25 ans de BD marocaine et 80 ans de création artistique    CAN U20 : les Lionceaux en pleine préparation à Ismaïlia avant d'affronter la Tunisie    Bakou: S.A.R. la Princesse Lalla Hasnaa inaugure l'exposition "Le Tapis de Rabat"    Prix Marc Vivien-Foé. Achraf Hakimi parmi les finalistes    CAN U20 Egypte 25/ Groupe A : le programme d'aujourd'hui    Kelâat M'Gouna : Fatima Zahra El Barmaki couronnée "Miss Rose 2025"    Festival Gnaoua et Musiques du Monde: La 26e édition mettra le feu aux âmes et aux rythmes !    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Réhabilitation de l'Islam populaire
Publié dans La Gazette du Maroc le 23 - 12 - 2002


Vers une nouvelle politique religieuse au Maroc
Dès la nomination du gouvernement de Driss Jettou, plusieurs interrogations ont fusé de toutes parts concernant l'éviction de Abdelkébir Alaoui M'daghri, qui a régné sur le ministère des affaires islamiques pendant dix-huit ans,
et la confirmation d'Ahmed Taoufik à la tête de ce sensible département. C'est alors que l'on commençait à parler d'une nouvelle politique religieuse, bien que les définitions, à ce sujet, soient divergentes et les a priori ambigus.
Parler d'une nouvelle politique religieuse induit clairement une rupture avec une ancienne politique dans ce domaine. Par conséquent, pour délimiter le contenu de cette nouvelle politique religieuse, il est nécessaire de sonder ce qui y est constant et ce qui doit être considéré comme variable.
En effet, la politique religieuse au Maroc s'appuie sur des constantes qui créent un équilibre permanent entre l'Islam officiel et l'Islam populaire. D'un autre côté, elle s'articule sur des variables qui consistent à contrecarrer tous les courants et les idées religieuses considérés par les pouvoirs publics comme contraires aux principes de modération et de tolérance. Donc, pour parler d'une nouvelle politique religieuse, il faut également définir l'approche des pouvoirs publics par rapport aux constantes et aux variables. Il va sans dire que l'élaboration d'une nouvelle politique religieuse est intimement liée aux orientations de la “nouvelle ère” qui aspire à donner corps à de nouveaux mécanismes et outils de gestion des politiques générales, y compris la politique religieuse. Dans ce contexte, l'élaboration d'une nouvelle politique religieuse n'est pas conditionnée par la nomination d'un nouveau ministre des affaires islamiques, autant qu'elle est conditionnée par l'application des fameux quatre mémorandums.
D'autre part, la nouvelle politique religieuse projetée nécessite de rappeler deux étapes essentielles, mais différentes, dans le processus de redéfinition du champ religieux au Maroc.
4 juin 2000 ou le niveau des variables
La nouvelle politique religieuse n'a pas ciblé, au début, le niveau des constantes, tant qu'elle s'est fixée la priorité d'opérer des modifications sur les variables. Cette approche visait l'élaboration d'une nouvelle politique religieuse qui puisse contrecarrer les courants considérés comme opposés à la modération et à la tolérance, notamment ceux constituant ce qui est communément appelé “Islam politique”. Ceci s'est illustré par la diffusion par le ministre des affaires islamiques de l'époque, sur ordre d'Amir Al Mouminine, des quatre mémorandums, en date du 4 juin 2000.
Ces documents ont clairement défini les nouvelles orientations religieuses qui doivent s'opérer au niveau des variables. Ainsi, le quatrième document portant le numéro 19 incarne la nouvelle politique de Sa Majesté Mohammed VI en mettant les Conseils provinciaux des Oulémas sous la tutelle directe du Roi, Amir Al Mouminine, tout en leur fixant des missions claires
quant à l'élaboration et l'application des programmes d'orientation religieuse au sein de leurs sièges, au sein des mosquées et des autres espaces.
Les trois autres documents ont essayé de définir les moyens à même de limiter la floraison des associations de l'Islam politique. Ainsi, le document N° 16 ordonne l'ouverture des mosquées dès la prière d'Assobh et jusqu'à une heure après la prière d'Al Ichaâ. Cette disposition abroge donc la décision prise en 1984 par le ministère qui avait ordonné la fermeture des mosquées à l'issue de chaque prière. Pour leur part, le document N° 17 définit les conditions de construction de nouvelles mosquées et le document N° 18 définit les conditions dans lesquelles les femmes peuvent encadrer le public féminin au sein des mosquées.
Ces quatre mémorandums ont été appuyés par le discours du 20 août 2000, puisque le ministère des affaires islamiques a entamé leur application sur le terrain, notamment
en commençant dès le 15 septembre, à mettre en place les cours d'alphabétisation dans 100 mosquées. Or, ces cours sont considérés par Sa Majesté le Roi comme essentiels, puisqu'ils ne devaient pas se limiter à lutter contre l'analphabétisme primaire, mais à lutter surtout contre l'analphabétisme religieux et civique.
C'est alors qu'il faut s'interroger au sujet de la non-application intégrale des dispositions de ces quatre documents. En effet, le gel de ces mémorandums n'est pas dû à la carence en ressources humaines ou en ressources financières, autant qu'il est dû au fait que les pouvoirs publics se sont rendu compte de l'inefficacité de la réforme si elle se borne uniquement aux variables.
7 novembre 2002 ou le niveau des constantes
La nomination d'Ahmed Taoufik à la tête du ministère des affaires islamiques s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle approche qui tient compte des constantes, c'est-à-dire du souci de préserver l'équilibre entre l'Islam officiel et l'Islam populaire.
Ainsi, toutes les dynasties qui ont régné sur le Maroc depuis l'ère des Saâdiens ont eu comme souci majeur de pérenniser la coexistence entre l'Islam officiel représenté par les Oulémas et l'Islam populaire représenté par le Soufisme. Or, c'est cette coexistence entre Islamistes qui constitue l'essence même de l'Islam marocain qui s'articule sur le rite Malékite et sur la foi Achaârite.
Cette coexistence a, de tout temps, barré la route aux mouvements religieux rigoureux tels le Wahhabisme qui prévaut dans la péninsule arabique. Or, l'un des initiateurs de la politique religieuse marocaine du temps du protectorat, en l'occurrence Michaux Bellaire, avait traité lors d'une conférence à Salé en 1928 du thème “Le Wahhabisme au Maroc”. Bellaire devait confirmer alors que tous les courants extrémistes à l'instar du Wahhabisme sont condamnés à l'échec au Maroc du fait que l'Islam marocain, qui repose sur le rite Malékite, tolère plusieurs expressions considérées comme hérétiques, mais qui ont été, au fil du temps, complètement adoptées.
Cependant, au niveau des constantes et tout particulièrement au niveau du nécessaire équilibre entre l'Islam officiel et l'Islam populaire, certaines défaillances ont été constatées. C'est le sens même des différentes accusations portées contre l'ancien ministre des affaires islamiques Abdelkébir Alaoui M'daghri. En effet, ce ministre était accusé d'avoir favorisé l'Islam officiel au détriment de l'Islam populaire profitant de son statut de lauréat de Dar Al Hadith Al Hassania. Pire, il était accusé d'avoir tout fait pour favoriser l'émergence du Wahhabisme au Maroc.
A partir de ce constat, il est aisé de comprendre les raisons de la nomination d'Ahmed Taoufik qui est connu pour ses penchants soufistes et notamment pour la Tarika Boutchichiya. Donc, cette nomination est un signal fort en direction de la réhabilitation de l'Islam populaire qui est un fondement essentiel de la personnalité musulmane marocaine. Cette réhabilitation a été entamée par le rappel des liens séculaires entre les Chorfas et le Soufisme au Maroc. Or, les soufistes ont de tout temps constitué un soutien indéfectible du pouvoir des Chorfas au Maroc. C'est là l'un des secrets de la pérennité du pouvoir, de l'Etat et de la spécificité marocaine. Donc, la réhabilitation de l'Islam populaire, à travers ses liens séculaires avec la Monarchie et les dynasties des Chorfas, ne pouvait qu'être soulignée avec force par le nouveau ministre. Illustration magistrale en a été faite lors de la conférence prononcée par Ahmed Taoufik devant Amir Al Mouminine lors de la première causerie religieuse ramadanienne. De ce fait, la nouvelle politique religieuse y a reçu son baptême.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.