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Société : La voisine, cette femme qui murmurait aux oreilles des maisons
Publié dans La Gazette du Maroc le 25 - 07 - 2008

Omniprésente depuis toujours dans les traditions made in morroco, la voisine fait partie de ces éléments qui meublaient d'office le décor des anciennes familles. Elle existait en force dans une société où le voisinage était sacré. Nostalgie…
Elle représentait le soutien, l'aide et la confiance. Elle prenait souvent la place de la sœur ou de la cousine, mais de plus en plus proche. Fiançailles, mariages, baptêmes ou encore circoncisions, cette femme touche-à-tout est présente partout. Elle ne passait jamais inaperçue dans toutes les occasions qui se présentaient en partageant le meilleur et le pire avec ceux qu'elle fréquentait bien plus souvent que les membres de sa famille. Synonyme d'une culture orientaliste et d'une tradition ancrée depuis des décennies, la voisine participait à l'éducation des enfants, à leurs études, à leurs maladies, à leur croissance. Elle était la confidente, l'amie, l'intime de la maîtresse de maison et représentait souvent celle qui procurait la paix et la tranquillité aux ménages.
La culture du voisinage par excellence
Entre femmes, elle organisait des après-midi où elle invitait toutes les voisines du quartier. Elles s'adonnaient à toutes sortes d'histoires: les nouvelles fusent, la tberguig-attitude fait surface et ces femmes en transe s'allègent l'esprit en racontant tous les problèmes qui leur tombaient sur la tête. Les lamentations ne manquaient jamais, les consolations aussi. Zoubida se plaignait de la négligence de son mari, Fatéma racontait ses souffrances avec sa belle-famille, Badiâa rapportait son dialogue tout cru avec la voisine ennemie… Un cocktail d'histoires se proposait ainsi sous le regard attentif d'une assemblée de femmes les unes plus ennuyées que les autres. Une fois les cœurs vidés, il fallait quand même célébrer cette union où tout est permis. Le monde des femmes se démunit de toute pudeur et s'offre des parties de pur bonheur. Les caftans émerveillaient davantage l'ambiance enivrante où l'Hajja Al Hamdaouia lançait ses «daba yji a lhbiba daba yji…» sous le regard enjoué des femmes qui se déhanchaient ici et là. Après quelques heures de gaieté, l'heure de revenir à la réalité sonnait. Elles s'embrassent, s'enlacent et se promettent d'autres réunions le plus tôt possible. C'était une manière pour ces femmes qui ne sortaient que rarement, d'évacuer la pression de tous les jours et de puiser l'énergie qui leur sera nécessaire dans la vie quotidienne. Foyer, mari, enfants, ménage… des responsabilités qui exigent justement une forte patience et un calme olympien.
Petit clin d'œil à Ahmed Sefrioui et «Sa boite à merveilles» qui a pu ensorceler les lecteurs des années durant et qui a su peindre le portrait d'un voisinage où tous les caractères existent et se mêlent. Les rapports que les voisines entretenaient entre elles faisaient montre de sympathie malgré la cohabitation dans une seule maison.Tout au long du roman, on n'a eu cesse de voir Lalla Rahma prendre le thé avec Lalla Zoubida, Lalla Kenza discuter avec Fatma Bziouya ou Lalla Aicha inviter toutes les voisines chez elle pour partager sa joie. Les enfants, quant à eux, avaient également l'occasion de grandir ensemble dans le même quartier et partager ainsi une fraternité instaurée grâce au voisinage comme celle d'Ahmed et Zineb qui avaient le même âge et qui passaient une bonne partie du temps à jouer ensemble. Le voisinage représentait donc cet entourage qui se mêlait de tout, s'intéressait et participait à tout. Le quartier formait des familles au fil du temps et faisait en sorte que les rapports d'harmonie et d'entente s'installent davantage. L'ancienne réputation de la voisine épousait la générosité, l'amabilité, la disponibilité et un grand sens d'écoute et de confidentialité. «Mon mari est subitement décédé deux semaines avant le mariage de notre fille. Tout le monde était sous le choc et ne réalisait pas ce qui se passait réellement. Ce dont je me rappelle le plus, c'est la façon avec laquelle mes voisines m'ont soutenue. Lors du 1er jour des obsèques, elles ont préparé une dizaine de plats de couscous pour le dîner et ont tout organisé. J'étais inconsciente ces jours-là et tellement choquée de ce qui est arrivé, que je ne pouvais rien faire. Après les trois jours habituels des funérailles, mes voisines ont fait de leur mieux pour m'aider à surmonter la mort de mon mari. Je n'oublierai jamais tout ce qu'elles ont fait pour moi» se rappelle Noufissa, non sans émotion. Après des années passées, la femme de 72 ans ne cesse de louer les gestes de ses voisines qui ont toujours été présentes dans le meilleur comme dans le pire. Elle raconte aussi, lors du mariage de son benjamin «Mon fils Nabil a grandi avec toutes mes voisines, donc il peut être fier d'avoir plus d'une maman. Elles l'ont vu naître, grandir, étudier… Maintenant qu'il se marie, elles se sentaient toutes concernées. Elles étaient toutes émues de voir le petit enfant qui n'arrêtait pas de jouer au ballon dans le quartier, quitter le lieu où il est né». les voisins partageaient donc un quotidien en commun où différents évènements s'y mêlaient. Ils représentent toute une culture et ont pu, au fil des histoires, se forger une culture propre à nos traditions. Pourtant, ce passé est vraiment dépassé et le voisinage n'est plus qu'un détail trivial face à une société qui privilégie désormais l'isolement, et où ceux qui partagent le même palier ne se connaissent plus. Même dans les quartiers populaires, la situation a changé. Désolant…
Quand voisinage rime avec cafard !
«cela fait maintenant trois années que j'habite dans cet immeuble et je ne connais aucun de mes voisins. Je sors tôt le matin et je ne rentre que le soir, donc je n'ai jamais eu l'occasion de faire connaissance avec ceux qui partagent mon adresse. Il faut dire quand même que cela ne m'intéresse pas trop. Je préfère préserver mon intimité loin des yeux de personnes que je n'ai jamais connues. Ma mère n'arrive pas encore à comprendre ce nouveau mode de vie qui a carrément effacé la notion de voisinage. Pour elle qui a grandi avec plusieurs voisines, partageant la vie de tous les jours, elle n'arrive pas à concevoir le fait que je ne connaisse personne là où j'habite. Elle flippe  !».
c'est le cas de la jeune Nabila qui n'a jamais rien partagé avec ses voisines. Prise par sa famille et son travail, elle n'essaie même pas de sympathiser avec ces gens qui lui sont étrangers mais qui devraient représenter beaucoup plus. De nos jours, le voisinage a perdu de son sens et n'a plus la valeur d'autrefois. Lié souvent aux disputes et aux embrouilles, il n'a plus rien à voir avec les rapports de sympathie et d'amitié que les gens partageaient avant. La voisine n'est plus cette femme qui se permettait de mettre constamment sa touche personnelle où qu'elle passait. Désormais, il n'est plus possible d'accepter ce genre de comportement de la part d'une personne qui ne respecte plus, dans ce cas-là, l'intimité d'autrui. Impolie, envahissante et bien embarrassante, celle qu'on cherchait à n'importe quelle occasion, n'a plus le même succès escompté. Dans la majorité des immeubles et des résidences, c'est le concierge qui joue le rôle d'intermédiaire entre des habitants qu'on différencie par numéros d'appartements puisqu'on ne connaît pas leurs noms. Sacré voisinage !


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