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Y-a-t-il un racisme culturel au Maroc ?
Publié dans La Gazette du Maroc le 27 - 03 - 2009

J'en entends des vertes et des pas mûres. Ah tiens, on organise un festival à Benguérir ! Oui, comme on organise tambour battant les 1200 ans d'histoire. Et peut–être même pour cette raison, mais avec un regard à l'envers sur les choses, pour montrer qu'il y a un Maroc profond à ne pas oublier et qu'on retrouve dans les millénaires d'histoire de ce pays, c'est-à-dire dans beaucoup plus que 1200 ans. Car l'histoire c'est ce qui ne fait pas de bruit dans le court terme, ce n'est pas le flambant neuf des people et les paillettes de rencontres sans profondeur. L'histoire c'est ce qu'on ne perçoit pas tout de suite, ce qui ne suscite la curiosité de personne au départ et même des plus perspicaces.
Aussi pour comprendre l'histoire du Maroc, il faut aller à Fès mais aussi dans les Rhamnas et tutti quanti. Car comment comprendre l'inertie d'une bourgeoisie urbaine qui, bien qu'enrichie, est demeurée empâtée et sans perspectives historiques. Et qui, jusqu'à nos jours, lorgne encore du côté d'un passé qui ne dérange pas sa quiétude. Et oui, son secret il convient d'aller le chercher ailleurs. Car cette bourgeoisie n'est pas née de la terre mais du négoce. Et toute cette civilisation qu'elle a brodée autour d'elle ne fut qu'un mirage. Dès que le négoce s'est affaibli, elle perdit sa vigueur et se réfugia dans sa vocation boutiquière avec pour seul horizon la Kissaria. Les Rhamnas et autres nous livrent les causes de cet insuccès. La faiblesse congénitale de notre agriculture a livré la bourgeoisie marchande à sa solitude et l'a confinée dans son négoce sans que le circuit productif en fût affecté. Alors peut-être que regarder de ce côté-ci pourra apporter quelques solutions ! Car notre avenir reste étroitement conditionné par cette contrainte rurale.
C'est pour cette raison que les régions défavorisées doivent être prises un peu plus au sérieux. C'est pour cela que je suis scandalisé face à la bêtise. Un spécialiste de la promotion touristique de passage récemment à Benguerir alors qu'on y installait le chapiteau du festival Awtar, me fit cette remarque déplaisante et peut-être même d'inspiration raciste : Pourquoi gaspiller de l'argent dans cette localité avec ça ? C'est mieux de leur installer un jardin ! Il ne se rendait pas compte qu'il pensait au jardin pour éviter que sa vue ne fût offusquée à son prochain passage. Ah, la belle affaire du jardin et du chapiteau ! Et dire qu'ailleurs on gaspille des sommes folles sans que les jardins du lieu en tirent un quelconque profit !
Historiquement, les marges ont été la réponse à l'inertie du centre qui, sclérosé, se voit dénué d'imagination et donc d'innovation. Mais il faut du temps à la marge pour construire son modèle alternatif. Je dis cela afin qu'on fasse preuve de plus de sérieux face à toutes ces régions qui ne peuvent se défendre que lorsqu'elles ont la chance d'avoir un mentor des leurs. Je le dis pour attirer l'attention sur le racisme culturel latent qu'on perçoit dans le regard ou dans les réparties de goût douteux qui nous parviennent. Alors vous donnez de la ‘aita et des ‘abidat Rma, que c'est sympa pour les gens du coin ! Et pourquoi pas autre chose, s'il vous plaît messieurs ? Sommes-nous dans le même pays où relevons-nous d'un ailleurs. Pourquoi cette obstination à nous confiner dans un ghetto culturel. Nous sommes membres à part entière d'une identité culturelle beaucoup plus complexe que ne l'imaginent les amuseurs « culturels » qui s'agitent sur le devant de la scène. Et nous comptons très sérieusement œuvrer à l'identité de la modernité marocaine. Toute cette activité culturelle qui fait la fierté du Maroc sur la place Jemaa El Fna et qui fut plus vive et plus accrocheuse que la médiocrité dominant les rares scènes des théâtres urbains, n'a d'autre origine que les populations des alentours du Haouz. Qu'on y regarde d'un peu plus près.
Alors réfléchissons à un Maroc de tous qui chiffre l'histoire comme il se doit en saisissant les tendances lourdes traversant la ville comme la campagne, et évitons de ne pas être victime de l'apparat. ■


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