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Société bloquée et islamisme
Publié dans La Gazette du Maroc le 22 - 05 - 2009

Comment s'expliquer la force du discours religieux et son potentiel mobilisateur de nos jours  ?  Comment lui faire face si on ne s'enquiert pas des motifs véritables de sa puissance redoutable ? La question est d'importance et on peut d'emblée affirmer que la réponse au religieux n'est pas dans le religieux mais bien dans la dynamique économique, sociale et culturelle.
Pour dire les choses simplement, le religieux puise sa force dans la faiblesse des autres secteurs de la société. Historiquement il en a toujours été ainsi. Dans notre société, la religion a une cohérence que les autres instances n'ont pas, elle a une logique simple et une force de conviction dont les autres ne disposent pas. Nous vivons dans une société aux perspectives d'avenir obscures, une société où nous avançons ou reculons par tâtonnement sans maîtrise rationnelle de nos initiatives. Une société qui se refuse à penser son lendemain. Une société aux facettes multiples et souvent contradictoires, aux logiques plurielles selon les espaces en cause, une société dont rend toujours compte l'heureuse formule de Paul Pascon en la qualifiant de société composite.  Une société pour laquelle aucun parti, aucun mouvement n'est en mesure de résumer clairement et explicitement un projet crédible.
Certes celle-ci change et a même beaucoup changé, mais le problème n'est pas là, car le changement est le propre de la vie sinon nous serions déjà morts. La question est de savoir si nous pouvons parler de mutation, si nous évoluons vers un modèle dont la rationalité est moderne ou pas. Il nous importe de savoir évidemment que sur certains plans de la vie sociale l'emprise du religieux a desserré son étau, mais l'important c'est que celui-ci demeure le seul paradigme à la cohérence et à la légitimité intouchées.
Aussi, on peut dire que nous vivons au sein d'une société bloquée. Un historien avait usé d'un vocable inamical certes mais riche d'enseignements en traitant le Maroc ancien d'«économie égarée ». On peut le reprendre à notre compte sans grand risque de se méprendre. Et justement voilà où est le problème, et voici le motif profond de la force de l'argument islamiste. Aucun acteur politique n'a rien à dire de neuf sur le fondamental, c'est-à-dire sur ce qui fait de nous une société sans avenir. Une société bloquée où les partis politiques se murent dans le silence  parce qu'ils sont réellement désarmés dans l'action tant par leur manque d'inspiration ou de volonté que par la difficulté effective qu'il y a à envisager un avenir.  La force de la religion, dans un tel cas de figure, est d'offrir la seule option efficace, la seule réponse à une crise sans issue. J'avais été frappé lors de la manifestation pour Gaza par le slogan dominant qui revenait sans cesse le long du défilé : Dieu est grand encore et toujours. Pour ceux, dont je suis, qui ont vécu d'autres mouvements de masse et crié d'autres slogans autrement nourris de modernité, le choc est immédiat. Mais il faut le reconnaître, quand l'humain est défait, la prière devient le slogan qui s'offre à lui comme revanche et comme promesse de victoires à venir. Le religieux occupe alors pleinement l'horizon.
La réponse n'est cependant pas dans la modernisation du champ religieux, le pouvoir se nourrit d'illusions en croyant renforcer ainsi sa base car il conforte en même temps celle des islamistes. En fait, nos imams sont puissants parce que notre bourgeoisie est faible et parce que l'Etat est étroitement dépendant de la légitimité religieuse. Nous avons besoin de philosophes, d'ingénieurs, de médecins, de techniciens et non pas de plus de prêcheurs, pour redonner vie et espoir à notre société, aux franges populaires démunies, à une jeunesse dépourvue de l'essentiel. Mais seuls le courage, la volonté de moderniser ce pays, la mobilisation, le sacrifice et le désintéressement peuvent répondre à de tels besoins dans des délais maîtrisables. Mais cela suppose d'être crédible et d'en donner la preuve sur le terrain du développement. En l'absence d'un tel projet, le religieux gardera ses puissants atouts. Les islamistes, qui ont la durée pour eux, camperont patiemment dans leur attitude critique en « attendant que le fruit mûrisse » pour user d'une expression qui leur est chère. La religion est née dans un contexte de crise, et elle se suffit de ce fait à elle-même, elle n'a pas besoin de montrer son savoir faire en matière d'investissement ou de création d'emplois. Elle procure, par sa seule intrusion, au citoyen lambda un sentiment incomparable d'égalité et de fierté devant une élite dominante corrompue et vouée à la géhenne. Elle est le paradigme par excellence des sociétés bloquées, Son horizon-historique ne se définit pas en fonction des fluctuations du taux de croissance. On peut dire qu'elle assure le plein emploi dans l'imaginaire populaire. Tant que nous restons dans le domaine des croyances cela n'est pas difficile à comprendre! Le leader véritable peut même prendre ses distances vis-à-vis de la compétition politique liée aux élections, l'échec des autres joue en sa faveur. Dieu Tout-Puissant est son programme, il est le début et la fin tant que l'homme n'impose pas sa loi à son milieu. Voilà pourquoi les autres acteurs politiques seront impuissants devant l'islamisme qui tirera sa force de l'incapacité où ils sont de redresser la barre d'une société qui se porte très mal. ■


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