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Le Maghreb au centre des angoisses et des interrogations
Publié dans La Gazette du Maroc le 06 - 05 - 2002


Vème Forum international de «Réalités»
N'en déplaise à Beji Caïd Sebsi, ancien ministre des Affaires étrangères de la Tunisie, c'est bel et bien l'utopie prussienne de l'Algérie qui est à l'origine du conflit du Sahara.
Le Maghreb et l'Europe : une vue à moyen terme. Ce moyen terme, les organisateurs du Vème Forum international de réalités le fixe à 2005. Sans doute, une telle échéance peut-elle paraître à plus d'un, à l'image de l'ancien ministre tunisien des Finances, Chadli Ayari, “ arbitraire ”. Pour Taieb Zahar, directeur de l'hebdomadaire référence de Tunisie, “ Réalités ”, et cheville ouvrière du forum, la démarche est plutôt pragmatique. Aux débats souvent oiseux et flous sur les grands horizons, elle préfère une échéance visible, qui contraint au concret et à l'analyse minutieuse de situations dont l'anticipation est possible. Chadli Ayari lui-même n'évoque d'ailleurs l'arbitraire de la date que pour mieux mettre en valeur un “ volte-face ”, pour dire que “ l'année choisie n'est pas aussi arbitraire ou neutre qu'elle paraît ”.
L'économiste tunisien identifie quatre raisons à ce retournement. 2005 a de fortes chances de correspondre à l'avènement de la nouvelle Europe, qui verrait l'adhésion à l'Union européenne d'une première fournée des pays de l'Est et du centre du Vieux continent. L'échéance précède de deux ans à peine, pour certains pays maghrébins, la libéralisation totale des échanges industriels avec l'UE. Il y a aussi de fortes chances qu'en 2005 soient conclues les négociations commerciales du “ Development Round ”, lancé à Doha en 2001. Et enfin, le “ groupe d'Agadir ”, concocté en 2001, où se retrouvent en zone de libre-échange le Maroc, la Tunisie, la Jordanie et l'Egypte, en prélude supposé à un grand marché commun arabe, aura eu le temps de faire ses premières preuves.
Possibles évolutions
Les organisateurs ont bien sûr retenu, pour les tables rondes et séances plénières, des débats sur le “ commerce entre l'Europe et le Maghreb en 2005 ”, ou encore —sujet ô combien sensible et animé—, “ l'Euro-Maghreb et la société de l'information ”. Mais c'est surtout “ l'évolution interne du Maghreb, telle qu'elle apparaîtra au milieu de la décennie ”, et la place de l'entité maghrébine face à une Europe élargie, qui ont focalisé l'attention des différents experts, économistes, financiers, juristes et politiques des deux rives de la Méditerranée invités à donner leurs avis de spécialistes sur les évolutions prévisibles du Maghreb, de l'Europe et des rapports entre les deux espaces. “ A mi-parcours de l'entrée en vigueur complète du libre-échange, ont estimé les organisateurs, les accords d'association euro-méditerranéens seront suffisamment avancés avec les trois pays centraux du Maghreb pour permettre une réelle transformation de leur marché et une adaptation des économies à la concurrence directe des produits européens ”.
Vu l'état des lieux, le scénario est incontestablement un rien optimiste. D'autant plus qu'à “ cette date, l'échéance de l'accord multifibre dictera une mise à jour drastique du secteur textile en Tunisie et au Maroc ”. Le rapport du Femise sur l'évolution de la structure des échanges commerciaux et des investissements entre l'UE et les partenaires méditerranéens (mars 2002), notant que la fin de cet accord frappera ces pays dans leur secteur de spécialisation le plus important (textile, confection, cuir, etc.), souligne que “ la seule parade sera une remontée en gamme fondée sur une diversification des produits ”. Pour des pays comme le Maroc et la Tunisie, sans rente pétrolière, la tâche sera d'autant plus ardue que “ l'orientation géographique très concentrée de leurs exportations les livre aux chocs externes de conjoncture de leurs grands partenaires ”. L'adhésion prochaine de la Chine à l'OMC et la levée des quotas que l'Europe impose à ses exportations ne sont pas, dans ce sens, des nouvelles qui incitent à l'optimisme. Le Femise n'hésite pas à parler de “ choc de grande amplitude ”.
L'une des réponses les plus adéquates est naturellement une intégration Sud-Sud avec ce qu'elle suppose de mise en place de marchés communs et de spécialisation. Or, malgré un effort dans cette voie, les échanges Sud-Sud plafonnent à 5 % de leurs échanges totaux. Pour prendre l'exemple des quatre pays du groupe d'Agadir, 65 % de leurs échanges extérieurs —il s'agit notamment du Maroc, de la Tunisie et de la Jordanie—, ont été réalisés avec l'Union européenne au cours de la dernière décennie. Une étude de la direction de la politique économique générale du Maroc relève qu'au “ cours de l'exercice 1998, les importations des trois pays arabes partenaires du Royaume au sein de la zone de libre-échange arabe (ZLEA) ont été évaluées à 25,8 milliards, soit plus de 3,6 fois les exportations marocaines ”. Celles-ci se sont chiffrées à près de 57 millions de dollars, en direction des pays de la ZLEA, soit 1% des importations totales de ces trois pays. A une virgule près, les mêmes taux et les mêmes volumes se retrouvent dans tous les sens et toutes les directions. Autant dire epsilon.
Dès lors, on comprend mieux l'une des interrogations fondamentales du Forum de Tunis : si, pour ces raisons et pour bien d'autres, “ la marginalisation menace en définitive l'ensemble de l'Euro- Méditerranée, une réponse spécifique des Etats du Maghreb n'est-elle pas plus attendue, plus légitime en raison des liens géopolitiques fondamentaux ?”
Le rêve reste permis
Habib Boulares, depuis quelques mois secrétaire général de l'UMA, affiche un optimisme militant de bon aloi. La reprise du dialogue au sein des différentes structures maghrébines l'incite à espérer qu'effectivement, les cinq chefs d'Etat du Maghreb se retrouvent en juin à Alger, comme pour célébrer l'anniversaire du sommet de Zeralda qui, en 1988, avait relancé le rêve maghrébin après presque vingt ans de panne. Mais si l'on considère ne serait-ce que ce qui se passe actuellement au Conseil de sécurité de l'ONU, c'est plutôt le scepticisme qui l'emporterait. Le combat d'arrière-garde que livre l'Algérie contre le plan Baker, pourtant un compromis que le Maroc n'accepte que pour aller de l'avant, n'augure rien de bon pour l'UMA.
Même si l'ancien ministre des Affaires étrangères tunisien, Beji Caïd Sebsi, qui préfère sans le dire la solution du partage au plan Baker, parvient, à coups de glissements sémantiques, à montrer que le Maroc et son refus de ratifier l'accord d'Ifrane du 15 janvier et la convention sur les frontières du 17 juin 1972 sont à l'origine du conflit du Sahara, la responsabilité algérienne, pour tout esprit un tant soit peu objectif, est incontestable. Sans évoquer l'utopie prussienne d'Alger, ni remonter jusqu'aux accords entre le Royaume du Maroc et le gouvernement provisoire révolutionnaire de l'Algérie sur les frontières, des accords frontaliers sont essentiellement destinés à assurer la sécurité des pays voisins et à pérenniser leur stabilité. Or, moins de neuf mois après l'établissement de la convention de 1972, le Maroc, subissait en mars 1973, à partir des territoires algériens, l'une des plus grandes entreprises de subversion qu'il ait connu dans son histoire. A quoi servirait alors de ratifier quoi que ce soit ? N'empêche qu'en 1992, en dépit de mars 1973 et de l'affaire du Sahara, Hassan II a pris sur lui de ratifier les accords frontaliers. Beji Caïd Sebsi, qui a vécu le coup de Gafsa, doit savoir ce qu'il en coûte.
Pour le reste, son constat sur l'UMA, “sur cale” à cause du Sahara, comme son appel à la reprise du dialogue et à la réflexion sur l'avenir de l'UMA, pour que le Maghreb soit “une force qui marche”, sonnent juste.
Et, dans ce sens, pour paraphraser Tayeb Zahar, en 2005, au milieu de la décennie, nous nous souviendrons, espérons-le, avec bonheur, des promesses d'un Habib Boulares confiant en un Maghreb désormais sur les rails communautaires.


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