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“Le monde va de plus en plus nous imposer ses solutions”
Publié dans La Gazette du Maroc le 13 - 05 - 2002

Entretien avec Beji Caïd Sebsi, ancien ministre tunisien
Très tôt, Beji Caïd Sebsi se jette dans la marmite de la politique tunisienne, où il se tanne le cuir aux côtés de Habib Bourguiba, pour construire la Tunisie moderne et indépendante. Parmi les postes les plus en vue qu'il a occupés tout au long de sa carrière politique, celui de ministre de la Défense.
Lorsqu'en 1983 l'Algérie, la Tunisie et la Mauritanie signent l'Accord de fraternité et de concorde, perçu à Rabat comme un acte inamical, Caïd Sebsi est à la tête de la diplomatie tunisienne depuis 1981. Poste qu'il occupera jusqu'en 1986.
Au Forum international de Réalités, l'ancien chef de la diplomatie tunisienne a fait un exposé sur la situation du Maghreb. Lucide et clair, mais avec, apparemment, concernant le conflit algéro-marocain, un soupçon de penchant pour l'Algérie.
À ses yeux, nous n'avons rien compris à son texte que nous vous livrerons en une autre occasion. En attendant, nous avons profité de son passage à Rabat pour lui demander quelques explications.
La Gazette du Maroc : la responsabilité dans le blocage de l'UMA incomberait donc au Maroc, et accessoirement à l'Algérie, à cause de l'affaire du Sahara.
Beji Caïd Sebsi : Je juge les choses en prenant de la hauteur. Je sais que cela ne plaît pas aux uns et aux autres, mais dans cette affaire du Grand Maghreb, pour moi, tout le monde est responsable. Sur la question du Sahara, je dis qu'il n'y a plus de personnes intéressées ou concernées, mais que l'ensemble du Maghreb l'est. Quand on signe un traité comme celui de l'UMA, le 17 février 1989, on devient des partenaires, et nous sommes en conséquence tous concernés par les solutions qui débloquent les situations et font avancer le processus. En un mot, nous sommes tous responsables.
Y a-t-il encore un avenir pour l'UMA ?
Pour le moment, nous sommes dans l'impasse. Le Roi Hassan II avait eu, à cet effet, une expression très appropriée : “l'UMA est sur cale ”. Pour ma part, j'ajouterai qu'elle n'avait pas de moteur au départ. Et j'ai dit que c'était un malentendu historique. C'est-à-dire qu'au moment où nous avons signé cet accord, nous supposions les situations conflictuelles résolues, alors qu'elles sont toujours là et remontent continuellement à la surface.
Mais on espérait que la dynamique maghrébine, par son génie propre, allait contribuer à les résorber.
C'était ma position et je l'ai écrit. Nous faisions beaucoup plus confiance à notre rêve du Grand Maghreb qu'à la vertu des textes. Et nous espérions que la dynamique du travail commun allait aider à dépasser les réticences des uns et des autres. Malheureusement, cette dynamique a fonctionné deux ou trois ans, puis s'est arrêtée.
Pourquoi ?
Tout simplement, parce que le traité engageait les signataires “à ne tolérer sur leurs territoires aucune activité ou mouvement pouvant porter atteinte à la sécurité ou à l'intégrité territoriale d'un Etat membre ou à son système politique”, alors que nous savions, dès le départ, que le Polisario se trouvait sur le territoire algérien.
Je me fais l'avocat du diable : on peut conclure à un marché de dupes, dans ce sens où Alger pouvait laisser entendre
que, le Sahara n'étant pas encore internationalement consacré marocain, s'y attaquer n'était pas s'attaquer à un membre de l'UMA…
Pas du tout : ce n'est pas un marché de dupes, c'est un malentendu historique. Dans l'exposé que j'ai fait devant le forum international de Réalités sur l'Euro-Maghreb, j'ai rappelé la déclaration de Chadli Benjdid, les 8 et 9 février 1989 à Fès, c'est-à-dire juste une semaine avant le sommet de Marrakech. Il a déclaré : “nous avons perdu beaucoup de temps et il convient que nous mettions de côté nos divergences
-allusion évidente au problème du Sahara occidental- pour nous consacrer à l'édification du Grand Maghreb Arabe sur des fondements solides tenant compte des spécificités de chaque peuple et de chaque pays maghrébin ”. On était, de ce fait, en droit de supposer que nous allions dépasser tout cela. Seulement, en même temps, on disait que l'affaire du Sahara allait être traitée par l'ONU dans le cadre d'un référendum qui ne pouvait dire qu'une chose : “ou bien l'indépendance, ou bien l'intégration au Maroc. Pourtant, les prises de position étaient nettes : les Sahraouis disaient toujours qu'ils allaient constituer leur Etat. J'ai d'ailleurs cité Ibrahim Hakim, qui était ministre des Affaires étrangères de la RASD, rallié depuis au Maroc, qui affirmait qu'il n'y aurait ni petit ni grand Maghreb sans la RASD. C'était clair. Il y avait donc quiproquo quelque part.
Mais le sommet fondateur de l'UMA avait été précédé, deux ans auparavant, par des rencontres sur les frontières marocaines (Zouj B'ghal et Akid Lotfi) entre Feu Hassan II et Chadli Benjedid. On y avait esquissé, déjà à l'époque, une forme d'autonomie, avec cette histoire de drapeau et de timbre. Dès lors, on pouvait croire que le sommet de Marrakech s'inscrirait dans la continuité de ces rencontres. Pourquoi alors cela n'a-t-il pas marché ?
Parce qu'effectivement, on n'avait pas tranché le problème. On avait espéré. Mais les espérances ont été déçues.
Je me hasarde à une simple constatation : tant qu'il y avait Chadli Benjedid, on nourrissait des espoirs. Une fois qu'il a été démis, nous avons assisté, après la parenthèse de Boudiaf, à un véritable retournement de la part des Algériens.
C'est une déduction.
Mais quel est le point de vue de l'observateur professionnel que vous êtes ?
Moi, je n'ai pas à juger. L'Algérie est un pays indépendant, dirigé par des hommes légalement élus… donc la décision leur revient. Je ne fais pas de différence entre celui-ci et celui-là. Ce n'est pas mon affaire… je ne suis pas journaliste.
Je ne vous demande pas de classifier, je demande à l'analyste que vous êtes si le changement d'orientation du régime algérien à partir des élections avortées de janvier 1992 y est pour quelque chose ?
Moi, je constate que l'UMA, après avoir pris un départ qui semblait résulter d'un consensus entre les dirigeants, des gens assurément sérieux et responsables, a connu un coup d'arrêt. J'en conclus donc que c'est un malentendu historique. En d'autres termes, au moment où ils ont signé, ils n'avaient pas tout tranché, alors que ces problèmes auraient normalement dû être réglés auparavant.
Vous-même, dans votre exposé, vous rappelez que le rapport du secrétaire général de l'ONU précise que le plan de règlement initial est inapplicable, mais que l'abandon du dossier par l'ONU est inacceptable. Restent deux solutions : le plan-cadre de Baker et la partition que veut l'Algérie. Dans votre exposé, vous n'avez pas soufflé mot du plan-cadre. Par contre, vous avez fait la part belle à la solution de partage.
Je n'ai pas à choisir. J'ai dit : voici la chose nouvelle, dans la proposition du secrétaire général de l'ONU : la partition. C'est une innovation.
C'est une innovation algérienne.
Une innovation. Maintenant, cette innovation est-elle applicable ? Personnellement, je ne le pense pas. D'ailleurs le Maroc ne l'accepte pas. Il l'a dit franchement. J'en déduis donc que ce n'est pas la bonne manière.
L'Algérie non plus n'accepte pas le plan Baker.
Je ne retire rien à ce que j'ai dit dans mon exposé. Je pourrais y ajouter des éléments, mais rien retirer. C'est la vision réaliste de quelqu'un qui connaît l'acte, qui connaît les hommes, les mécanismes de décision, les limites des uns et des autres, et qui croit en ce Maghreb, qui n'est pas un Maghreb des nostalgies. Je crois que c'est dans l'intérêt supérieur de nos pays que ce Maghreb se fasse. Parce que le monde est en train de changer. Qu'on le veuille ou non, le Maghreb va se faire. Ou bien c'est nous qui le ferons, de notre propre volonté, ou bien il se fera malgré nous. Il y a, dans le rapport du secrétaire général de l'ONU, un point qui m'a beaucoup chiffonné, celui où Kofi Annan dit qu'il faudrait présenter aux parties des solutions non négociables. C'est grave. J'en déduis que l'environnement dans lequel nous évoluons, et dans lequel nous allons nous mouvoir, va avoir de plus en plus tendance à nous imposer des solutions de rassemblement. J'estime qu'il est indigne de pays comme les nôtres de se plier aux décisions des autres, alors même qu'il y va de notre propre intérêt de les prendre nous-mêmes. Mais, pour tout vous dire, à court terme, je ne suis guère optimiste quant à une solution du conflit du Sahara.


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