Attentats du 11 mars Trashorras, arrêté dans le cadre de l'enquête sur la vente des explosifs qui ont servi au 11 mars, vient d'être inculpé officiellement. Ses aveux, bien que cherchant à noyer le poisson, révèle plusieurs facettes de l'affaire. Il reconnaît notamment avoir été un grand ami de Jamal Ahmidan dans le négoce de drogue et fait des révélations inattendues sur un trafic de dynamites émanant des mines espagnoles. L'ex-minier José Emilio Suarez Trashorras n'a pas reconnu lors de ses déclarations devant les services de police et de renseignements qu'il a appuyé ou aidé d'une quelconque manière le vol de la dynamite Gomme 2 utilisée durant le 11 mars. Mais il a été, le week-end dernier, officiellement inculpé d'avoir trempé dans la vente des explosifs. Il a cependant accusé certains de ses anciens amis et compagnons de travail. Parmi ces derniers, trois ont été également incarcérés cette semaine et inculpés d'avoir aidé ou collaboré lors de la vente de la marchandise. A été également inculpé dans les attentats du 11 mars, son cousin, dénommé Antonio Toro Castro, et un ex-vigile des mines, qui ont facilité la sortie de la gomme 2. Cet Espagnol, né le 10 décembre 1972 à Avilès, au passé trouble, que l'on repère très tôt dans l'histoire des attentats de Madrid, avait été dénoncé en 2003 par le Marocain Rafa Zouheir qui avait averti la police que Trashorras, ex-minier converti au banditisme, dealer de haschich notoire, était sur le point de faire une grosse transaction avec le groupe de jamal Ahmidan, un des Marocains suicidés à Leganès. Trashorras, selon la dénonciation de 2003, courait les rues de Lavapies, Leganés et des autres quartiers chauds de Madrid en cherchant à concrétiser le marché. L'ex-minier, devenu confident de la police madrilène à partir de 2001, a pourtant précisé que la dynamite utilisée pour les attentats a pu être extraite d'une mine abandonnée dénommée “Farandon” située dans la région de Tineo. Il a ajouté que “tous les jours, depuis très longtemps, des sacs de dynamite Gomme 2 sortaient des mines espagnoles”. A quelle fin ? Et dans quelles circonstances ? Voulait-il affirmer par là que les mines espagnoles sont sujettes à un vaste pillage ou commerce illicite d'explosifs qui auraient alimenté le marché international ces dernières décennies? Un pas que n'hésitent pas à franchir certains responsables espagnols. Trashorras n'a pas manqué de demander à ce que la police enquête sur l'entreprise Caolines de Merilles, responsable des sites, puisque, a-t-il affirmé “c'est l'entreprise qui tient les comptabilités et sait ce qui sort de ses mines”. Puis il nomme un certain Jorge comme étant un homme auquel la police espagnole doit s'intéresser. Trashorras revient plus tard sur ses déclarations et assure qu'il a vu de ses propres yeux des caisses de dynamite sortir de la mine Farondon. Au sujet de la mine “Conchita”, d'où sont peut-être sortis, selon la police, les explosifs du 11 mars, José Emilio Suarez Trashorras raconte qu'il y a tellement de Gomme 2 qui en est extraite qu'il devient impossible de nier le trafic de dynamite en Espagne. Trashorras a raconté “que de la mine Conchita sortait de la Gomme 2 pour quatre ou cinq mines”. L'ex-minier a été arrêté le 18 mars 2004. Les agents du Commissariat Général d'Informations avaient pu le coincer en pistant les appels du portable de son épouse. Quand Trashorras a été présenté au commissariat d'Aviles, le chef de la brigade des Stupéfiants, Manuel Garcia Rodriguez, a dit devant tous que le détenu était un “confident”, ce qui signifie qu'il rendait service à la police en balançant les escrocs et autres trafiquants qui croisaient son chemin. En contrepartie, Trashorras a admis à chaque moment qu'il connaissait Jamal Ahmidan et qu'il avait fait des négoces de drogue avec lui. Il a aussi reconnu qu'il était proche de certains islamistes, pour des raisons “professionnelles” ; il a également fait savoir durant les interrogatoires et autres comparutions devant le juge d'instruction qu'il était un ami de Rafa Zouheir, avec qui il s'est réuni à plusieurs reprises dans le centre commercial Sexta Avenida, à quelques kilomètres de Madrid. A chaque rencontre, les fiancées des deux amis étaient présentes, mais selon l'ex-minier, elles “ne savaient rien de ce que l'on disait puisque nous allions faire un tour pour bavarder”. Suarez Trashorras a assuré qu'en tant que confident de la police, il a livré d'autres noms à l'enquête, comme le signalement de Emilio Llano Alvarez, né à Cangas de Narcea, en 1960, vigile de la mine Conchita et actuellement incarcéré, celui de Roberto Lopez Fernandez, vigile de la mine Collada et Anexas, et d'un dernier homme qui répond au pseudonyme de “Baby”. Selon Trashorras, ces hommes sont impliqués dans la vente des explosifs au groupe de terroristes madrilènes. L'ex-minier a aussi affirmé qu'il était très facile d'acheter les vigiles des mines espagnoles pour 6000 ou 8000 euros, pour qu'ils ferment l'œil sur des sorties de cargaisons louches. Malgré ces déclarations, la police espagnole est convaincue que la dynamite utilisée durant le 11 mars a été facilitée par Trashorras depuis le site de Conchita. Par ailleurs, la Guarda civil est convaincue, après confrontation des points de vue, que c'est Trashorras qui a joué l'intermédiaire entre les vendeurs (les gardes des mines ?) et le groupe islamiste de Lamari. Enfin c'est lui qui a conduit, selon le PV de la police, le véhicule qui ouvrait la voie les 28 et 29 février à Jamal Ahmidan pour faire acheminer la Gomme 2 de la région des Asturies vers Madrid.