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Ces nouveaux espaces de débat
Publié dans La Gazette du Maroc le 14 - 03 - 2005


Epoque
Lieux de rencontres et de réflexion, les nouveaux espaces de débat qui ont foisonné au cours des années 90, animent, presque à eux seuls, la place publique. Qu'elles soient d'ici - Collectif démocratie et modernité et Alternatives - ou d'ailleurs, Friedrich Ebert et NDI, ces associations sont désormais incontournables pour faire le tour de la vie nationale.
L'un des traits saillants et révélateurs des mutations -aussi positives que négatives- que connait le Maroc, aura sans doute été la place qu'occupent actuellement les nouveaux espaces de débat. Collectif démocratie et modernité, Alternatives, Fondation Abderrahim Bouabid, Convergence ou autres associations, sont autant de structures qui animent le débat dans le pays. Devenus par le sérieux et la haute couture de leur travail de nouveaux dispositifs de la réflexion autonome, ils confèrent davantage de consistance à la production d'idées qu'au cours quotidien de la chose publique.
A y voir de plus près, les séminaires, colloques et autres forums ont d'ores et déjà apporté leur cortège de transformations, par ailleurs notables, dans la manière et le lien de la pensée collective. Penser, un acte qui était autrefois presque l'apanache d'une gauche prolixe, a changé d'espace. Au moment où le rôle des partis politiques se limite de plus en plus à "la gestion de l'héritage", des questions telles que Islam politique, modernité, monarchie sont les sujets auxquels s'attaquent les nouvelles Agora marocaines.
Fondés dès le début des années 90, ces forums ont su suivre l'élargissement perpétuel des marges de la liberté. Mais, ils ont également su s'adapter à la nouvelle donne et partant inciter à une montée en autonomie. La preuve : les tabous s'écroulent l'un après l'autre et la réflexion gagne en liberté ce que la pensée perd en frilosité. L'intelligentsia, ce mot très cher à nos érudits, fait entendre sa voix et ses raisons d'autant plus de force que l'élite partisane semble en proie à une crise d'identité. Ce n'est un secret pour personne : les partis politiques, ceux de la gauche surtout, ne lésinent guère sur les moyens à propos d'une "autocritique" qui dépasse, de loin, le mea-culpa de circonstance. Est-ce une panne d'idées ? Pour nombre d'observateurs "le réflexe de conservatisme l'emporte sur la réflexion". D'où, au pire, cette incapacité de produire une nouvelle "intellectualité". Au mieux, cette "résignation réactive" à ressasser les mêmes paradigmes et se contenter d'une place d'observateur. Loin d'être essoufflés, les nouveaux espaces vont parfois jusqu'à poser et répondre aux questions dont l'élite partisane est censée s'en soucier. A tel point qu'il n'est pas fortuit de se demander si l'image de l'intellectuel enthousiaste et pleinement engagé ne serait-elle pas ternie, sinon périmée ? L' "animateur" engagé serait-il en train de prendre la place de l'intellectuel organique ? Le Maroc indépendant avait ceci d'original que les partis, tant nationalistes que progressistes, enfantaient des "producteurs" d'idées, des sociologues, des penseurs et autres essayistes. "L'intellectuel collectif", pour reprendre une expression maîtresse du penseur italien Antonio Gramsci, semble démobilisé, et en perte de vitesse sur un grand nombre de questions vitales qu'affronte la société marocaine : l'amazighité, l'identité, l'intégrisme ne sont pas les moindres. Le débat, à l'instar de la nature, craint le vide. Alors, pour analyser l'actualité nationale et ensuite se projeter dans l'avenir, ces espaces sont devenus un passage obligé.
Ce n'est sans doute pas une "aberration", encore moins un hasard si leur présence, de plus en plus imposante, est le signe d'une volonté de redonner des fondements intellectuels à l'action collective. Moins qu'une force politique, le nouvel espace de réflexion au Maroc s'inscrit dans la logique transitionnelle que vit le pays.
Dans ses rapports avec lui-même que dans ses relations avec l'autre. A ce propos, d'autres organisations ou établissements prennent part aussi à cet effort de portée bien profonde que ne laissent entendre leurs côtés institutionnel et "spécialiste".
Deux d'entre ces espaces retiennent, depuis une décennie, l'attention. D'abord la fondation Friedrich Ebert. Fondée en 1925 par le premier président allemand démocratiquement élu Friedrich Ebert, elle vise la promotion de l'éducation politique et sociale dans un esprit de démocratie et de pluralisme, en défendant toujours "les idées et les valeurs fondamentales de la social-démocratie", comme le stipule sa charte interne. Sur le plan méthodologique, la fondation transcende les clivages pour une coopération tous azimuts. De la société civile au parti politique sa "gamme de services" va de la réflexion à l'étude en passant par l'octroi de bourses pour des études supérieures.
Un événement-clé. Janvier dernier, la fondation et l'USFP ont organisé des journées d'études auxquelles a été invité un penseur allemand, Thomas Meyer, pour justement débattre avec les militants socialistes de “la sociale-démocratie aujourd'hui dans le monde”. Un sujet, au demeurant de nature idéologique et intellectuelle. Le NDI, (l'Institut National Démocratique américain), lui, est une organisation non gouvernementale qui œuvre pour "le renforcement et le développement de la démocratie à travers le monde". Ainsi, faisant appel à un "réseau mondial d'experts volontaires", le NDI accorde un appui "pratique" aux leaders politiques et dirigeants de la société civile "qui travaillent à l'établissement de valeurs et d'institutions démocratiques" dans leur pays.
Ce qui explique, en grande partie, son dynamisme "ideel" au Maroc, au cours de cette période de transition démocratique. Qu'ils soient autochtones ou externes, les nouveaux espaces jouent de plus en plus un rôle catalyseur, parfois fondateur, dans la production des idées.
Force est de constater que c'est là également un paradoxe de la société marocaine en transition : plus de marge de liberté dans la parole tend à occulter la présence de l'élite qui a lourdement payé le prix.


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