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Un projet de société au–delà des urgences et du ponctuel
Publié dans La Gazette du Maroc le 23 - 05 - 2005


Réalisme
En annonçant le lancement d'une “Initiative nationale pour le développement humain “, le Souverain a voulu faire savoir à toutes les composantes du peuple marocain qu'il est déterminé à aller jusqu'au bout de ses objectifs afin de réduire le fossé entre riches et pauvres. La franchise surprenante avec laquelle il s'est adressé à qui de droit a mis à la fois la classe politique et la société civile devant leurs responsabilités.
Si les Marocains ont été surpris d'entendre un discours axé dans sa globalité sur le social et le développement humain, les observateurs européens, quant à eux, se sont concentrés sur le décryptage de son contenu. Certains d'entre eux ont considéré ce message comme étant une “mise en garde“ de la part du jeune Roi à ceux qui veulent garder les larges franges de la population dans une situation de pauvreté et de marginalisation. D'autres ont trouvé dans les quatre points de repère sur lesquels il a focalisé son approche un tournant important non seulement au niveau de l'orientation politique déjà décidée, mais aussi sur le plan de la philosophie d'action.
“C'est très rare qu'un chef d'Etat dans le monde arabe ait le courage de reconnaître publiquement la dimension dangereuse du déficit social comme l'a fait le roi du Maroc“, commentait sur le champ le penseur arabe, professeur à l'université d'Oxford, Raghid al-Solh et à ce dernier d'ajouter: “ses propos vont déranger au point d'inciter certains à suivre ce chemin malgré eux“. En tout état de cause, les analystes politiques estiment que le Souverain a, à travers ce discours, choisi son camp. Il a préféré être aux côtés de la majorité de son peuple que la mise à niveau sociale ne peut, selon lui, relever de l'assistance ponctuelle ou de la“Hassana“ (action caritative) spontanée. Dans ce contexte, en s'attaquant aux vulnérabilités qui fragilisent les liens sociaux et territoriaux, Mohammed VI a d'ores et déjà pris des engagements de taille qu'il ne pourra, en aucun cas, faire marche arrière. En annonçant que dans une première étape de son lancement, l'“Initiative pour le développement humain“ ciblera le renforcement de la mise à niveau sociale de 360 communes parmi les plus pauvres du monde rural, et de 250 quartiers pauvres en milieu urbain et périurbain, médinas anciennes et bidonvilles, il aurait ainsi déclaré la guerre à ceux qui, pendant des décennies, avaient bloqué toute avancée dans ce domaine, et ont souvent retardé les échéances pour préserver leurs privilèges.
Dans ce cadre, force est de souligner que le Souverain n'a décidé de mener cette bataille qu'après avoir effectué de longues tournées dans les différentes régions du Royaume. Ce qui lui avait permis de découvrir les vérités aussi bien politiques que sociales. De ce fait, il agit aujourd'hui en conséquence de ce qu'il a vu, entendu et non en fonction des rapports qui lui sont établis par les différents responsables.
D'autre part, ce qui attire le plus l'attention des observateurs et analystes européens dans ce discours, c'est l'insistance de Mohammed VI à répéter que “la problématique sociale constitue le défi majeur à relever pour la concrétisation de notre projet de société et de développement“. Cela dit, il a voulu faire comprendre à tous, sans exception, population, société civile et, plus précisément la classe politique, qu'il possède un projet de société et qu'il se battra pour qu'il réussisse. Car, il est conscient voire convaincu que c'est la seule issue pour sortir graduellement ces larges franges du peuple marocain de la pauvreté et de la marginalisation. Et, de là, éviter au pays les risques que peuvent engendrer de tels facteurs d'instabilité. Ainsi, le Roi montre à ceux qui s'intéressent aux affaires du Royaume aussi bien sur le plan interne qu'externe qu'il sait anticiper sur l'avenir. En ne parlant que du social, de ses dangers au cas où la mise à niveau sociale ne serait pas rapidement réalisée, Mohammed VI a montré qu'il vit quotidiennement avec les préoccupations de la majorité de son peuple. La preuve, veiller à la disponibilité des moyens et des mécanismes qui, d'une part, répondent aux besoins urgents et, de l'autre, préservent le projet de société. Les différentes tournées effectuées depuis son accession au Trône vont dans ce sens. Dans ce contexte, les actes et les chiffres parlent d'eux-mêmes.
Pour les “gens de peu”
L'“Initiative nationale du développement humain“, cet instrument du projet de société qui a mûri chez Mohammed VI, s'inscrit dans la vision d'ensemble qu'il tente de mettre en place depuis son arrivée aux commandes. Lorsqu'il parle du social, il n'oublie pas d'insister sur la matrice qu'est le modèle bâti sur les principes de démocratie politique, d'efficacité économique, de cohésion de travail. Et, surtout de la possibilité donnée à tout un chacun de s'épanouir en déployant pleinement ses potentialités et ses aptitudes. En abordant ce sujet, le roi du Maroc veut rappeler que les clivages sociaux persistent ; et que tout le monde doit avoir sa chance, car les inégalités restent écrasantes dans son pays . Ce qui constitue un danger d'avenir. Son projet sociétal vise sans souvent le répéter, une certaine uniformisation des modes de vie et, par là, un rapprochement des classes. En d'autres termes, réduire le fossé entre riches et pauvres en l'absence d'une forte classe moyenne qui pourrait constituer une zone tampon interdisant tout clash possible. Et, pourtant, les experts des institutions financières internationales, tels que le FMI et la Banque mondiale, évoquent, depuis plusieurs années, l'impact de la fracture sociale, d'appauvrissement grandissant d'une fraction croissante de la population marocaine. En même temps, la sensibilité de la société à la question des inégalités est redevenue plus vive. Des faits qui ont attiré encore plus l'attention du Monarque sur la gravité de cette situation, et l'ont apparemment incité à donner ces consignes pour transmettre ses réalités amères au public. Dans ce cadre, les observateurs occidentaux évoquent avec grand enthousiasme les émissions de télévision osées, diffusées par les chaînes marocaines, consacrées aux différents cas d'injustice sociale et politique ; également les articles et les enquêtes publiées par la presse écrite.
Le projet de Mohammed VI ne cache pas qu'il est pour les “gens de peu“, qu'il est fait pour eux quelles que soient les réactions des mécontents de cette orientation humaine. Ceux qui suivent de très près l'évolution en douceur de la pensée du Roi dans ce sens, remarquent qu'il accorde une importance particulière à la “méritocratie“. Cette dernière est censée aujourd'hui régir la distribution des places dans la société marocaine à laquelle le roi veut qu'elle soit démocrate de fond et non de forme. En particulier, les places les plus convoitées parce qu'elles apportent richesse, pouvoir et prestige. Ce n'est plus, d'après les termes de ce projet de société, la naissance qui décide une fois pour toutes du rang social ; mais, du moins en principe, les mérites et les talents individuels. A cet égard, les exemples de ces deux dernières années ne manquent pas. On trouve des jeunes Marocains issus de ces “gens de peu“ occuper des postes de responsabilité dans l'establishment marocain. Un processus qui aura tendance à s'élargir du fait qu'il émane de ce projet de société déjà mis sur les rails. Les outils statistiques modernes pour mesurer le degré de mobilité des sociétés et partant, pouvoir dire dans quelle mesure on peut effectivement parler de progrès vers une plus grande égalité de chance, font partie des préoccupations du jeune monarque.
Vers une forte classe moyenne
En expliquant que son initiative procède d'une conviction que la mise à niveau sociale est une tâche complexe et de longue haleine, ne peut relever de l'assistance ou de l'assistance caritative ou même d'un acquis de conscience, le Roi a voulu passer son message : Il faut construire une classe moyenne. D'ailleurs, en disant que le développement humain ne peut se concrétiser que par le biais de politiques publiques intégrées dans le cadre d'un projet global et d'une forte mobilisation tous azimuts où les dimensions politique, sociale, économique, éducationnelle et culturelle, Mohamed VI se place d'ores et déjà dans ce concept de classes moyennes ce, même, s'il n'utilise pas ce terme dans son discours. Car, il serait difficile d'atteindre les objectifs définis par son initiative sans l'existence d'une classe moyenne qui se renforcera au fil des jours. Lorsqu'il parle de l'élargissement des opportunités et les espaces de choix qui s'offrent à l'homme et à la femme marocaine ; et lorsqu'il affirme que cela ne saurait être possible que par un effort d'éradication de la pauvreté et des dénuements qui limitent les potentialités du citoyen et empêchent sa pleine participation à la vie sociale et économique, le Souverain sait mieux que quiconque que ce pas ne peut être franchi qu'avec cette catégorie du juste milieu qu'est la classe moyenne. C'est le principal défi qu'il devra confronter dans les prochaines années. Plus particulièrement avec le rapprochement de l'échéance du démantèlement tarifaire avec l'Union européenne et, l'avancée enregistrée après la signature de l'Accord de libre-échange avec les Etats-Unis.
Lorsqu'il évoque dans son discours que le monde ne cesse de changer autour de nous et nous imposer davantage de défis fragilisant nos liens sociaux et territoriaux, véhiculant des standards de consommation, des modes de vie et des schémas de pensée envahissants, Mohammed VI est conscient que son pays ne pourra faire face qu'avec une bonne organisation sociale. Et cela ne peut se faire que s'il y a une forte classe moyenne ayant une douce aisance assurant le bonheur de l'Etat. Car, si le gouvernement est entre les mains de ceux qui ont trop, ou trop peu, il sera une fougueuse démagogie, ou bien une oligarchie despotique. C'est pourquoi, la classe moyenne est bien moins exposée à tous ces excès. C'est, en effet, cette dernière qui assure aux véritables démocrates un aplomb.
Le projet de société que le Roi est en train de mettre en place depuis son accession au Trône est basé sur différents piliers dont la modération et le juste milieu sont le dénominateur-commun. La lutte en permanence contre la pauvreté, les injustices sociales et la consolidation de la classe moyenne, sont des mots qui se rejoignent. En décryptant ce dernier discours, les analystes remarquent nettement la modération dans tous ses paragraphes. Celle-ci qui est la vertu politique propre du pays des classes moyennes ; du pays où les transitions entre les classes sociales sont les plus douces et les graduations les plus nuancées. Traduction dans la politique d'un Etat social, d'un Etat nation que Mohammed VI se bat pour instaurer et le démontrer.
Avec les réformes socio-politiques en cours, à l'heure actuelle, le Maroc s'oriente vers l'essor de ses classes moyennes. D'autant que cette politique des classes moyennes devient de plus en plus souvent le centre du débat aussi bien en Occident que dans certains pays arabes qui découvrent sur le tard l'importance de cette catégorie dans la sauvegarde de leur instabilité aussi bien politique qu'économique. Si l'évolution, à tous les niveaux, dans tous les domaines, continue sur le même rythme son chemin au Maroc, les classes moyennes ne tarderont pas à former, l'appoint dont l'apport, d'un côté ou de l'autre, fera pencher la balance en faveur du projet de société initié par le Roi. Surtout lorsque les partis politiques découvriront l'importance numérique , économique et sociale de ses couches.
Il ne semble pas exagéré de dire qu'il vient de se passer quelque chose de très important dans l'orientation sociale et politique du Maroc. En effet, dans son discours purement social et humain, Mohammed VI a marqué un nouveau point en se rangeant aux côtés de la majorité de son peuple ; ne se contentant pas de définir les maux, de mettre tout le monde devant leurs responsabilités, mais de proposer les solutions. Le tout en promettant aux “gens de peu“ et aux entrepreneurs qui devraient les embaucher que de nouvelles taxes ne seront pas instituées


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