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Pour un Liban laïque
Publié dans La Gazette du Maroc le 23 - 05 - 2005


Exclusif :
Walid Joumblat :
La situation politique libanaise après l'assassinat de Rafic Hariri, les prochaines élections et le jeu confessionnel et tribal, l'évolution politique des régimes arabes et bien d'autres questions ont été au centre de l'entretien exclusif accordé à La Gazette du Maroc par le dirigeant politique libanais et secrétaire général du Parti socialiste progressiste Walid.
La Gazette du Maroc : quelle est votre lecture de la carte politique libanaise aujourd'hui ?
Walid Joumblat : l'assassinat de Rafic Hariri est une perte énorme sur le plan politique. Il était l ‘architecte de la réconciliation et de la reconstruction du Liban. Les Libanais avaient réagi massivement contre la violence et pour la première fois dans l'histoire du Moyen-orient, une commission d'enquête internationale a été mise sur pied pour élucider cet assassinat .
LGM : qui a tué Hariri ?
W.J : C'est à la commission de voir. Si son enquête aboutit, cela veut dire que l'ère des assassinats politiques est révolue.
LGM : dans son livre, Le Liban : des mots pour panser, l'écrivain Najib Zakka définit en ces termes, le pays des cèdres : le Liban est une mosaïque de paradoxes, un pays à la fois très vieux et très jeune, traditionnel et moderne, riche et misérable, démocratique et anarchique, institutionnel et féodal, cultivé et illettré. Quelle est votre recette pour que cela change ?
W.J : pour se lancer dans la modernité, comme tous les peuples du monde, je crois qu' il faudrait adopter un régime laïque au Liban. C était la pensée d'origine de mon père Kamal Joumblat. Sans la laïcité, sans un Liban séculaire, on restera dans ce genre de paradoxes que vous venez de mentionner. La laïcité réalisera l‘espoir de la jeunesse libanaise.
LGM : on assiste actuellement à des alliances contre nature sur la scène politique libanaise . En témoigne la main tendue de Michel Aoun au Hezbollah. Qu' en pensez vous !
W.J : ce qui se passe actuellement, ce sont des petites alliances politique à court terme. Ce n ‘est pas le Liban auquel aspire la jeunesse libanaise et le million de jeunes qui s'étaient rassemblés le 14 mars dernier pour dire non à violence, oui à la vérité.
LGM : vous avez déclaré en 1991 que vous préférez un Liban et une Syrie au reste du monde arabe. Par quoi vous expliquez votre revirement politique aujourd'hui. ?
W.J : si vous allez me sortir des déclarations vieilles de 15 ans, eh bien je vous dis que la Syrie a pu mettre fin à la guerre civile libanaise. Elle a également appuyé la résistance islamique libanaise pour mettre dehors l'occupant israélien. Et puis il ne faut pas oublier que la Syrie est le pivot central de stabilité au Proche-orient sans discréditer pour autant le reste du monde arabe. Damas a joué un rôle historique et c' est connu.
LGM : le 29 mai 2005, les Libanais seront appelés aux urnes dans un climat de tension politique. Comment jugez-vous la situation ?
W.J : dans cette période historique, je suis malheureusement déçu.
Maintenant, il faut que l' opposition libanaise lance un projet pour le futur. Le seul projet valable pour le futur, c'est la “déconfessionalisation“ de la scène politique libanaise. Sans cette carte là, on va rester le pays des paradoxes, un pays à la fois moderne et tribal.
LGM :parmi les paradoxes, on voit Michel Aoun tendre la main au Hezbollah tout en brandissant la menace de la création d‘un Liban chrétien .Qu'en pensez-vous ?
W.J : écoutez , les mouvements populistes peuvent tourner quelque part au fascisme. Quant au Hezbollah, il est l ‘un des piliers de l'indépendance du Liban moderne. Il y a une grande différence entre un populisme à outrance et le Hezbollah qui est un mouvement de résistance islamique bien organisé.
LGM : quelles sont vos relations avec l' Iran ?
W.J : j'ai de bonnes relations avec la République islamique d' Iran depuis longtemps. Et l' axe Damas- Téhéran a réussi à libérer le sud du Liban et constituait un contrepoids à la puissance israélienne.
LGM : le secrétaire général de l‘Onu Kofi Annan a déclaré récemment que les fermes de Chabaa sont syriennes, quel est votre commentaire ?
W.J : c'était la maladresse de la diplomatie syrienne. On aurait pu reconnaître légalement que les fermes de Chabaa étaient libanaises, on aurait gagné un lopin de terres qui nous a été pris dans les années cinquante. La diplomatie syrienne n'était pas à la hauteur…
LGM : en tant que leader libanais, comment vous percevez la présence palestinienne chez vous ?
WJ : les Palestiniens vivant au Liban ont été expulsés de Palestine en 1948. En attendant la création d'un Etat palestinien viable, proposé quelque part dans ce qu ‘on appelle la feuille de route, les Palestiniens resteront au Liban. Il faut leur donner un minimum de garanties. J'espère que George Bush leur donnera cet état dans quelque temps.
LGM : quel est votre regard sur le monde arabe aujourd'hui ?
W.J : je suis Arabe et je crois que ça vaut la peine d'être Arabe et définir l‘arabisme en termes de modernité et de démocratie. Je pense que c ‘est la seule pièce de rechange pour sortir des clivages confessionnels et sectaires et en même temps régionaux.
LGM : comment jugez-vous l'évolution des régimes arabes ?
W.J : pour vous dire la vérité, je ne connais pas très bien malheureusement le Maroc. Mais je crois qu'il y a une ébauche de changement et ça bouge dans le bon sens.
LGM : et que pensez-vous de l'initiative de George Bush pour le grand Moyen-orient ?
W.J : on n' a pas besoin de leçons de quelqu'un . On a toutes les élites et toutes les facultés possibles et imaginables. Il y a des moments historiques qui sont favorables aux changements. Je pense que ce moment est arrivé. N'oubliez pas que l'Occident avait appuyé tous les régimes dictatoriaux arabes. Je crois que nous allons vers un nouveau monde arabe. L'essentiel c‘est que les élites arabes démocratiques et laïques se rejoignent pour un nouveau monde arabe basé sur les droits de l'homme, l'égalité et la distribution équitable des richesses.
LGM : en attendant, force est de constater qu'en dépit des richesses dont regorge le monde arabe, et après 50 ans d'indépendance, plus de 50 % de la population arabe est analphabète.
W.J : j‘ai lu le rapport de l‘Onu consacré au monde arabe. Cela ne veut pas dire qu ‘on a raté le coche. On peut très bien entamer une nouvelle page de l'histoire arabe. Il faut débloquer certains régimes tyranniques et se lancer dans la modernité.
LGM : revenons à Hariri. Qui l'a tué ?
W.J : ce dossier fait l'objet d'une enquête.
LGM : vous avez quand même votre petite idée, non ?
W.J : Je ne peux pas donner mon idée. C'est à la commission d'enquête de se prononcer.
LGM : en parlant de mosaïque libanaise, de confessionnalisme et de tribalisme, comment expliquez-vous que jusqu'à aujourd'hui, la classe politique libanaise est issue de familles bourgeoises féodales. N y a-t-il pas une place pour l'émergence d'une nouvelle élite politique. On ne trouve que des Jemaïl et des Joumblat… ?
W.J : il y a des Libanais qui voient le futur et le monde moderne et d‘autres qui vivent dans le Moyen-âge. Il y aura une nouvelle élite mais il faudra d'abord casser le confessionnalisme.


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