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Comment la cellule d'Al Qaida a été démantelée au Maroc
Publié dans La Gazette du Maroc le 28 - 11 - 2005

Le démantèlement de la cellule terroriste marocaine raconté par un haut responsable sécuritaire
Deux mois de patience et de traque sans relâche ont permis aux limiers de la BNPJ de démanteler une dangereuse cellule terroriste qui s'est formée au Maroc.
Le résultat s'est fait attendre
(l'arrestation des 18 membres de la cellule terroriste), mais il était là, à l'issue “d'un pistage de proximité".
La cellule, qui a été neutralisée avant qu'elle ne prépare son paquetage pour l'Irak, fait partie de la base arrière des agents “dormants” marocains du réseau Ben Laden, basés au Maroc.
“Ils voulaient à terme mettre à feu et à sang l'ensemble du territoire. Mais auparavant, leur premier objectif étant de rallier les mouvements terroristes du GSPC (le groupe salafiste algérien pour la prédication et le combat et le GICL (le groupe islamique combattant libyen) en Algérie pour parfaire leurs entraînements en matière de maniement d'armes et d'explosifs avant de rejoindre la Syrie, pour s'infiltrer en Irak afin de combattre les Américains aux côtés des “Moujahidines” du chef opérationnel d'Al Qaida Abou Mossab Zarqaoui en Irak”. Ces révélations d'une aussi cruciale importance sont celles d'un haut responsable de la sécurité marocaine, ayant requis l'anonymat, qui a dirigé l'enquête sur la nouvelle cellule terroriste démantelée, il y a quelques jours, au Maroc. Elles nous ont été communiquées juste après que la BNPJ ( la Brigade nationale de la police judiciaire ) ait bouclé l'enquête judiciaire ( le secret de l'investigation oblige ) et présenté les 18 présumés terroristes au juge d'instruction de la Cour d'Appel de Rabat, Abdelkader Chentouf, jeudi 24 novembre dernier. Notre interlocuteur nous a révélé la chronologie de cette affaire, avec des détails sur l'itinéraire de ses deux principaux cerveaux (Khaled Azig et Mohamed Reha) infiltrés clandestinement au Maroc, leurs intentions criminelles et leurs projets contrariés.
Qui sont ces agents “dormants” ?
La cellule qui a été ainsi neutralisée avant qu'elle prépare son paquetage pour l'Irak fait partie de la base arrière des agents “dormants” marocains du réseau Ben Laden installés au Maroc comme à l'étranger. D'emblée, ce qu'on retient des résultats de l'enquête très approfondie de la BNPJ (à peu près une quinzaine de jours ), c'est que cette cellule livrée avec logistique, moyens de financement, bagages et emballage par le réseau d'Al Qaïda, était sur le point de regagner l'autre côté de la frontière pour s'exercer au jihad. On y trouve nommément : Brahim Benchekroun, Mohamed Mazouz (les deux ex-détenus de Guantanamo en liberté provisoire), Yassine Alyouine, Omar Mehdi Takhssaoui, Mohamed Ben Zouhair, Abdelkbir Chelh, Yassire Outmani, Hicham Chenaoui, Farid Moussaid, Ahmed Zemouri, Hassan Alouane (son frère a écopé d'une lourde peine dans le cadre de l'affaire du 16 mai 2003), Bouchta Boujemaâ, Ahmed Boukhir, Ahmed Alilich et Abderrahim Zejli (libéré pour manque de preuves). Ils sont pour la plupart des Casablancais, des Tangérois, et d'autres sont de la ville d'Agadir où la Salafia jihadia commence à prendre forme.
Selon notre source, l'affaire remonte au mois de juin 2005. Date à laquelle les éléments de contre-subversion de la DST avaient repéré à l'aéroport Mohammed V un certain Khaled Azig, étudiant en théologie en Syrie de son état qui a effectué plusieurs déplacements entre ce pays et la Turquie. L'action menée depuis par les renseignements, invisible, souterraine et confidentielle, ne va pas tarder à donner ses fruits. La traque sans relâche, opérée jour et nuit, et pendant quatre mois par les limiers permettra de découvrir le pot aux roses : la connexion établie et avérée entre Khaled Azig et l'autre cerveau de la cellule, le Maroco-belge Mohamed Reha, qui a rejoint le Maroc à travers le poste frontalier de Tanger. Nous sommes en septembre 2005. Mohamed Reha qui a séjourné également et à plusieurs reprises en Syrie est connu par les services marocains pour être l'un des agents recruteurs clandestins d'Al Qaida en Europe. Son arrivée au Maroc a été tout d'abord interprétée comme une réelle menace pour le pays. “On avait cru à un certain moment qu'il avait pour mission de préparer des attentats suicides au Maroc. D'où le renforcement des mesures de sécurité et du dispositif policier dans l'ensemble des sites stratégiques du pays”, explique notre interlocuteur. À ce stade de l'enquête, toute erreur ou mauvaise interprétation de la part des services sécuritaires des réels objectifs des deux ressortissants marocains pouvait faire échouer l'opération. Il fallait donc attendre, patienter, et surtout prévoir toute intervention musclée pour intercepter en tout moment les deux “jihadistes”. Un véritable embarras. Les faits et gestes des deux suspects sont examinés à la loupe aussi bien à Tanger (lieu de résidence de la famille Reha), Agadir ( celui des proches de Khaled Azig) qu'à Casablanca (le quartier général choisi par la cellule terroriste). Sans perdre du temps, Reha et Azig entrent immédiatement en contact avec plusieurs membres de la Salafia Jihadia et du mouvement Takfir wal Hijra au Maroc, ce qui laisse croire qu'ils étaient à coup sûr en train de constituer une structure terroriste au Maroc. Les deux malheureux Azig et Reha (ce dernier n'a même pas soufflé son vingtième anniversaire) vont donc effectuer plusieurs voyages dans plusieurs villes du pays, avec des voitures louées, pour y rencontrer d'éventuels jihadistes prêts au combat. Des communications interceptées au Maroc, il en ressort que Azig et Reha sont entrés en contact avec le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat qui reste l'une des branches les plus actives à l'heure actuelle dans la mouvance d'Al Qaïda au Maghreb, avec leur noyau dur installé en Algérie. Ils ont également noué des relations avec les membres du groupe islamique combattant libyen (GICL) pour faciliter l'entrée de leurs éventuels recrues par les passoires qu'offrent les fontières algériennes avec le Maroc. Mohamed Reha et Khalid Azig vont être hébergés à Casablanca et à Mohammedia chez plusieurs prévenus avant de louer deux modestes appartements, l'une à Derb Jdid et à l'autre au quartier Belvédère, pour y tenir leurs réunions en toute confidentialité. Et pour ce faire, Mohamed Reha a reçu trois virements bancaires provenant de l'Angleterre et l'Espagne, dont l'un est de 40.000 dollars US, empochés dans des différents guichets de Western Union. Les planques ainsi repérées, les intégristes en mal de jihad sont ainsi facilement repérés, pistés et traqués par les limiers chargés de l'enquête. “Les prévenus se réunissaient souvent dans l'une comme l'autre planque pour fignoler les détails de leurs opérations commandées par les dirigeants d'Al Qaida en Europe comme au Moyen-Orient et pour visionner également plusieurs cassettes vidéo appelant au jihad, comme l'enfer Russe, l'enfer des apostats, et Badr Riad et d'autres sur les guerres saintes menées en Tchétchénie, en Afghanistan et en Irak …”, fait remarquer notre source.
Messagers de la mort
Leurs principaux messagers ne sont que Brahim Benchekroun et Mohamed Mazouz (ceux-là même qui ont pu bénéficier de la liberté provisoire au début de leur procès actuellement en cour à Rabat) qui ont vite adhéré à leurs projets criminels. “Cela peut vous paraître incroyable, mais ce sont les deux ex-détenus de Guantanamo qui ont apporté le soutien logistique nécessaire aux deux cerveaux de la cellule pour repérer les agents dormants au Maroc. Ils ont gardé cette haine envers les Américains au point qu'ils ont avoué durant l'enquête qu'ils étaient prêts pour aller les affronter en Irak”, ajoute-il. Et de s'interroger : “On nous reproche le fait de chercher à crédibiliser le démantèlement de cette cellule terroriste avec l'arrestation de Brahim Benchekroun et Mohamed Mazouz. Si c'était le cas, nous n'allions pas relâcher au tout début de l'enquête Redouane Chekkouri, également un ex-détenu de Guantanamo, et Abderrahim Zejli, le cousin même de Mohamed Reha pour faute de preuves”. L'heure est grave et le moment est crucial. Faut-il pour autant intervenir et procéder aux arrestations ? Non, pas pour l'instant. La pieuvre intégriste avait des ramifications qui vont de Tanger à Agadir, en passant par Casablanca, et chaque geste irréfléchi
peut faire capoter l'opération et attirer l'attention de la cellule Mohamed Reha et Khalid Azig. La BNPJ, qui fait un excellent travail, est sur le pied de guerre et informe le QG de Rabat de tous les mouvements des membres de ladite cellule. Les journées de travail font plus de vingt-quatre heures, week-end compris. Tous les moyens sont mis en œuvre pour les filer du matin au matin. Le résultat s'est fait attendre, mais il était au bout “d'un pistage de proximité" dans tous leurs déplacements et contacts à l'intérieur du territoire national.
Chacun de son côté, chacun avec son style, les deux ressortissants ont mis à contribution leurs talents pour installer les thèses sulfureuses d'Oussama ben Laden, l'idéologue Ayman Zawahiri et le chef opérationnel Abou Mossab Zarqaoui.
Et au-delà des deux cerveaux de la cellule, c'est toute la nébuleuse intégriste fréquentant les deux planques à Casablanca qui est décortiquée dans son espace de vie, son milieu d'extraction, ses rencontres, et ses techniques de conditionnement. Et une fois que la boucle est bouclée, la BNPJ, à travers ses enquêteurs partis aux quatre coins du pays, a procédé aux arrestations et aux interpellations de la cellule de Mohamed Reha et Khalid Azig. L'action des services de sécurité, coordonnée en haut lieu à Rabat a été menée, en même temps ( le 11 novembre dernier), à Agadir, à Casablanca et à Tanger, et a permis de démanteler le réseau qui comptait une vingtaine d'intégristes Marocains de chez nous, et dont 18 personnes sont incarcérées à présent à la prison civile de Salé. Un à un, les membres de la cellule terroriste sont tombés tout bêtement dans les filets de la BNPJ et ont avoué en toute banalité leurs projets terroristes. Devant les enquêteurs, Mohamed Reha, qui n'a même pas 20 ans, n'a pas fait beaucoup d'efforts pour donner ses acolytes et l'itinéraire qu'il avait choisi pour eux. Sans aucune apparence intégriste, le Maroco-Belge a déclaré qu'il a été envoyé par Al Qaida au Maroc pour recruter des combattants pour renforcer le réseau de Ben Laden essentiellement au Maroc mais également dans le Maghreb, une organisation qui regroupe des djihadistes maghrébins. En terroriste professionnel et fier de ses réalisations, il comptait confier le groupe marocain au GSPC en Algérie (une zone de non-droit) pour parfaire, sans risques, leur entraînement militaire dans les maquis qui disposent en son sein encore des “instructeurs” afghans. Une fois bien entraînés, les moujahidines allaient être dépêchés en Syrie, puis en Irak, pour combattre l'ennemi américain aux côtés des bandes armées d'Abou Moussab Zarqaoui. Ce n'est qu'après avoir pratiqué “la guerre sainte” dans cette zone de haute tension, que le commando marocain allait retourner au pays pour y exercer le jihad.
Selon les résultats de l'enquête, Mohamed Reha est considéré non seulement comme l'une des têtes pensantes du mouvement Attawhid wal Jihad, mais également comme l'un des relais principaux au Maroc entre cette mouvance et le réseau terroriste international, Al Qaïda. “La famille Reha est connue de tous les services sécuritaires du monde. C'est une famille radicale, intégriste, dont les membres font l'objet de plusieurs avis de recherche sur le plan international”, poursuit notre source.
C'est lui qui se chargeait notamment de convoyer les fonds qui devaient servir à financer les activités des extrémistes islamistes marocains. Selon le parquet de Rabat, “il recevait des fonds de parties étrangères appartenant à Al Qaïda". L'argent était destiné à financer les activités de l'organisation intégriste locale qui se chargerait ultérieurement de projeter des actes terroristes à l'intérieur du pays.
Mohamed Reha faisait d'ailleurs des déplacements fréquents en Turquie et en Syrie, où il rencontrait régulièrement de grosses pointures, comme Khalid Azig. À Tanger, dans le domicile de son oncle, au cours d'une perquisition opérée par la BNPJ, les enquêteurs ont saisi des cartes de sites stratégiques marocains et des documents, et des discours sur le jihad des chefs d'Al Qaida. Ils ont également intercepté deux émissaires, venant de la Belgique pour rejoindre leur compagnon d'armes Mohamed Reha.
A Casablanca, également, les limiers ont saisi des CD du Jihad, des photos d'autres sites, des ordinateurs, des portables téléphoniques, des faux passeports… Déférés à deux reprises devant le procureur général du Roi de la Cour d'Appel de Salé, Hussein Houdaya, les 18 membres de la cellule terroriste démantelée, ont été placés dans le centre de détention de la même ville en attendant d'être présentés au juge d'instruction chargé de l'affaire. De toutes les manières, conclut notre source, ils seront jugés en vertu de la loi antiterroriste votée au Maroc après les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. La boucle est bouclée. Et la vie continue.


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