Alors que la majorité des analystes politiques et la presse arabe affirmaient que la famille régnante koweïtienne allait vers une confrontation inévitable, La Gazette du Maroc avait titré dans son numéro du lundi 23 janvier sur la " raison qui restera de mise " dans cette épreuve de succession. La famille Al-Sabah a, en fin de compte, réussi à surmonter cette crise malgré tout ce qui a été dit sur les négociations discrètes effectuées dans les couloirs des palais ; aussi sur l'"écartement " de l'émir provisoire, Cheikh Saâd Al-Abdallah, aimé toujours et respecté par le peuple koweïtien. Les Koweïtiens comme toutes les autres populations de la région du Golfe ont été préoccupés ces derniers jours par le sort de cette crise. Ils espéraient jusqu'à la dernière minute voir une entente familiale à travers une démission et non une solution constitutionnelle, ce, afin de préserver le prestige de Cheikh Saâd ainsi que son passé. Les Chioukhs de la famille régnante sont conscients que la solution de la crise par l'intervention du Parlement aura probablement des répercussions morales non souhaitées… Le transfert du pouvoir à travers la tutelle du parlement constitue un précédent constitutionnel qui secouera avec le temps l'image de la famille Al-Sabah. Ce dernier qui est reconnu comme étant l'essentiel de la légitimité de la stabilité politique de cet émirat depuis son indépendance. Mais l'attachement d'Al-Sabah à la constitution est censé effacer rapidement ce qui s'est passé la semaine dernière. La crise du Golfe a été sans doute bénéfique au Koweït comme à son environnement du Golfe. Sur le plan interne, la légitimité de la famille Al-Sabah a prouvé son attachement à la constitution et au respect de ses institutions. D'autre part, le peuple koweïtien a montré qu'il est toujours avec Al-Sabah et défend son unité. Et comme la crise de l'invasion du Koweït par l'armée irakienne avait renouvelé la légitimité de cette famille régnante, cette nouvelle épreuve a été comme une nouvelle " Moubayaâ ". Le plus significatif, c'est que le Koweït a surmonté une crise que plusieurs Etats arabes sont en train de confronter. L'existence d'un Parlement élu et d'une constitution intouchable, a fait sentir au citoyen koweïtien que la crise qu'a connue le pays après le départ de Cheikh Jaber Al-Ahmad Al-Sabah, était un problème familial et non étatique. Cela dit, Al-Sabah avait réussi à bâtir un establishment basé sur des institutions qui ne tombera pas avec une quelconque crise passagère. Celui qui a suivi de près l'évolution de cette crise a sans doute remarqué que le dialogue entre les Koweïtiens se passait dans des cadres constitutionnels et transparents. C'est une première ou presque au niveau du monde arabe. Pis, les médias koweïtiens avaient traité cette crise avec une liberté totale alors que leurs homologues des pays arabes, et plus particulièrement du Golfe, ne l'avaient pas fait. De ce fait, la joie des Koweïtiens à l'égard de la fin de cette crise et de la nouvelle " Moubayaâ " reflète la joie quant à la solidité de leur régime politique même si ce dernier avait navigué à vue ces quatre dernières années. Les Koweïtiens sont contents vis-à-vis de la capacité de leur pays à faire face aux crises politiques qui passaient le plus souvent par des guerres civiles ou des liquidations physiques et l'installation de l'instabilité. La manière avec laquelle cette crise a été dénouée et sa fin non douloureuse auront des répercussions positives sur l'économie koweïtienne de plus en plus performante. Cela attirera de nouveau les investissements étrangers qui avaient été jusque-là plus ou moins réticents. Il est certain que ce qui s'est passé au Koweït ces derniers jours aura aussi une retombée positive sur le reste des pays du Golfe. Cette crise a montré que ceux-ci sont, contrairement aux différents constats et aux petites querelles frontalières ou autres, soudés au moment des grandes difficultés. Leurs médias l'avaient confirmé en traitant avec une grande précaution les informations sans jamais jouer le jeu des spéculations. L'arrivée du sage et réformateur, Cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, donnera un élan à ce pays arabe tout en consolidant son expérience en matière de démocratie et de stabilité.