Le 46e Moussem culturel international d'Assilah (édition d'automne 2025) a vu le jury du Prix Tchicaya U Tam'si de la poésie africaine se réunir pour sa treizième édition. Dans son communiqué, l'instance précise que «le jury s'est réuni récemment pour célébrer des parcours poétiques majeurs et distinguer des figures africaines dont l'œuvre illustre pleinement l'excellence et l'esprit du Prix». Après l'examen attentif de candidatures venues de diverses nationalités et langues, et au terme de délibérations approfondies, les membres déclarent «avoir décerné à l'unanimité le Prix Tchicaya U Tam'si (13e édition) à la poétesse ivoirienne Tanella Boni, en reconnaissance de son parcours intellectuel, de la richesse et de la valeur de son œuvre poétique ainsi que de la profondeur humaine qui caractérisent son art, valeurs fondamentales du Prix». Le jury, présidé par le poète sénégalais M. Amadou Lamine Sall — président de la Biennale internationale de la poésie à Dakar et lui-même lauréat du Prix Tchicaya U Tam'si en 2018 — réunit l'écrivain et journaliste mauritanien Bios Diallo, le poète et universitaire marocain Nabil Mansar, le professeur sénégalais Abou Mbow, l'écrivain ivoirien Mohamed Nda, la directrice française du Crystal Théâtre Catherine Savart, et le secrétaire général de la Fondation Forum Assilah, Hatim Betioui. Une voix féminine emblématique et transcontinentale Le communiqué souligne que Tanella Boni, «figure majeure de la littérature africaine contemporaine et voix féminine emblématique, explore dans son œuvre poétique des thèmes tels que l'identité, la condition des femmes et les transformations de la société africaine». Née à Abidjan en 1954, ses écrits se distinguent par «l'entrelacement de l'engagement social et culturel avec une exigence esthétique affirmée». Poétesse, romancière et philosophe, elle est membre associé de l'Académie du Royaume du Maroc et fut présidente de l'Union des écrivains de Côte d'Ivoire de 1991 à 1997. Le texte rappelle qu'elle «a également contribué à de nombreux projets littéraires et culturels, notamment à l'organisation du Festival international de poésie d'Abidjan». Le communiqué insiste sur «une écriture sobre et dense, mêlant exigence esthétique et engagement social, donnant voix à celles et ceux qui demeurent souvent inaudibles» et sur «une vocation poétique, révélée dès ses années de collège et affirmée tout au long de son parcours, y compris lorsqu'elle s'est orientée vers la philosophie, le roman et l'essai». L'auteur est reconnue au-delà du continent africain. Elle «a été honorée au Salon international du livre d'Abidjan en 2023, un hommage vibrant à une trajectoire créative d'exception et est également lauréate de nombreuses prestigieuses distinctions», parmi lesquelles le Prix Ahmadou Kourouma (2005), le Prix Antonio Viccaro (2009), le Prix Théophile Gautier de l'Académie française (2018) et le Prix du Festival international de poésie francophone (2023). La remise du Prix aura lieu le jeudi 9 octobre 2025 lors d'une cérémonie officielle en présence de l'ensemble des membres du jury présidé par Amadou Lamine Sall. Tanella Boni devient la deuxième poétesse ivoirienne distinguée par cette récompense, déjà attribuée à des figures telles qu'Edward J. Maunick, René Depestre, Mazini Kunene, Ahmed Abdel Mo'ti Higazi, Jean-Baptiste Loutard, Vera Duarte, Abdelkrim El Tabbal, Nini Osundare, Fama Diagne Sene et Mehdi Akhrif, Josué Guéb, Amadou Lamine Sall et Paul Dakeyo. Enfin, le communiqué rappelle qu'en 1988, «lors de la 11e édition du Moussem, feu Mohamed Benaïssa, alors secrétaire général de la Fondation, annonça la création d'un prix dédié à la poésie africaine, décerné tous les trois ans à un poète africain de renom». Ce prix, baptisé «Prix Tchicaya U Tam'si de la poésie africaine», rend hommage «au regretté poète congolais Tchicaya U Tam'si, qui participait régulièrement aux Moussems d'Assilah depuis 1981».