La vision du Maroc concernant la migration, présentée, en novembre 2017 à Abidjan, par le roi Mohammed VI, a été au centre de l'allocution prononcée, hier à New York, par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. En marge de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le ministre des Affaires étrangères a pris part à un dialogue stratégique de haut niveau sur la migration, sous le thème : «La migration à la croisée des chemins : un dialogue stratégique pour un monde en mutation». Nasser Bourita a profité de cette tribune internationale pour détailler les principes de la politique migratoire du Maroc, en place depuis septembre 2013. Il a affirmé que «le Royaume dispose d'une vision claire et cohérente, guidée par les Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Leader africain sur la question migratoire». En effet, le souverain a été mandaté par l'Union africaine pour présenter la vision du continent sur ce sujet lors du sommet UA-UE de novembre 2017 à Abidjan, où il a cherché à rectifier certaines idées fausses largement répandues en Europe concernant la migration. S'inscrivant dans la lignée royale, le chef de la diplomatie a expliqué que «le Maroc, en tant que pays d'origine, de transit et de destination, défend une approche fondée sur la solidarité, la responsabilité partagée et les solutions conjointes». Il a salué «le partenariat maroco-espagnol, reflet d'une approche pragmatique et efficace». Les mises en garde du Maroc Le ministre a souligné que la politique migratoire du royaume est en accord avec «l'Agenda africain sur la migration, approuvé par l'Union africaine comme cadre continental de référence». Elle repose également sur «l'engagement constant du Maroc dans la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté à Marrakech en décembre 2018», et entériné par l'Assemblée générale de l'ONU le même mois. Fort de son leadership, le Maroc accueille à Rabat le siège de l'Observatoire africain de la migration, inauguré officiellement le 18 décembre 2020, coïncidant avec la Journée internationale des migrants. Dans son discours, le ministre a averti que la migration «est trop souvent politisée et réduite à des slogans, alors que les migrants représentent une force économique et sociale essentielle». Il a également noté que «le système multilatéral, censé soutenir les efforts des Etats, est fragilisé par l'écart entre son mandat et les ressources limitées qui lui sont allouées». Il a mis en garde contre «le risque que la prochaine réunion d'examen du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ne devienne qu'un "exercice procédural" au lieu d'une véritable opportunité pour renforcer la gouvernance concertée de la migration». Lors de son discours au sommet UA-UE de novembre 2017 à Abidjan, le roi Mohammed VI avait déjà contesté certaines «vérités infondées» sur les migrants africains, affirmant que la migration africaine «n'est pas intercontinentale, mais d'abord intra-africaine : sur 5 Africains qui se déplacent, 4 restent en Afrique». Il avait également précisé que «la migration irrégulière n'est pas majoritaire : elle ne représente que 20 % de la migration internationale; la migration n'appauvrit pas les pays d'accueil : 85 % des gains des migrants restent dans les pays d'accueil. Et enfin, il n'y a plus de distinction entre pays d'émigration, de transit et d'installation».