Ismaïl Douiri Baigné depuis sa naissance dans un environnement familial intellectuel, Ismaïl Douiri a mené une brillante carrière scolaire, universitaire mais aussi professionnelle. De Westinghouse à Morgan Stanley en passant par CFG (Casablanca Finance Group), il a réalisé un parcours sans faute qui l'a mené plus tard à mettre en place sa propre société, Dial Technologies, créée en association avec son grand ami, Ali Benbrahim. Jeune, précis dans ses propos et quand il veut transmettre un message à son interlocuteur, il s'efforce de développer des arguments convaincants. Lui, c'est Ismaïl Douiri, frère de Adil Douiri, le célèbre technocrate et expert des marchés financiers qui a fondé Casablanca Finance Group, la prestigieuse banque d'affaires marocaine. Issu d'une famille au passé très nationaliste, Ismaïl a vécu dans un entourage qui a accordé la priorité à l'effort intellectuel. Son éducation basée sur la rigueur et l'esprit d'émulation a fait de lui un garçon presque «programmé» pour réussir dans les études. Baigné depuis sa naissance dans cet esprit, il a mené une brillante carrière scolaire et universitaire qui l'a conduit jusqu'aux Etats-Unis, dernière étape de cette carrière, pour obtenir un MBA généraliste. Mais, avant de s'envoler pour l'étranger, c'est au Maroc, à Rabat plus exactement, qu' il a débuté son parcours scolaire. D'abord dans une école primaire créée dans les années 40 par son grand-père, mais qui porte le nom de l'oncle de ce dernier, Guessous, légataire du terrain sur lequel cette école a été édifiée. «Sa création en pleine période coloniale française symbolisait, à l'époque, un acte éminemment nationaliste», tient-il à préciser. Après, il entre au Lycée Dar Assalam où il n'a pas pu obtenir son baccalauréat pour avoir choisi, à l'âge de 15 ans, de quitter le Maroc pour la France où il a fait sa terminale au Lycée Louis Le Grand. Le bac français en poche, il s'inscrit dans les filières Maths Sup et Maths Spé dont il décroche les diplômes ce qui lui permet d'accéder à la prestigieuse école Polytechnique sur un simple concours d'entrée. Deux ans après, il intègre Télécom Paris, une école très réputée en France pour la qualité des profils d'ingénieurs qu'elle forme pour le compte des entreprises de télécoms. Cette école marque alors la fin de la première partie de sa carrière universitaire pour entamer tout de suite après sa carrière professionnelle. Le destin le mènera alors aux Etats-Unis, le pays dont il rêvait depuis toujours. Il intègre la société américaine Westinghouse où il a passé une période de deux ans équitablement répartis entre les Etats-Unis et le Maroc. Il rappelle que cette société américaine avait conclu un contrat de partenariat avec l'aviation civile américaine. Son bref passage au pays de l'Oncle Sam était l'occasion pour lui de découvrir un pays autrement performant où il souhaitait revenir pour un autre cycle d'études. Mais, il le savait très bien : souscrire à un MBA aux Etats-Unis est un acte qui exige le cumul d'un certain nombre d'années d'expérience pour un minimum de 3 ans. Restructuration de la recherche à CFG Après avoir quitté Westinghouse, il entre à CFG, aux côtés de son frère, pour s'occuper du volet informatique et télécoms de la banque d'affaires. Mais, très vite, il entame sa bifurcation pour l'analyse et la recherche. Il prend en charge la mission de la restructuration de ce département qui était très balbutiant à l'époque puisqu'il n'employait qu'une seule personne qui ne faisait pas forcément de la recherche, mais seulement de la documentation. Au bout de quelque temps, Ismaïl Douiri transforme le département recherche de CFG en une direction à part entière qui comptait plus de 7 personnes dont les responsabilités sont réparties entre les différents secteurs d'activité économique qui composent la cote de la Bourse de Casablanca. L'effort de restructuration déployé pour développer ce département a été rendu possible grâce à la réforme financière mise en place en 1993 et qui a concouru pendant la période 94-97 à faire entrer la Bourse de Casablanca dans une belle époque que tout le monde garde en mémoire. Toujours attiré par une expérience universitaire aux Etats-Unis, il s'envole en 1998 pour ce pays où il décide d'obtenir un MBA généraliste. Alors que ce prestigieux diplôme se prépare en deux ans, lui, il le décroche en une année et demie, de janvier 1998 à juin 1999. Tout de suite après, direction : Londres. Il entre dans l'une des plus prestigieuses banques d'affaires du monde : Morgan Stanley. Durant une période de six mois, il s'est consacré au secteur des télécoms dont les valeurs cotées en bourse ont connu, à cette époque-là, un grand engouement de la part des investisseurs. «C'était deux ou trois heures de sommeil par jour», assure-t-il. Néanmoins, parce qu'il fallait boucler très vite les opérations sans aucune préparation d'importance, cette expérience a été, de son avis, peu intéressante sur le plan intellectuel. Une fois sa mission terminée, il retourne au Maroc, mu par l'ambition de créer sa propre affaire. Mais, avant de la mettre en place, il lui a fallu cinq à six mois de réflexion pour réaliser ses études. Convaincu de l'avenir prometteur des nouvelles technologies de l'information au Maroc et aidé par l'explosion de la téléphonie mobile, Ismaïl Douiri lance, en association avec Ali Benbrahim, son grand ami, la société Dial Technologies. Les fonds, il les trouve grâce à des concours financiers de certaines personnes physiques, mais aussi grâce à CFG qui est entré dans le capital de la start-up à hauteur de 10%. Projet à haut risque Pour obtenir ce fonds de capital-risque, CFG a classé la société Dial Technologies dans la catégorie des investissements à haut risque, d'où l'exigence faite aux jeunes promoteurs de réaliser des retours importants sur investissement, histoire de justifier le risque pris par les actionnaires. Plus d'une année après son lancement, la société mise en place par Ismaïl Douiri se trouve toujours en phase d'investissement dans l'espoir de la dépasser d'ici 2003. Par rapport aux objectifs initialement fixés, Ismaïl affiche une grande satisfaction quant à la taille importante de la base de données que sa société a réussi à constituer en un laps de temps relativement court. Cette base de données se compose, selon lui, de trois grands types de clients : le grand public à travers le portail Dialy, les entreprises et les opérateurs. «Sur l'axe des opérateurs, on est plutôt en avance car on a réalisé pas mal de prestations pour leur compte», estime-t-il. Et d'ajouter : «par contre, sur le segment du grand public, l'avance se ressent au niveau du nombre d'usagers, mais pas au niveau du chiffre d'affaires réalisé». Motif invoqué : la faiblesse du taux de conversion que provoque une bonne partie des clients qui bénéficient au départ d'un certain nombre de gratuités, mais qui ne rechargent pas leurs cartes une fois qu'ils ont épuisé ces services gratuits. «Toutefois, ceux qui rechargent pour la seconde fois leurs cartes affichent une grande fidélité pour nos services» reconnaît Ismaïl qui avance qu'une grande partie du chiffre d'affaires de sa société provient de services rendus aux opérateurs. Chez les entreprises auxquelles le patron de Dial Technologies reproche la persistance d'une relative culture de résistance à la technologie et à la performance, le processus est plutôt long que fastidieux. «Difficile de pénétrer dans certaines entreprises, pourtant grandes et bien structurées sur le plan informatique», s'insurge-t-il. Mais, selon lui, le grand changement doit provenir des opérateurs.