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Madrid ou le dialogue des sourds
Publié dans La Gazette du Maroc le 29 - 07 - 2002

Pour ramener les relations maroco-espagnoles à un niveau normal, la thérapie semble toute trouvée : “ parler, parler et parler ”, estime le chef de la diplomatie espagnole. Mais parler de quoi ? Et c'est à ce niveau que Rabat et Madrid divergent.
L'accueil qui a été réservé la semaine dernière à Rabat au chef de la diplomatie espagnole, reçue à l'aéroport par un simple fonctionnaire, a été qualifié par Ana Palacio de “ correct ”. Lucide, le tout nouveau ministre des Affaires étrangères de l'Espagne ne s'attendait nullement à être accueillie, après l'agression contre le Maroc, par la fantasia des grands jours. Elle s'est toutefois dite “ contente ”, de n'avoir pas dérogé à la règle qui veut que le Royaume marocain soit la première destination, en dehors de l'Union européenne où se rend le tout nouveau chef de la diplomatie du Royaume ibérique.
La rencontre de Rabat entre le ministre des Affaires étrangères marocain, Mohamed Benaïssa et son homologue espagnole a peut-être duré une heure de plus que prévu. Elle est cependant restée focalisée sur un seul sujet, l'entérinement de l'accord sur Leïla, dans les termes entendus par le parrain des négociations, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell.
Les deux délégations se sont quittées dans une ambiance à peine moins glaciale qu'au début de la réunion avec la promesse de se retrouver à Madrid en septembre, dans une difficile tentative de rétablir la confiance entre les deux capitales. Le retour des ambassadeurs du Maroc et de l'Espagne à leurs postes respectifs devra attendre de meilleurs jours, probablement après la réunion prévue dans la capitale espagnole. Si elle a lieu.
L'accord qui ne tranche pas sur le statut juridique de l'îlot Leïla, ni n'évoque les autres sujets du contentieux maroco-espagnol, a été accueilli partout avec soulagement, puisqu'il met un terme à une situation explosive en Méditerranée occidentale. En Espagne, l'essentiel des forces politiques continue de se ranger inconditionnellement derrière le gouvernement Aznar. Mais ici et là des voix se sont élevées pour dénoncer la diplomatie de la canonnière de Madrid. Celle de Jordi Pujol n'est pas des moindres. Le chef du gouvernement de la région catalane, la plus développée d'Espagne, a considéré que le retour du statu quo n'était pas suffisant et qu'il est impératif de revoir toute la vision qu'a Madrid du Maroc et des relations qu'il entretient avec lui. Soulignant qu'il est de l'intérêt de l'Espagne que le “ Maroc soit dans une bonne situation ”, Pujol a invité son pays à “ comprendre son voisin et à se comporter avec lui de la même manière qu'il le fait avec ses autres partenaires, Anglais, Japonais, Allemands ou Chinois ”.
Des journaux espagnols ont adopté la même attitude en appelant les dirigeants politiques et militaires de l'Espagne à “ placer les relations avec le Maroc dans une optique d'avenir, basée sur le respect de la dignité d'un pays voisin ”. C'est le cas notamment de la revue “ La Clave ” qui “ précise que l'Espagne “ ne pourra avoir une politique marocaine crédible tant qu'elle n'a pas liquidé ses résidus coloniaux au Maroc ”.
L'hebdomadaire “ L'intervu ” s'interroge quant à lui sur ce qui se passera “ le jour où le Roi Mohammed VI concentrera, comme lors de la Marche Verte, des centaines de milliers de Marocains aux portes de Sebta et Melillia. A quoi vont servir les frégates, les avions, l'ardeur du guerrier, et le mandat constitutionnel de défendre l'intégrité de l'Etat ? Ferions-nous un pas en arrière et placerions-nous la politique extérieure au service de la politique de la guerre ? ”
La question est d'autant plus d'actualité que la revue Cambio 16 relève que “ le Roi Mohammed VI plus enclin que le Roi Hassan II à revendiquer Sebta et Mellilia au sein des organismes internationaux, (…) prépare la future donne ” avec le conflit du Sahara et Sebta et Mellilia comme objectif.
Au sein du Parlement européen, la crise maroco-espagnole est plutôt vue comme un “ prétexte pour attirer l'attention sur une situation explosive ”, dans la région, notamment le différend entre le Maroc et l'Algérie, même si, comme le souligne le haut représentant de la politique extérieure européenne, le socialiste et ancien chef de la diplomatie espagnole, Javier Solana, il serait “ impossible ” de parvenir actuellement à un “ consensus ” sur la question du Sahara entre les quinze. Des eurodéputés n'ont pas manqué dans ce sens de noter que l'arrangement concernant l'îlot Leïla est loin de constituer une solution durable si l'on ne met pas sur la table la question de Sebta et Mellilia . Le propos était encore plus clair à l'assemblée parlementaire de l'OTAN.
Le président de cette assemblée, Rafael Esterella, rappelant que l'Alliance atlantique ne considérait pas le Maroc comme un pays hostile, a affirmé que l'assemblée parlementaire de l'OTAN n'avait jamais considéré que l'île Tourah-Leïla était un territoire espagnol. Ce député socialiste a, en outre, critiqué la démarche du gouvernement espagnol durant la crise en permettant aux Etats-Unis d'assumer le rôle de médiateur, ce qui a mis en évidence l'incapacité de dialogue entre le Maroc et l'Espagne.
C'est cette incapacité que la réunion de Rabat, considérée par Ana Palacio, comme “ une première étape vers la normalisation”, a essayé péniblement de surmonter. Pour ramener les relations maroco-espagnoles, sinon au beau fixe, du moins à un niveau normal, la thérapie est tout indiquée, selon la chef de la diplomatie d'Espagne : “ parler, parler et parler ”. Mais parler de quoi ? C'est sur ce plan que Rabat et Madrid continuent de diverger.
Non seulement Madrid a poursuivi sa politique de l'amalgame en établissant une relation entre l'opération marocaine sur l'île Leïla et les menées sionistes en Palestine mais pour le Royaume ibérique Sebta et Mellilia ne peuvent faire l'objet d'aucune discussion, ces deux villes occupées étant à ses yeux “ des territoires européens ”. Sur le Sahara, Madrid persiste et signe la même hostilité à l'accord-cadre concocté au sein de l'ONU par le secrétaire général de l'organisation, Kofi Annan et l'ancien secrétaire d'Etat américain James Baker. Et il y a fort à parier que sur la prospection pétrolière dans la zone économique marocaine au large des îles Canaries, Madrid ne montrera pas plus de meilleures dispositions.
Ce n'est naturellement pas ainsi que l'entend Rabat. Pour le Maroc, l'examen des relations avec l'Espagne est un package indissociable où il faut tout mettre à plat pour atteindre l'harmonie souhaitée.
Le Sahara, le contentieux territorial au Nord, la coopération économique constituent un tout dans une perspective bien précise : en finir avec l'occupation espagnole au Nord de l'Afrique et inscrire le Royaume marocain comme un partenaire à part entière dans l'espace euro-méditerranéen, notamment au plan stratégique du contrôle de l'accès du détroit de Gibraltar et du maintien de la paix en Méditerranée occidentale. Autrement, le dialogue restera celui des sourds.


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