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Droits des femmes : les associations sont déçues mais ne baissent pas les bras
Publié dans La Vie éco le 10 - 03 - 2017

La mobilisation de la société civile a permis des avancées juridiques. Mais la conformité de la législation avec les principes de la non-discrimination et de l'égalité se fait attendre. Les militantes réclament haut et fort l'autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination...
Le respect des droits et le rôle des femmes ont évolué de manière positive durant les dernières années, mais il reste beaucoup à faire encore. C'est le bilan qu'avancent unanimement les militantes pour les droits des femmes. Déçu, le mouvement féministe déprime, selon Mme Nouzha Skalli, militante et ancien ministre de la famille et de la solidarité. Cependant, les associations ne comptent pas baisser les bras. Le combat est, et demeurera, quotidien pour une égalité des droits.
Aujourd'hui, avance Rabea Naciri, présidente de l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM), «du point de vue normatif et juridique, les avancées sont réelles quoique inégales d'un domaine à l'autre. Nous pouvons dire que, globalement, grâce à la mobilisation de plusieurs secteurs de la société civile, et notamment le mouvement des femmes, les acquis sont là et on ne peut que s'en féliciter. Toutefois, il reste beaucoup à faire pour conformer la législation nationale avec le principe de l'égalité du genre et de la non-discrimination en raison du sexe. Ces principes, consacrés par ailleurs par la Constitution, constituent le fondement du système international des droits de l'Homme». Et de poursuivre : «Malgré l'impact des récentes réformes juridiques et de politiques publiques, le bilan reste plutôt négatif. Nous restons à la traîne par rapport à des pays à niveau de développement similaire, en termes d'écarts hommes/femmes dans le domaine de l'alphabétisation, d'années de scolarisation, de santé maternelle, d'accès à un emploi décent et rémunéré et de participation politique et publique».
Les inégalités sont-elles toujours bien ancrées? Et pourquoi les divers chantiers de réformes lancés n'ont-ils toujours pas abouti ?
Au début des années 90, la mobilisation des associations féminines pour l'égalité des droits débouche sur la révision de différents textes portant sur la famille, le travail ou encore le domaine pénal. En 1993, la réforme du Code de la famille (Moudawana) garantit les droits fondamentaux à tous les citoyens marocains. Toutefois, ces textes sont, selon les militantes pour les droits des femmes, subordonnés au droit musulman et placent la femme sous la dépendance du mari et du père. C'est ce statut de femme mineure qui sera définitivement aboli dans le nouveau Code de la famille de 2004: la femme devient enfin conjointement responsable de sa famille, au même titre que son époux. Un principe également consacré par la Constitution de 2011. Mais les associations féminines soulignent amèrement que les mesures ou les instruments garantissant les dispositions constitutionnelles et du Code de la famille ne sont pas actionnés. Pourquoi ce retard ?
Répondant à cette question, Nouzha Skalli estime «qu'il y a eu durant ces cinq dernières années un blocage qui a pénalisé la cause féminine. Il y a, à mon avis, un manque de coordination entre le gouvernement et la société civile. Résultat : les changements auxquels on aspirait n'ont pas eu lieu». En effet dans un rapport élaboré en 2015 par une quarantaine d'associations féministes, les auteurs relèvent la persistance des inégalités entre hommes et femmes. Il en ressort que si la Constitution de 2011 prévoit 18 dispositions relatives aux droits de la femme, leur application ne s'est toujours pas faite en raison de la non-publication des lois et du défaut d'adaptation de l'arsenal juridique. Le rapport dénonce, à travers plusieurs indicateurs, la faible alphabétisation des femmes par rapport aux hommes et les inégalités d'accès aux soins lorsque l'on considère les conditions d'accouchement en milieu rural. En ce qui concerne l'emploi, le rapport précise que le travail des femmes, en particulier dans le milieu rural, se caractérise par l'importance de la précarité, de la pénibilité, la faiblesse de la rémunération et l'absence de la protection sociale. Enfin, autre indicateur révélateur, la prédominance de la violence à l'encontre des femmes : plus de 60% d'entre elles déclarent en être victimes, dont 55% dans le cadre conjugal.
Le train vers l'égalité est en marche, mais il se heurte à la lenteur politique...
Pour la présidente de l'ADFM, Rabéa Naciri, «on peut donner des exemples à l'infini pour montrer la relation dialectique entre les réformes juridiques et le vécu des femmes. Bien évidemment, les résistances à l'application des lois, lorsqu'elles visent à rétablir les droits des femmes, sont plus importantes». Elle ajoutera que «la question, donc, n'est pas d'opposer les réformes juridiques à ce qui est appelé les réalités du terrain. Car ces réalités ne sont pas fortuites. Elles sont le produit des choix et orientations des politiques nationales. Elles ne relèvent pas d'un destin ; celui des femmes à être analphabètes, pauvres, marginalisées, mais bien des choix faits par le pays depuis l'indépendance». Ce qui est corroboré par les propos de Mme Skalli : «il y a un blocage politique et un conservatisme idéologique qui font qu'aujourd'hui les réformes enregistrent un grand retard et que le Maroc arrive bien après les pays de la région, notamment en matière de participation politique des femmes». L'ancien ministre de la famille et de la solidarité déplore le retard pris sur la mise en place de l'autorité de la parité et de la lutte contre toutes formes de discriminations à l'égard des femmes, «cette instance que nous voulons indépendante afin qu'elle puisse jouer un véritable rôle de monitoring et de régulateur afin de garantir une égalité réelle entre les hommes et les femmes», souligne-t-elle. Au-delà de cette instance, il est clair qu'il faut accélérer d'autres projets de lois, notamment celui relatif à la violence à l'égard des femmes, au conseil de la famille ainsi que la révision de certaines dispositions du code de la famille et du code pénal.
Dans le milieu associatif, on estime que le combat pour l'égalité est en marche, mais il est confronté à une lente évolution des mentalités et une lenteur politique, voire à une absence de volonté politique. Et pour dépasser ces entraves, les militantes estiment que les priorités, pour faire avancer la cause féminine, sont de plusieurs ordres et doivent viser, explique Rabea Naciri, à la fois «la promotion de l'égalité formelle par le biais de l'abolition de toutes les dispositions discriminatoires dans tout l'arsenal juridique, sans exception aucune car garder une seule discrimination revient à saper la philosophie et la cohérence d'ensemble de l'édifice juridique et réglementaire. Et également la promotion de l'égalité réelle et effective à travers l'élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques visant à rendre effectives l'égalité et la justice sociale dans la vie réelle des femmes et filles. Ces objectifs ne profiteront pas uniquement aux femmes mais contribueront au progrès de la société toute entière». Cela permettra de corriger la situation actuelle du pays en matière d'égalité. Les associations féminines ne manquent pas de signaler que dans ce domaine la situation du Maroc est peu enviable si l'on se réfère aux conclusions du rapport mondial de 2015 sur l'écart entre les genres. Le pays est classé à la 139e place sur 145 pays, soit six places de moins par rapport à l'édition précédente. Ce classement est fait sur la base de critères précis relatifs aux domaines de l'éducation, de la santé, de la participation à l'économie et à la politique. Globalement, le Maroc se situe, au niveau des pays du Maghreb, au dernier rang derrière la Tunisie (127e), l'Algérie (128e) et la Mauritanie (132e). Par ailleurs, il est classé à la même place que la Jordanie, devançant l'Iran (141e place), le Tchad (142e), la Syrie (143e), le Pakistan (144e) et le Yémen (145e). Par secteurs, le Maroc occupe, en matière d'éducation, la 123e place en raison du faible taux d'alphabétisation des femmes qui reste inférieur à celui des hommes. En matière de participation à l'économie, le Maroc se classe à la 140e place alors qu'en ce qui concerne la participation des femmes à la vie politique, il occupe un meilleur rang (97e). On peut retenir, pour l'exemple, que le Koweït arrive à la 117e place et est ainsi le premier pays arabe au classement, Par ailleurs, le Rwanda (6e) est le premier pays africain. L'Islande arrive en tête du classement, suivie de la Norvège et de la Suède.


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