L'évolution du marché au premier semestre était moins bonne que prévu. Pourtant, tous les facteurs qui ont boosté le Masi en 2016 sont toujours d'actualité. L'impact du retard de formation du gouvernement devrait se dissiper après les vacances d'été. Le marché boursier a bouclé la première moitié de 2017. Et le moins que l'on puisse dire est que le bilan est plutôt mitigé selon les principaux indicateurs de la place et les témoignages recueillis auprès des professionnels. Au 23 juin, le Masi affichait une progression depuis le début de l'année de 2,68%. Une évolution certes positive mais moins forte qu'attendu. En effet, depuis le début de l'année l'indice a évolué en deux temps : une première phase caractérisée par une hausse étalée sur les 10 premières séances de janvier, où le Masi avait atteint un plus haut niveau de 12 886,32 points, correspondant à une performance de 10,67% ; et une seconde phase, du 12 janvier au 23 juin, où il a perdu un peu plus de 7 points. Cette contre-performance reflète l'évolution négative des cours des valeurs de quelques secteurs phares de la cote, notamment les secteurs bancaire, des télécoms ou encore du bâtiment & matériaux de construction qui représentent plus de la moitié de la capitalisation flottante. Cette baisse qui a caractérisé le marché est non justifiée pour certains opérateurs d'un point de vue fondamental (si l'on se réfère au bon cru des résultats des sociétés cotées au titre de 2016). Pour d'autres, ce sont les dividendes annoncés par certaines sociétés cotées qui ont déçu. Les attentes par rapport aux résultats 2016 étaient pour le moins élevées, le rendement peu attractif proposé par ces dernières a refroidi les investisseurs. C'est le cas par exemple de la Compagnie minière de Touissit qui a annoncé la distribution d'un dividende par action de 48 DH, contre 135 DH l'année dernière, ou encore LafargeHolcim Maroc qui a annoncé une rémunération de 66 DH, contre 86 DH l'exercice précédent. Résultats des courses, ces deux valeurs ont perdu en l'espace de quelques séances respectivement 23% et 9% de leur valeur. Les taux obligataires sont toujours bas En tout cas, «vers la fin de l'année dernière, le marché s'attendait à la même dynamique en 2017, à un rythme moins soutenu certes, mais au moins au maintien du même cap», affirme le directeur du département Analyses et Recherches d'une société de bourse. Pour rappel, le baromètre de la place a enregistré sur toute l'année 2016 un gain exceptionnel de +30,46%. Outre l'impact de l'amélioration des bénéfices des sociétés cotées en 2015 et au 1er semestre 2016, la place a particulièrement profité de l'orientation favorable des grandes capitalisations, notamment Maroc Telecom, LafargeHolcim Maroc ou encore Attijariwafa bank dont le cours a significativement augmenté après l'annonce d'une acquisition de taille en Egypte (100% du capital de Barclays Bank Egypt). A cela s'est ajoutée la tendance baissière des taux obligataires en 2016 qui a participé à l'augmentation de l'attrait du marché Actions et a poussé les investisseurs, notamment les institutionnels, à arbitrer en faveur de ce dernier en y réallouant leurs ressources et cette fois, contrairement aux mésaventures passées, le marché boursier ne les a pas déçus ! Pourtant, ces facteurs qui ont boosté l'indice en 2016 sont restés d'actualité en 2017. Les prévisions des analystes pour les résultats relatifs à 2016 ont été réalisées, même haut la main par la plupart des sociétés cotées; il y en a même qui ont fait mieux que les estimations (exemple du secteur immobilier). A ce titre, la masse bénéficiaire de la cote a marqué un bond exceptionnel à deux chiffres de 12,7%. D'un autre côté et conformément aux prévisions, encore une fois, la courbe des taux obligataires est restée à des niveaux relativement bas depuis le début de l'année. Et elle devrait se maintenir à ces niveaux d'ici la fin de l'année. Une stabilité que les analystes d'Upline Securities justifient par «un contexte économique marqué par la poursuite du rééquilibrage des finances publiques (un déficit budgétaire devant être ramené à 3% en 2017) et l'absence de tensions inflationnistes (une prévision d'inflation de 1% en 2017 par Bank Al-Maghrib). Une situation qui devrait pousser les investisseurs à renforcer leur poche Actions, dans une optique d'amélioration du rendement moyen de leur portefeuille». Sur le plan macroéconomique, l'optimisme est au rendez-vous avec des perspectives prometteuses (croissance du PIB projetée à 4,5% selon la PLF 2017). Mais alors pourquoi l'intérêt pour le marché Actions est moins prononcé qu'il y a quelques mois ? Pour certaines raisons, à en croire les analystes. «Le report du vote de la Loi de finances a beaucoup affecté le climat économique global, lui-même lié au retard de formation du gouvernement. Cela n'a pas favorisé le maintien de la dynamique du marché boursier», explique l'un d'eux. «Le monde des affaires n'aime pas les incertitudes, mais comme il y en a eu, cela en a calmé des ardeurs», atteste un autre. Perspectives favorables à moyen terme Pour ce qui est du second semestre, l'on va devoir faire la distinction entre le 3e et le 4e trimestre. «Sauf événement majeur (introduction en bourse, opération stratégique d'un émetteur important sur le marché, etc.), le 3e trimestre devrait connaître une stabilité et n'aura rien d'exceptionnel (période des fêtes, congés estivaux...)», confie le directeur du département Analyses et Recherches. En revanche, le 4e trimestre devrait se démarquer : «Les investisseurs devraient en principe commencer à se positionner pour avoir un dernier trimestre dynamique», explique l'analyste. Bien entendu, cette dynamique sera elle-même tributaire d'autres paramètres. Notamment la trajectoire que devraient prendre les résultats des sociétés cotées au 1er semestre de l'année en cours, la confirmation des perspectives de croissance économique globale, et surtout la reprise des investissements de l'Etat suite au vote de la Loi de finances. Sur le moyen terme, les analystes d'Upline Securities pensent que le changement du tour de table de la société gestionnaire de la place casablancaise devrait donner un nouveau souffle au marché boursier. En effet, avec l'implication des principaux acteurs du marché financier (banques, assurances, sociétés de bourse, CDG et CFC) dans la définition et la mise en œuvre de la stratégie de développement du marché des capitaux, l'avenir sera certainement prometteur pour ce dernier. De même, la réussite des introductions en bourse effectuées ces deux dernières années (Total Maroc, Afma et Marsa Maroc) devrait contribuer, d'une part, à renforcer la confiance des investisseurs en Bourse, et, d'autre part, à encourager les entreprises à intégrer le marché des capitaux dans leur choix de mode de financement (IPO ou émissions obligataires). [tabs][tab title ="Résultats semestriels : les prévisions sont bonnes"]L'évolution de l'indice d'ici la fin de l'année sera intimement liée à la trajectoire que devraient prendre les résultats semestriels relatifs à l'année en cours. Dans ce sillage, les analystes sont globalement confiants par rapport à l'évolution des indicateurs financiers pour quasiment tous les secteurs cotés. Une petite réserve, cependant, concernant les entreprises qui ont un chiffre d'affaires fortement dépendant des commandes publiques. Ces dernières devraient être affectées et boucler un premier semestre moyen, voire médiocre. C'est le cas notamment d'une ou deux entreprises de la cote. «Et encore! l'activité de ces entreprises est organisée en filiales noyées dans la masse et dont la contre-performance est généralement compensée par d'autres éléments (l'export par exemple). Il y aura un impact mais pas du tout conséquent», relativise un analyste. A noter que le secteur des travaux publics évolue dans un contexte très difficile (licenciements, défaillances, dépôts de bilan). «Beaucoup d'entreprises sont dans l'incapacité de payer les salariés, car elles n'ont pas pu décrocher des marchés», affirme un autre analyste.[/tab][/tabs] [tabs][tab title ="Ces valeurs à fort potentiel"]Selon des analystes, certains secteurs sortiraient du lot actuellement et affichent de bonnes perspectives. Il s'agit du secteur minier, notamment Managem, une valeur représentant un fort potentiel de croissance, que ce soit au Maroc ou en Afrique. Preuve en est, ses avancées significatives dans la concrétisation de la stratégie de développement de projets à fort potentiel d'or, de cuivre, et d'argent. Le secteur immobilier a également les faveurs des analystes, même s'il sera légèrement affecté par le report d'exécution de la Loi de finances, notamment le groupe Addoha, qui est «mieux positionné par rapport à la concurrence de par son agressivité commerciale ainsi que la qualité des emplacements de ses projets. Il devrait donc réaliser un bon exercice 2017», affirme un analyste. Pour sa part, Taqa Morocco «devrait également réaliser de bonnes performances. L'impact du redressement fiscal ne devrait pas impacter lourdement ses résultats», explique l'analyste. Lydec, HPS et Delta Holding devraient également se démarquer. S'agissant des sociétés opérant dans le secteur financier, Saham Assurances et Attijariwafa bank sortiraient également du lot.[/tab][/tabs]