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Le nouveau visage de la contrebande de cigarettes
Publié dans La Vie éco le 15 - 07 - 2013

Casablanca est devenue une plaque tournante pour la distribution de cigarettes de contrebande. A l'approche de Ramadan, les autorités ont multiplié les contrôles et les coups de filet. Reportage au coeur d'un trafic qui rapporte gros.
La contrebande de tabacs s'intensifie à Casablanca, la lutte des services de police aussi. C'est ce que La Vie éco a pu constater lors d'une récente enquête sur le terrain. En effet, à l'approche de Ramadan, plusieurs opérations ont été menées pour mettre un frein à la prolifération du phénomène. C'est que la métropole est devenue aujourd'hui, selon plusieurs sources dans le domaine, une plaque tournante de ce business. Et contrairement à ce que l'on pourrait croire, Casablanca n'est nullement un point d'entrée de ces produits au Maroc. C'est plutôt un point de «dispatching», permettant d'accueillir de grosses livraisons avant leur acheminement vers d'autres régions.
En fait, jusqu'à il y a pas longtemps, les contrebandiers de cigarettes profitaient principalement des frontières mauritanienne et algérienne pour introduire leur marchandise sur les marchés marocains. Mais de vastes campagnes d'assainissement ont été opérées depuis plusieurs mois dans les villes du Sud, ce qui a permis la maîtrise totale de ce point de transit. Du coup, l'Oriental demeure le seul fournisseur en tabacs de contrebande des autres régions du Maroc. C'est en tout cas ce que l'on nous confie dans les ruelles de l'ancienne Médina à Casablanca, et ce que nous confirment les responsables de la Société marocaine des tabacs chargés du suivi du phénomène de la contrebande. Ces responsables, réunis dans ce que l'on appelle communément «la Brigade de la régie», ont depuis toujours mené des investigations sur le terrain et soutenu le travail des services de la Sûreté nationale. Plusieurs grands coups de filet ont d'ailleurs été réalisés en étroite collaboration avec cette brigade.
Le Sud du Maroc n'étant plus un point d'entrée des cigarettes de contrebande, le marché a été privé de la célèbre Marlboro RIM. Celle-ci, correspondant aux paquets vendus dans la République islamique de Mauritanie, d'où son appellation RIM, a pendant longtemps été considérée comme le haut de gamme des cigarettes de contrebande. Désormais, elle laisse la place aux produits algériens. «Les fournisseurs de l'Oriental proposent la cartouche (ndlr : un pack de 10 paquets), quelle que soit sa marque, entre 100 DH et 120 DH», confie un revendeur.
De nouvelles pratiques plus rentables
Cette marchandise est ensuite livrée à des grossistes dont la quasi-majorité disposent d'espaces de stockage dans les zones périphériques de la métropole, à l'instar de Médiouna. C'est à partir de là que le circuit de commercialisation au grand public est entamé, avec un premier passage chez les semi-grossistes, jusqu'à l'arrivée au détaillant. Notons qu'aujourd'hui, à quelques rares exceptions près, il n'existe plus une grande différence entre semi-grossistes et détaillants, ces derniers jouant souvent le rôle d'intermédiaires pour ceux qui désirent acheter de grandes quantités.
Bref, la contrebande de tabacs jouit actuellement d'un circuit de distribution bien organisé. Et de nouvelles pratiques adoptées par les trafiquants leur permettent d'accroître sensiblement leurs bénéfices. En effet, les contrebandiers ne se contentent plus de faire rentrer illégalement des cigarettes sur le territoire national et les revendre en l'état, mais font preuve d'ingéniosité. Une première méthode est connue chez les services de la police par "le transvasement". Le principe est simple : le vendeur écoule ses cigarettes de contrebande sur le marché comme étant des produits marocains. Cette pratique est reconnue comme étant encore plus dangereuse que le simple commerce de cigarettes importées illégalement. Et pour cause, les clients qui choisissent d'acheter des cigarettes de contrebande le font en connaissance de cause et en acceptant d'encourir les risques qui en découlent. Or, dans le cas du transvasement, le consommateur est tout simplement induit en erreur. Pour ce faire, les trafiquants ont développé une pratique consistant à vider le paquet de contrebande en gardant les cigarettes dans leur emballage interne scellé. Il s'agit ensuite de récupérer des paquets de cigarettes légales en bon état, notamment dans les bars, les cafés et restaurants, et de les remplir. L'emballage plastique externe est, lui, refait en utilisant simplement une colle du côté bas du paquet, un endroit que le client ne contrôle pas forcément quand il achète des cigarettes.
La deuxième méthode est quant à elle encore plus simple. Il suffit de récupérer des paquets vides d'autres marques, comme Marquise ou Camel par exemple, pour lesquels l'ouverture du paquet n'engendre pas forcément la destruction du timbre fiscal. Ce timbre est ainsi récupéré pour être collé sur les paquets de contrebande. Dès lors, intervient le processus de distribution.
Des marges de 150% à 250% chez les vendeurs de nuit
A ce niveau, les trafiquants ne peuvent logiquement pas compter sur les bureaux de tabacs où le contrôle est rigoureux. C'est à travers les ventes de nuit, dans les étals avoisinant généralement les bars et restaurants, ou même à l'intérieur à travers les serveurs ou les videurs, que la marchandise est écoulée. Ce trafic nouveau connaît un succès particulier actuellement. Il s'agit même du business le plus lucratif pour les contrebandiers. Et pour cause, les paquets de cigarettes haut de gamme (principalement la marque Marlboro) sont vendus entre 40 DH et 50 DH dans ces lieux. Or, le coût de revient du paquet ne dépasse pas 15 DH auxquels on rajoute entre 3 et 5 DH de marge pour le revendeur final. Ce coût de revient est réparti entre 13 DH pour l'achat des cigarettes de contrebande et 2 DH pour le paquet vide. Des réseaux se sont même spécialisés dans la récupération des paquets auprès des serveurs, videurs et femmes de ménage. En tout donc, un paquet de cigarettes peu rapporter une marge de 150% à 250% pour le trafiquant.
Hay Mohammadi, le QG
Ayant longtemps ignoré cette pratique, les éléments de la Sûreté nationale, avec l'accompagnement des responsables de la Société marocaine des tabacs chargés du suivi de la contrebande, commencent petit à petit à s'attaquer à ce nouveau mode de distribution des cigarettes de contrebande. Il y a quelques semaines à peine, un trafiquant de la ville de Mohammédia, spécialisé dans le transvasement, avait été condamné à quatre mois de prison en plus de la saisie d'une grosse somme d'argent lors de son arrestation.
L'apparition de nouvelles techniques ne réduit cependant en rien l'ampleur des pratiques traditionnelles consistant en la vente en l'état des paquets. Suite aux investigations menées par La Vie éco, trois points noirs sont répertoriés pour ce genre de trafic dans le Grand Casablanca. Il s'agit notamment du quartier Moha Oussaid, dans l'ancienne Médina, de Saha à Derb Sultan mais surtout de Hay Mohammadi et sa célèbre Kissaria. Ce dernier quartier est même devenu au fil des ans le fief des semi-grossites de ce trafic, comme le confirme ce revendeur de l'ancienne Médina. «Depuis que les services de l'arrondissement dont nous dépendons ont serré la ceinture (ndlr : renforcer le contrôle et accentuer les arrestations), la plupart des fournisseurs du quartier ont vu leurs affaires péricliter. Désormais, tous les revendeurs de l'ancienne Médina s'approvisionnent auprès des semi-grossistes de Hay Mohammadi».
D'ailleurs, il suffit d'un petit tour dans le quartier pour se rendre compte que le phénomène a tellement pris de l'ampleur que les bureaux de tabacs mettent tour à tour la clé sous le paillasson, laissant place à des étals de détaillants devant leur porte.


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