125 millions de mètres cubes seront acheminés vers les exploitations de la plaine à partir du futur barrage sur une longueur de 90 km. Il profitera à près de 30 000 ha et 4 800 agriculteurs. Les travaux de l'ouvrage avec le barrage ont été lancés lundi 12 janvier par le Souverain. Les agriculteurs de la plaine du Saïss retrouvent le sourire. L'eau coulera de nouveau dans la région qui souffrait d'un grand déficit hydrique, estimé à 100 millions de mètres cubes. C'est que grâce au grand barrage M'Dez, dont les travaux ont été lancés par SM le Roi Mohammed VI en début de semaine, «la plaine du Saïss qui s'étend sur 200000 hectares passe du rouge au vert, du déficit à l'excédent hydrique», indique Aziz Akhannouch, ministre de l'agriculture et de la pêche maritime. M. Akhannouch considère ainsi qu'«avec la construction de ce barrage, SM le Roi Mohammed VI soutient les efforts des agriculteurs dans la plaine du Saïss en donnant ses hautes instructions pour le lancement de ce projet innovant et ingénieux». En fait, dans la foulée du lancement des travaux du barrage, qui coûtera 1,5 milliard de DH, le Souverain a inauguré surtout un autre projet qui porte sur le transfert d'eau de cet ouvrage vers les exploitations du Saïss. Il s'agira de réaliser une prise directe et une conduite d'adduction qui acheminera, sur une longueur de 90 km, un volume de 125 millions de mètres cubes d'eau destinés exclusivement à l'irrigation. En tout, ce seront quelque 30 000 hectares répartis sur 4800 exploitations qui en profiteront. Ce ne sera pas une mince affaire puisque l'adduction d'eau devra traverser un relief fortement accidenté ce qui, notamment, nécessitera de creuser une galerie longue de 12 km. L'ouvrage nécessitera un investissement global de 3,8 milliards de DH. Mais, à l'opposé, l'impact très positif justifie largement sa réalisation. Ainsi, en plus des 3000 emplois qui seront créés, l'acheminement de l'eau d'irrigation permettra aux agriculteurs du Saïss d'améliorer nettement leurs rendements et leurs revenus qui passeront de 30 000 à 50000 DH par hectare. Notons que la région est aujourd'hui dominée par les plantations qui occupent 42% de la superficie cultivée et le maraîchage qui en accapare 41%, le tout reposant sur l'irrigation à partir de puits et forages individuels dans la nappe. Il ne s'agira probablement pas du dernier projet du genre puisque, comme l'explique M. Akhannouch, «il entre dans le cadre de la stratégie du Plan Maroc Vert (PMV) et permettra d'inscrire l'agriculture de cette région dans la durabilité tout en assurant une gestion équilibrée et viable des ressources hydriques». Une stratégie qui a fait de la question des ressources en eau une des problématiques centrales. En atteste l'investissement massif prévu à cet effet. Pas moins de 3 milliards de DH sont mobilisés chaque année dans le cadre de trois programmes clés. Le premier est le Programme national d'économie d'eau en irrigation (PNEEI) qui porte sur le passage des techniques d'irrigation existantes à faible efficience d'utilisation de l'eau à l'irrigation localisée, sur une superficie globale de l'ordre de 555000 ha avec un coût global de 37 milliards de DH. Le second, le Programme d'extension de l'irrigation (PEI), consacrera 21,5 milliards de DH pour aménager en irrigation près de 160 000 ha de terres dominées par les barrages existants ou en cours de construction. Quant au dernier, le Programme de partenariat public-privé en irrigation (PPP), il consiste à intéresser les opérateurs privés à investir et gérer les infrastructures hydro-agricoles dans les périmètres irrigués dans le cadre de contrats de gestion déléguée/concession en vue d'améliorer les conditions techniques, économiques et financières de la gestion du service de l'eau d'irrigation dans ces périmètres.