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Après 3 ans de rodage, le décollage
Publié dans Les ECO le 08 - 06 - 2010

En juillet prochain, les produits bancaires islamiques, baptisés officiellement «alternatifs», fêteront trois ans de présence au Maroc. Un bilan d'étape s'impose donc et autant le dire d'emblée il n'est pas brillant. Pour rappel, depuis l'introduction du financement islamique au Maroc, trois produits ont été lancés par les banques. Le premier, nommé Ijara, est assimilable au leasing. Le deuxième, Mourabaha, consiste en un contrat par lequel un établissement de crédit acquiert à la demande d'un client un bien en vue de le lui revendre. Moucharaka, enfin, est proche du capital investissement et consiste en une formule à travers laquelle la banque et le client contribuent ensemble au financement d'une opération. Des trois produits, Moucharaka est incontestablement celui qui s'en sort le moins bien, il se dit même qu'aucun dossier relatif à cette solution de financement n'a été traité à ce jour. «Moucharaka est bien commercialisée, simplement elle n'intéresse personne», reconnaît-on sobrement à Bank Al-Maghrib. Ijara et Mourabaha s'en tirent en revanche mieux. En 2009, les deux produits cumulaient un encours avoisinant 600 millions de dirhams. C'est toujours ça de pris, mais on reste très loin de l'encours total de crédits à l'économie consentis par le secteur bancaire qui représente 1.000 fois plus à la même date. Autant le dire, sur le marché local, les produits alternatifs n'ont pas réalisé tous les espoirs qu'on plaçait en eux.
Il pourrait en être autrement sur les années à venir. Il faut rappeler que le financement alternatif a été dès son lancement pénalisé par un cadre réglementaire défavorable. Ce qui avait d'ailleurs poussé certains observateurs à exprimer un avis très critique quant aux efforts des autorités marocaines pour installer la finance islamique. L'expert marocain Anouar Hassoune, responsable finance islamique au sein de l'agence internationale de rating Moody's, a même déclaré récemment que le Maroc a versé dans le lobbying anti-finances islamiques. On serait effectivement tenté de le croire. En remontant à peine à 2008, l'appellation de produit bancaire ne s'appliquait même pas aux produits alternatifs. Une déconvenue de taille puisque cela a grevé les solutions islamiques dès leur lancement d'un taux de TVA de 20% contre 10% pour les produits conventionnels. Pour ne rien arranger, la TVA était calculée sur toute l'échéance, alors que cette taxe ne s'applique qu'au seul intérêt dans le cas d'un crédit classique. Plus que cela, Mourabaha pour le financement immobilier, solution qui était la plus à même d'assurer le décollage du financement alternatif au Maroc, était particulièrement pénalisée. En effet, un client qui faisait l'acquisition de son logement par voie de Mourabaha était doublement assujetti aux droits d'enregistrement: une première fois lors de l'acquisition par l'établissement bancaire du bien à financer et une deuxième fois lors de la revente au client. Deux lois de finances plus tard (2009 et 2010) le tort est réparé : le crédit Mourabaha ne supporte plus qu'une TVA de 10%, uniquement sur le profit réalisé par la banque (au même titre qu'Ijara d'ailleurs). Et les droits d'enregistrement ne sont plus payés qu'une fois. De tout cela, il résulte en bout de course des conditions de financement plus avantageuses pour le client. Une simulation prenant en compte les dispositions de la LF 2010 pour le produit Mourabaha commercialisé par Attijariwaha bank fait ressortir, pour un financement d'un million de dirhams sur une durée de 20 ans, une mensualité de 8.308 DH toutes taxes comprises. Certes, ce prix reste plus cher de 5% par rapport à un crédit classique, qui fait ressortir pour les mêmes conditions de financement une mensualité de 7.900 dirhams, mais l'écart entre les deux formules a considérablement baissé puisqu'il avoisinait 20% en moyenne en 2008.
Encore une anomalie pour Mourabaha
L'écart entre financement classique et Mourabaha pourrait même disparaître à terme. En effet, une ultime anomalie persiste et elle concerne les droits de mutation, inclus dans les droits d'enregistrement, qui continuent d'être payés en double par les souscripteurs à Mourabaha. Une question à débattre entre la DGI, la Conservation foncière et Bank Al-Maghrib, pour aboutir à une solution dès la loi de finances 2011, espère-t-on à la Banque centrale.Mais avant même que cette anomalie ne soit corrigée, le financement islamique semble déjà faire plus d'émules. Depuis le début de l'année 2010 l'encours des solutions Mourabaha et Ijara s'est apprécié de 250 millions de dirhams (25% de l'encours accumulé de 2007 à 2009). Interpellées par ce regain d'intérêt, les banques commerciales ont déjà revu à la hausse leurs ambitions pour le financement islamique. Les poids lourds de la place, Attijariwafa bank, BMCE Bank et BCP ont quasiment officialisé leur intention de dédier des filiales exclusivement à ce marché. Attijariwafa semble néanmoins la plus avancée. En effet, la banque a déjà obtenu l'agrément de Bank Al-Maghrib, confie une source interne au sein de l'institution. Force commerciale, identité visuelle, dénomination..., «le concept est ficelé dans ses moindres détails pour assurer un lancement dans les prochains jours», confie-t-on à la banque. Reste à savoir si la création de filiales dédiées agira bien, comme espéré, en catalyseur du marché de la finance islamique au Maroc. Des observateurs jugent en effet que le salut doit venir plutôt par la désintermédiation comme en atteste d'ailleurs le foisonnement à l'international de solutions de financement et d'investissement proposées par des institutions non bancaires et en particulier par des fonds. Quoi qu'il en soit, un autre levier semble assurer un avenir radieux à la finance islamique au Maroc. Il s'agit de la diversité de produits qui devraient être proposés à l'avenir. Sur le calendrier de lancement de ces nouvelles solutions on ne s'avance pas trop à Bank Al-Maghrib. Néanmoins, les produits en eux-mêmes sont déjà connus. De fait, il est question d'introduire des solutions dédiées aux entreprises, à savoir Salam qui s'apparente à l'avance sur marchandise dans le financement classique et le contrat Al Istisnaâ comparable au leasing réservé aux professionnels. S'agissant de Salam, elle consiste pour le client à formuler une demande auprès de l'établissement de crédit sollicitant son accord pour acquérir un bien déterminé, exclusivement meuble, et de le lui revendre sous forme de financement. À cette fin et sur la base du devis (ou tout autre document spécifiant les caractéristiques dudit bien) produit par le client, l'établissement de crédit acquiert ledit bien dans le but de le lui revendre dans les conditions et modalités prévues par le contrat. Pour ce qui est d'Al Istisnaâ, cette solution peut concerner aussi bien les biens meubles qu'immeubles et se définit comme étant l'opération par laquelle le donneur d'ordre (Moustasni'i), généralement la banque, demande au fournisseur (Sani'i) de lui fabriquer une marchandise ou un ouvrage dont les caractéristiques sont décrites dans le contrat. En contrepartie, le premier propose au second une rémunération payable d'avance, de manière fractionnée ou à terme. Dans un deuxième temps, le Moustasni'i revend la marchandise fabriquée au client en se réservant une marge bénéficiaire en fractionnant le paiement. Mis à part des solutions dédiées aux entreprises, c'est l'assurance qui devrait aussi se mettre à la mode des produits alternatifs. La solution d'assurance estampillée halal, Takafoul, devrait être introduite au Maroc selon ses trois principales déclinaisons : le Takafoul familial, produit d'épargne de longue durée, le Takafoul médical, produit vie, groupe ou individuel, et, enfin, le Takafoul général, portant sur l'assurance dommage, l'accident, le maritime et la responsabilité civile.
Enfin, ce sont les soukouk consistant en certificats d'investissements conformes à la charia, et comparables aux obligations qui devraient faire leur entrée au Maroc. Le projet est actuellement en discussion entre Bank Al-Maghrib et le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM). Reste à éviter les ratés qui ont déjà grevé le lancement des précédentes solutions alternatives.


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