Lui, comme à son habitude, charismatique et charmeur de ces dames. Elle, forte de sa présence scénique, donnant l'impression de survoler l'espace. Si toutes les scènes de ménage pouvaient être aussi lyriques et spectaculairement enjouées que celles de Kadem Es Saher et Asma Lamnawar, on serait tenté d'y consacrer tout un festival. «Mahkama» ou Tribunal, premier titre du duo maroco-irakien, aura une fois de plus entraîné la foule venue nombreuse à Bab Al Makina, ce samedi 11 juin dans la médina de Fès à l'occasion de la 17e édition du festival des musiques sacrées du monde. Certains les avaient déjà vus partager la scène du festival Mawazine à Rabat, quelques semaines plus tôt, d'autres ont eu le plaisir de découvrir la star orientale pour la première fois en chair et en... sonorités. Véritable crooner de la chanson arabe, Kadem Es Saher en aura converti plus d'un(e) à cette croyance nommée «amour», qu'il célèbre en chansons, rendant ainsi hommage à la femme à la fois épouse et mère ou comme il le rappellera lui-même lors de la conférence de presse organisée plus tôt dans la journée en son honneur, «la femme qui materne son époux est celle que tout homme recherche». Charmeur, souriant, séducteur, les nombreuses spectatrices -toutes parées de leurs plus beaux atours pour l'occasion- n'ont pas résisté au «latin lover» arabe. Un concert, au succès indéniable, au cours duquel Es Saher enchaîne les grands tubes qui ont fait son succès, soutenu par une foule qui n'en rate pas une miette. Tellement concentrée sur le spectacle, la foule ne manque pas d'ailleurs de faire signe au chanteur à coup de grands gestes en l'air, que son micro avait décidé de rester muet au bout de la dixième minute. En effet, c'est un concert sans le son auquel auraient eu droit les festivaliers, s'il avait fallu compter sur l'équipe technique. La deuxième chanson de Kadem Es Saher en solo finit sans qu'aucun «homme en noir» n'ait encore jugé bon de changer le micro de l'artiste qui chantait dans le vent. Qu'à cela ne tienne. On arrête tout et on recommence. Loin d'être avare de son talent lyrique, Es Saher reprend son concert de plus belle, pour le plus grand plaisir de ces dames ! Largement acclamée par la foule dès son apparition, la jeune Marocaine décide de jouer le jeu de la spiritualité et reprend plusieurs chansons du répertoire sacré national. Ouvrant le bal avec le célèbre morceau d'Ibrahim Alami en l'honneur du prophète Mohammed, Lamnawar plante d'emblée le décor de la soirée aux couleurs des mille et une nuit et poursuit sa prestation avec une reprise du fameux morceau «Salou Âla Nabina» (Priez pour notre prophète). Un classique du répertoire gnaoui, joué en trois accords par l'orchestre mené à la baguette par Aziz El Achhab que l'on découvre autrement. On regrettera toutefois que le maestro n'ait pas creusé un peu plus dans les rythmes originaux de cette musique, elle aussi, spirituelle. Soit, la future maman, aura tout de même réussi le pari de chanter, enceinte de cinq mois, pendant plus d'une heure, une sélection de chansons marocaines et arabes ayant toutes trait à l'esprit du sacré. De son côté, le public très impatient de voir et d'écouter la fameuse tirade «Mahkama», aura également soutenu la jeune femme à coups de youyous et d'applaudissements. Un concert qui finalement se passait des deux côtés de la scène, tant la passion musicale était au rendez-vous.