Réuni à Rabat le 24 juillet 2025, le Conseil supérieur de la chasse a adopté un ensemble de nouvelles orientations visant à promouvoir un modèle cynégétique durable, articulant préservation écologique, rentabilité économique et structuration institutionnelle. Présidée par le ministre de l'Agriculture, cette session a confirmé les ambitions du Royaume dans un secteur en pleine transformation, à fort potentiel pour les territoires ruraux. La saison 2024-2025 s'est achevée sur un bilan globalement positif, malgré les contraintes climatiques persistantes. Avec plus de 66 000 chasseurs recensés à travers le pays, dont une part significative de visiteurs étrangers, le Maroc confirme sa place de destination privilégiée pour la chasse réglementée. L'activité s'est déployée sur quelque 4,19 millions d'hectares, répartis entre 1 639 lots amodiés, comprenant aussi bien des zones associatives que des espaces dédiés à la chasse touristique. Cette dernière, de plus en plus structurée, mobilise aujourd'hui plus de 120 sociétés agréées, offrant une offre diversifiée et encadrée. Les retombées économiques du secteur sont loin d'être négligeables. Le chiffre d'affaires généré par la chasse est estimé à près d'un milliard de dirhams par saison. Cette manne profite directement aux communautés locales, en particulier dans les régions enclavées, où elle permet de créer environ un million de journées de travail permanentes et 200 000 emplois temporaires chaque année. Les bénéficiaires sont multiples : hébergements ruraux, transporteurs, guides de chasse, artisans spécialisés dans la confection de matériel cynégétique, ou encore restaurateurs. Pour renforcer la durabilité du modèle, des mesures concrètes ont été entérinées, à commencer par le repeuplement intensif des territoires. En 2024, plus de 151 000 perdreaux d'élevage ont été relâchés dans les réserves gérées, un chiffre en nette progression par rapport aux saisons précédentes. Dans le même temps, la régulation du sanglier demeure une priorité face à la pression croissante exercée sur les cultures et les écosystèmes : plus de 1 500 battues ont été organisées cette année, aboutissant à l'abattage de 6 344 individus. Lire aussi : Protection de la faune au Maroc : 70 infractions de chasse constatées en un mois Dans une volonté d'amélioration continue de la gestion, la digitalisation du secteur a franchi un cap important. L'Agence nationale des eaux et forêts a déployé le portail numérique « Massyad », destiné à centraliser l'ensemble des services liés à la chasse : délivrance des permis, suivi des prélèvements, réservations de battues, traçabilité des espèces. Ce dispositif s'articule avec la plateforme « AmodiaChasse », consacrée à la gestion intégrée des lots amodiés. L'objectif affiché est de fluidifier les démarches, renforcer la transparence et assurer un meilleur suivi des pratiques sur le terrain. Parallèlement, l'encadrement réglementaire a été renforcé dans le cadre de la convention quadriennale signée entre l'ANEF et la Fédération royale marocaine de chasse. Ce partenariat prévoit des actions coordonnées dans la lutte contre le braconnage, notamment dans les régions à forte biodiversité comme le Souss-Massa, l'Oriental ou le Rif. En 2024, près de 300 infractions ont été constatées et poursuivies, principalement pour chasse en dehors des périodes autorisées ou détention illégale d'espèces protégées. Au-delà de l'aspect répressif, les autorités insistent sur la nécessité d'ancrer une véritable culture de la chasse responsable. Des programmes de formation, de sensibilisation et d'éducation à la conservation de la faune sont ainsi mis en œuvre avec l'appui des associations cynégétiques locales. La transmission intergénérationnelle des bonnes pratiques constitue l'un des axes majeurs de cette stratégie durable. L'ensemble de ces évolutions confirme le positionnement du Maroc comme acteur pionnier en Afrique du Nord dans la gestion moderne de la chasse. À la croisée des enjeux écologiques, économiques et sociaux, le secteur s'affirme comme un levier de développement équilibré, capable de concilier tradition cynégétique et exigences contemporaines de durabilité.