Les aficionados de l'art contemporain ont rendez-vous le 26 févier avec la cinquième édition de la Biennale de Marrakech. Un évènement où se côtoieront talents et découvertes pendant 5 semaines. Coulisses d'une fête de l'art. La Biennale fait partie de ces évènements qui s'emparent d'une ville pendant des semaines et la font vivre intensément, aux rythmes de l'art. C'est ce qui se passera du côté de Marrakech où la cinquième Biennale se tiendra du 26 février au 31 mars sur deux principaux axes : la Medina et Gueliz. Contrairement aux éditions précédentes, l'évènement ne dure pas 3 mois, mais 5 semaines, pour permettre de vivre l'expérience en profondeur. «Depuis sa création en 2004, la Biennale de Marrakech est un festival hors du commun avec pour mission de construire des ponts entre les cultures à travers les arts. Elle vise à inspirer des artistes du monde entier pour créer des œuvres d'art exceptionnelles en dialogue avec l'environnement unique de Marrakech». Cette édition particulière rime avec changements et nouveautés puisque l'évènement s'articule autour de 5 disciplines chapotées chacune par un commissaire d'exposition et non 3 comme les années précédentes. Les deux nouveaux participants sont les arts vivants et la vidéo. «Notre défi majeur est d'approcher l'audience locale», explique la directrice artistique Alya Sebti, qui fait partie de la nouvelle équipe aux côtés d'Amine Kabbaj, le vice-président exécutif, avec des comissaires de renom pour chaque discipline, à savoir Hicham Khalidi pour les arts visuels, Jamal Abdennassar pour le cinéma et la vidéo, Driss Ksikes pour la littérature et Khalid Tamer pour les arts vivants. Plus de 70 participants, du Maroc et du monde, confirmés ou émergents, ont été invités à établir un dialogue entre eux et avec l'environnement immédiat de Marrakech et sa région, afin de répondre à la question «Où sommes-nous maintenant ?» avec leur propre langage. «Nous avons sélectionné les commissaires qui à leur tour nous ont remis une liste de noms et de propositions d'artistes selon la discipline», explique Alya Sebti. «Les artistes ont tous fait un voyage d'initiation afin de s'imprégner de la ville et de son ambiance et de proposer des œuvres cohérentes», continue la directrice artistique. L'exposition des arts visuels dirigée par Hicham Khalidi réunit près de 30 artistes et présentera notamment une vingtaine d'œuvres spécialement produites et inspirées par Marrakech pour cette cinquième édition. Les œuvres seront exposées dans les sites historiques du Palais El Badi, Dar Si Saïd, Bank Al-Maghrib, Théâtre royal et dans un immeuble réhabilité pour l'occasion, situé rue de la liberté. Le pôle littérature, dirigé par Driss Ksikes, ouvre une série d'ateliers autour de la notion de local, global et universel. Lectures, ateliers, tables rondes, performances et rencontres sont au programme et se tiendront au Riad Denise Masson (Institut français), au Théâtre royal et place Jemaa el-Fna. Le volet cinéma et vidéo, sous la direction de Jamal Abdennassar, couvre la création moderne et contemporaine des deux principales régions : Afrique du Nord et Afrique subsaharienne. Les projections se dérouleront au cinéma le «Colisée» et rue de la liberté au café de la biennale, spécialement créé pour l'occasion par Hassan Hajjaj. De plus cette section donnera «carte blanche» à la cinémathèque de Tanger, qui présentera une sélection de longs métrages au cinéma le «Colisée». Enfin, l'arrivée de la nouvelle discipline «arts vivants» dirigée par Khalid Tamer vise à créer une circulation dans l'espace public pour aller vers les habitants de Marrakech et les inviter à participer à l'expérience de la biennale. Ainsi, l'ensemble de la biennale prend place à travers toute la ville de Marrakech en passant par les sites historiques de la médina pour rejoindre la nouvelle ville à travers un circuit balisé. Autour de la programmation officielle de la biennale, gravitent 10 projets parallèles sélectionnés méticuleusement par le comité artistique, parmi les institutions et les spécialistes les plus éminents dans la culture contemporaine au Maroc et à l'étranger. Ces projets proposent des créations originales et innovantes où Marrakech confirme sa position de plateforme culturelle. De plus, afin de mettre en avant les initiatives locales et régionales les plus actives et représentatives, la biennale accueille une trentaine de projets partenaires indépendants. La Biennale de Marrakech attache également une importance capitale à la formation et à la transmission. Elle a dans ce sens conclu des partenariats avec l'Université Cadi Ayyad et l'E.S.A.V. (Ecole supérieure d'arts visuels) pour recevoir et encadrer des stagiaires sélectionnés parmi les meilleurs pour les former, tant sur le plan opérationnel que dans le domaine culturel en général, en les mettant en contact permanent avec des professionnels, via des workshops hebdomadaires ainsi que sur le terrain, et ceci dès le mois de janvier et jusqu'au 14 avril. Des workshops qui seront organisés sous le regard d'un comité artistique composé de Mohamed Rachdi (responsable du mécénat culturel de la Société Générale), Meryem Jazouli (Espace Darja), Nawal Slaoui (commissaire d'exposition et fondateur de CulturesInterface), Ghita Triki (espace Actua AttijariWafa Bank), Faouzi Bensaidi (réalisateur), Philippe Delis (architecte), Omar Berrada (écrivain et traducteur, Dar Al Ma'mûn), Berenice Saliou (commissaire d'exposition, finaliste de l'appel à projet de la Biennale de Marrakech), Simon Njami (commissaire d'exposition et écrivain / Paris), Karen Ruimy (écrivain, performeur, philanthrope / Londres), Negar Azimi (éditeur de Bidoun Magazine / Californie), Shezad Dawood (artiste de Londres), Aaron Cezar (directeur de la fondation Delfina/ Londres), Livia Alexander (directeur Al Riwaq Art Space / New York), Hassan Hajjaj (artiste), Juergen Meyer (artiste), Salma Tuqan (commissaire d'exposition au Victoria & Albert Museum à Londres), et Masasam (commissaires d'exposition, finalistes de l'appel à projets de la Biennale de Marrakech). «Sensibiliser le public local, régional et international à la notion de patrimoine culturel de Marrakech, positionner Marrakech comme une plateforme pour la culture contemporaine en Afrique et dans le monde arabe, travailler en amont sur la sensibilisation à l'art contemporain et la culture avec les écoles, les facultés, les associations sont autant d'objectifs qui portent la Biennale de Marrakech pour relier les cultures les unes aux autres», renchérit la directrice artistique, qui parle de difficultés financières, un sujet encore et toujours d'actualité pour la culture. «Nous ne sommes pas dans un objectif de vente, mais uniquement dans l'exposition et l'éducation de l'art contemporain au Maroc. Comme tout festival, nous connaissons des difficultés financières à l'élaboration d'un évènement en bonne et due forme», continue Alya Sebti. Démocratiser l'art sans le vendre, voilà une idée qui peut avoir du mal à passer pour les sponsors, mais quelle aubaine pour les amoureux des belles choses. Rendez-vous du 26 février au 31 mars...