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Les «Justes», une pièce à vivre
Publié dans Les ECO le 20 - 12 - 2013

«Les Justes» d'Albert Camus est une pièce adaptée en arabe et représentée depuis le 3 décembre au Théâtre Les Tanneurs de Bruxelles et jusqu'au 20 décembre au Théâtre du Jeu de Paume à Aix-en Provence. Sa mise en scène est, elle, signée Mehdi Dehbi.
Moscou, 1905. Une opération se prépare. Un groupe de terroristes projette d'assassiner le Grand Duc Serge, oncle du Tsar, et de mettre ainsi fin à sa tyrannie. S'inspirant de faits historiques réels, Camus écrit cette pièce en 1949. S'appuyant sur l'actualité du Proche-Orient, Mehdi Dehbi, jeune acteur liégeois qui a déjà amorcé une belle carrière cinématographique, en propose une version en arabe classique avec des comédiens de Palestine et de Syrie. Il traite la question de l'enfermement de la jeunesse de façon universelle. L'amour et la vie, l'amour de la vie sont les éternelles motivations des Justes, peu importe le lieu ou l'époque. Non seulement Mehdi Dehbi réussit à faire du texte d'Albert Camus une pièce de théâtre en arabe qui colle à l'actualité, mais il fait de la mise en scène une expérience, pour le spectateur comme pour l'acteur.
En effet, tout le monde est sur scène pour prendre en plein visage la beauté du texte, la force des mots, la profondeur des personnages et le charisme des acteurs. Comme Camus, Dehbi s'intéresse à l'humain et aux états d'âmes de ces jeunes qui, en voulant faire du bien et sauver le monde de l'injustice, sont prêts à tuer, mêmes des innocents. Rentrer dans l'univers des terroristes, voir comment est né un mouvement, quels sont les arguments et les sentiments de ces hommes et femmes, ne pouvait pas se faire dans une configuration normale, où les spectateurs seraient assis sur leurs sièges face aux acteurs sur scène. C'est pour cette raison que les acteurs se mélangent au public dès le départ. Tout le monde est assis sur scène, il n'y a plus de limite entre l'histoire et la réalité. Cette expérience, le metteur en scène voulait absolument voir la réaliser, sur son texte de prédilection de surcroît.
Né en 1985 à Liège, Mehdi Dehbi a intégré le Conservatoire National Supérieur de Paris après celui de Bruxelles, puis a poursuivi sa formation à Londres. C'est le cinéma qui le révèle au grand public, avec notamment La folle histoire d'amour de Simon Eskenazy de Jean-Jacques Zilbermann, Sweet Valentine d'Emma Luchini et Le fils de l'autre de Lorraine Lévy. Au théâtre, on l'a récemment vu dans Roméo et Juliette de Shakespeare, monté par David Bobée. C'est au cours d'un stage en Palestine que s'est imposée à lui cette idée de monter Les Justes avec des acteurs palestiniens, mais avec la préoccupation d'éviter tout amalgame sensationnel. Amalgame peut-être pas, mais le sensationnel y est. Voir se lever l'excellent Assâad Bouab et être surpris par un texte de Camus plus que jamais d'actualité, se mariant parfaitement à l'arabe classique, surprend forcément. Celui qui interprète le chef de la bande, le leader Boria, est fort, une force tranquille. Cependant, malgré son air de machine à tuer, il reste un homme «juste»: «Je sais que je ne dois pas être avec eux. Quelques fois, pourtant, j'ai peur de consentir trop facilement à mon rôle.
C'est commode, après tout, d'être forcé de ne pas lancer la bombe». Face à lui, quatre compatriotes qui complotent pour tuer le duc et jeter la bombe. Celui qui se lève pour saluer l'auditoire, surpris, est le palestinien Husam Alazza qui joue le rôle d'un Yanek naïf, fougueux, peut-être trop jeune et trop insouciant pour soutenir une cause : «Il y a quelque chose de plus abject encore que d'être un criminel, c'est de forcer au crime celui qui n'est pas fait pour lui. Regardez-moi. Je vous jure que je n'étais pas fait pour tuer». Des mots qui touchent grâce à la brillante interprétation de l'acteur palestinien. Un autre palestinien lui donne la réplique, Firas Farrah, dans le rôle de Stepan.
Il s'agit là d'un comédien charismatique à l'incroyable justesse, un talent qui campe un rôle dur, celui d'un jeune blessé qui désire se venger. «N'êtes- vous donc pas des hommes? Vivez-vous dans le seul instant? Alors choisissez la charité et guérissez seulement le mal de chaque jour, non la révolution qui veut guérir tous les maux, présents et à venir». Face à eux, deux comédiennes, l'une syrienne et l'autre jordanienne. Elles campent deux femme fortes mais douces, guerrières mais femmes avant tout. Voinov est interprétée avec fraîcheur par la belle Sumaya Al-Attia qui ne pourra pas réussir à enlever la vie de quelqu'un : «Il me sera moins difficile de mourir que de porter ma vie et celle d'un autre à bout de bras et de décider du moment où je précipiterai ces deux vies dans les flammes». Quand à la battante Dora, celle-ci est freinée par l'amour d'un homme mais n'oublie pas ses convictions : «Si la seule solution est la mort, nous ne sommes pas sur la bonne voie. La bonne voie est celle qui mène à la vie, au soleil.
On ne peut avoir froid sans cesse... ». Hala Omran, qui fait vivre le personnage, est poignante, elle réussit même à arracher quelques larmes au public. Le public réagit parfois froidement, ne se sentant pas à l'aise avec toute cette proximité. Néanmoins, le sous-titrage en français est parfois laissé de côté puisque seules la puissance du jeu et la performance incroyable des acteurs suffisent à comprendre la révolte d'une jeunesse tourmentée, à entendre son cri de désespoir, à saisir cette actualité post-Printemps arabe, partout dans le monde. Un chef-d'œuvre signé Mehdi Dehbi et porté par 5 acteurs du monde arabe au talent incroyable, dont le Marocain Assâad Bouab qui ne cesse de surpendre. La pièce se poursuit jusqu'au 20 décembre au Théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence, en espérant que les représentations se prolongeront et que des dates seront programmées dans d'autres pays. L'on garde en tête le message de Camus : «Quelle que soit la cause juste que l'on défend, elle restera toujours déshonorée par le massacre aveugle d'une foule innocente où le tueur sait d'avance qu'il atteindra la femme et l'enfant», message qui doit absolument être véhiculé dans toutes les langues, partout, et atteindre tous les cœurs...


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