En dépit d'une croissance très dynamique (6,7%), tirée par l'exploitation du pétrole, la puissance démographique africaine a encore du mal à créer des emplois et à réduire la pauvreté. S'il y a une économie sur le continent qui ne parvient toujours pas, en dépit d'une croissance dynamique, principalement poussée par les ressources naturelles, à réduire les disparités sociales, le sous-emploi et la pauvreté, ce serait bien le Nigéria. Dans son dernier rapport économique consacré au pays (Nigeria Economic Report), publié le 13 mai dernier, la Banque mondiale met en garde : «La réduction de la pauvreté et la création d'emplois n'ont pas progressé au même rythme que l'augmentation de la population, ce qui est source de détresse sociale pour un nombre toujours plus grand de Nigérians.» Le rapport de l'institution mondiale souligne également que «le pays devra consolider ses réserves budgétaires pour se protéger de la volatilité des cours du pétrole». L'or noir constitue en effet l'une des principales ressources budgétaires du pays. En 2012, les recettes pétrolières pesaient près de 20% du PIB national. Pour les économistes de la Banque mondiale, le Nigéria «devra également accroître les revenus générés en interne, pour compenser une probable diminution de la part des recettes pétrolières dans l'économie». On l'aura compris : la manne pétrolière, même importante, étant peu maîtrisable, le Nigéria semble avoir tout intérêt à diversifier son économie en promouvant d'autres secteurs d'activités, créateurs d'emplois. L'or noir ne brille pas De plus, face à une très forte croissance démographique, le pays est en proie à une importante inflation qui contraste avec son statut de producteur de pétrole. «Etant donné que le PIB du Nigeria croît bien plus vite que la production de pétrole et qu'il connaît une inflation importante à taux de change stable, la part des recettes pétrolières de l'Etat dans le PIB devrait se contracter», selon la Banque mondiale. Cette situation s'est d'ailleurs déjà produite, en 2012. Les recettes publiques tirées de l'exploitation du pétrole étaient passées d'environ 23,6% à 19,7% du PIB. «Une telle baisse pourrait intensifier les pressions budgétaires et justifie la prudence en termes de politique budgétaire», commentent les experts de l'organisme financier international. Toutefois, Ces derniers maintiennent de bonnes perspectives macroéconomiques à court terme pour le Nigeria, laissant entrevoir une croissance plus forte, une inflation réduite et une augmentation des réserves. «Le gouvernement sera ainsi en mesure de poursuivre les réformes clés et les investissements publics menés dans le cadre du Transformation Agenda, une politique soutenant la création d'emplois et leur diversification, et prônant une gouvernance plus efficace», projette-t-on dans le même rapport.