En marge du Printemps des Alizés, le photographe Julien Chapon a profité de la beauté de l'instant présent pour une aventure inédite et pas comme les autres : découvrir une galerie éphémère pour plonger dans l'univers de calligraphes, tagueurs, plasticiens, photographes, poètes et designers d'horizons différents, le temps de quelques heures, dans un lieu abandonné. Un hangar abandonné, une bâtisse sans âme à laquelle on redonne un souffle grâce à la magie de l'art. C'est ce que le plus poétique des photographes a proposé de faire, ce samedi 30 avril, en marge du Printemps des Alizés, dans une ruelle perpendiculaire à Dar Souiri. Un bâtiment qui ne paye pas de mine, délaissé mais qui est revisité par l'œil aiguisé du talentueux designer Jean Baptiste Liotard. Quelques ampoules accrochées et des bougies pour faire la lumière sur le talent d'artistes, sur des toiles, des installations, des photos, des mots. Une expérience à vivre quelques instants car le moment est incertain, surprenant, brutal parfois mais souvent poétique. C'est en tout cas ce que soutient le photographe Julien Chapon qui propose ce concept de galerie éphémère, une exposition de deux heures, dans un endroit aménagé pour accueillir des artistes nomades. «J'aime l'instant, l'instant éphémère, à travers des rencontres que je peux avoir avec des gens, des artistes, d'Essaouira, de la campagne. L'idée, c'est de mettre en lumière cette poésie. Je veux partager un monde plus poétique que celui dans lequel on vit aujourd'hui. Avoir un lieu comme celui-ci représente une certaine brutalité sur laquelle on pose des fenêtres de poésie», explique le photographe qui tombe amoureux du Maroc et d'Essaouira et décide de capter des instants sincères à l'aide de son appareil photo avec son épouse Karine Oortmeyer, elle aussi photographe. Un voyage à travers le Maroc nourri de rencontres, des rencontres qu'il décide de partager avec le public le temps d'une exposition itinérante dont le point de départ est Mogador. «Essaouira est une inspiration, c'est la douceur. Aujourd'hui, j'ai beaucoup de mal à accepter ce qui se passe dans le monde. Défendre mes rencontres et leur talent, c'est la seule arme que j'ai. J'ai décidé de les utiliser». Il décide même d'en faire une histoire qu'il espère emmener aux quatre coins du monde, une histoire autour d'un personnage : Ana Mogador, qui signifie «Je suis Mogador» mais qui fait référence à son personnage Ana Maria Mogador, la voyageuse qui porte le message d'Essaouira au monde entier et va voyager en fonction de ses rencontres, pour porter le nom de Mogador et d'Essaouira. «J'aime capter la sincérité, pour moi rien n'est posé, tout est en mouvement. Et c'est dans ces mouvements là qu'on retrouve la poésie. C'est bouleversant la manière dont vous accueillent les gens qui n'ont rien ou presque rien. Cette chaleur et cette sincérité, c'est ce qui me marque au Maroc !», continue le photographe qui présente un travail fin et raffiné sur des portraits de Marocains du milieu rural en noir et blanc. Publié aux Editions des rivages, ce volume 1 a été rendu possible grâce à des sponsors locaux : Océan vagabond, Jardin des douars, Le taros et Histoire de filles, par amour pour Essaouira encore et toujours...