Nous avons toujours dit que la reddition des comptes commence par les gros dossiers qui portent sur des milliards de dirhams. Le plan d'urgence du projet de réforme de l'enseignement en est l'illustration, avec cette déclaration historique du parlementaire Aziz Lebbar devant le chef de gouvernement et en direct à la télé, selon laquelle il y aurait détournement de plusieurs milliards de dirhams. Si Benkirane n'avait pas bronché devant l'ampleur du chiffre, son successeur El Othmani ne paraît pas y être sensible. En tout cas, Driss Jettou a finalement décidé de s'en mêler et c'est de bon augure, puisque la Cour des comptes est en train de passer au peigne fin les marchés publics passés par les différentes Académies du royaume de l'enseignement et de la formation professionnelle. Première étape, un lot de marchés pour un montant de 500 MDH portant sur un matériel didactique neuf livré d'occasion et parfois défectueux. Il faut rappeler que le Réseau marocain de défense des deniers publics avait présenté une plainte près le procureur général du roi à Rabat avec un dossier conséquent à l'appui. Maintenant, ce dossier doit être traité avec tout le sérieux requis car il en va de la crédibilité de la justice, mais surtout de la volonté politique de l'Etat à mettre de l'ordre dans la gouvernance des fonds publics. Et encore une fois, la justice va assumer la principale responsabilité dans la stricte application du principe de reddition de comptes, et ce sera peut-être le premier test grandeur nature de son indépendance effective.