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Gouvernement : Le PJD tempère ses ambitions
Publié dans Les ECO le 14 - 12 - 2011

«À l'épreuve du pouvoir, dit-on, les promesses électorales finissent, toutes, par prendre les couleurs d'un idéal». C'est une assertion que ne démentira pas le Parti de la justice et du développement (PJD). La formation qui est sortie vainqueur des dernières législatives est en train de vivre l'expérience avant même sa prise effective de la gestion des affaires de l'Etat. Confronté à la réalité des faits, le parti de la lampe tempère ses prometteuses mais trop ambitieuses promesses électorales à l'aune desquelles, pourtant, il a pu séduire, pour une large proportion, les électeurs marocains. Réalité politique, d'abord, avec les concessions déjà accordées aux alliés de la coalition gouvernementale dans la formation du prochain cabinet, mais aussi, réalité socioéconomique qui constitue l'enjeu principal de la prochaine législature. Aux antipodes des engagements contenus dans le programme électoral du Parti, le chef de gouvernement, Abdelillah Benkirane, est sur le point d'opérer une sorte de revirement stratégique pour tenir compte de la donne actuelle dans laquelle survit l'économie nationale, mais également de la conjoncture internationale.
Des facteurs qui convergent à réduire les marges de manœuvre du prochain gouvernement et qui imposent au PJD de revoir à la baisse ses prétentions, le temps de réajuster le tableau de bord de l'économie nationale. Aussi séduisant qu'il ait été, beaucoup d'analystes ont longuement débattu sur la «réalisabilité» du programme économique du PJD, surtout au lendemain de sa victoire aux élections, prime électorale qui lui donne le droit de diriger le prochain gouvernement. Si le parti n'a pas manqué d'arguments qui attestent de la pertinence et de l'impact des intentions du parti de la lampe, la problématique s'est plus orientée sur les moyens et instruments permettant de mettre en oeuvre le vaste chantier que constitue le programme du PJD. Alors que les Marocains attendent la formation du nouveau gouvernement et la déclinaison de la déclaration de politique générale, qui donnera une visibilité sur les orientations de la prochaine législature, la direction du PJD s'évertue à mettre les points sur les «i». «Les engagements que nous avions pris dans notre programme électoral sont étalés sur la durée de notre mandat», souligne Lahcen Daoudi, secrétaire général adjoint du Parti. C'est une manière assez prudente destinée à ne pas voir déchanter, assez tôt, l'opinion publique au niveau de laquelle, les promesses électorales restent encore assez vivaces. «Notre objectif, pour le moment, est d'améliorer la productivité nationale, pour améliorer la croissance», témoigne celui qui fait, également, office d'économiste en chef du PJD. En termes plus clairs, le programme de gouvernance commun à la coalition, sera, prioritairement axé sur le rééquilibrage des fondamentaux économiques pour doper la croissance. Le reste suivra après. Cet aveu sonne comme une sorte de compromission, puisqu'à l'évidence, Benkirane, rejoint, à quelques exceptions près, des recommandations formulées récemment par les experts du FMI, après un diagnostic minutieux des comptes nationaux.
Même combat, méthodes opposées
«Le principal défi pour le Maroc reste de parvenir à un taux de croissance du PIB qui aidera à réduire le chômage et à rehausser le niveau de vie, tout en assurant la viabilité à moyen terme des finances publiques». Telle est la principale conclusion des consultations des rapporteurs du FMI avec les autorités marocaines. C'est un objectif que partagent le FMI et le PJD, sauf que sur les moyens pour y parvenir, tous les oppose. La croissance économique dépend, en effet, à la fois des niveaux d'investissement, de la consommation intérieure et des exportations. Il reste à savoir si le moteur de croissance choisi par le PJD et qui devrait, logiquement servir de «guide line» au prochain gouvernement s'adapte au contexte actuel. À première vue, le PJD, mû par des considérations sociales, a une forte propension économique pour la croissance par la consommation. «L'augmentation du salaire minimum à 3.000 DH par mois, le relèvement du niveau des revenus de 40% sur 5 ans, la baisse d'impôt sur les revenus pour les classes moyennes et défavorisées, l'augmentation du niveau minimal des pensions à 1.500 DH par mois», sont autant de dispositions qui, si elles sont amenées à être mises en œuvre, devraient permettre d'améliorer nettement le niveau de vie de la population et donc favoriser la croissance. Or, à ce propos, le FMI précise avec force que «de nouvelles réformes visant à réduire les salaires minimums et les coûts d'embauche sont indispensables pour faire baisser le chômage», notamment celui des jeunes, qui constituent la force la plus active de l'économie nationale. Même combat donc - doper la croissance -, mais deux stratégies diamétralement opposées. La première, celle du parti de la lampe, est structurée autour «d'une politique favorable à la demande interne», faisant l'hypothèse d'un soutien à la consommation intérieure, qui aurait in fine un impact sur la production et donc sur l'investissement. La seconde, celle de l'autorité financière mondiale, plaide pour une grille inversée, où les dépenses d'investissement de l'Etat devraient être dirigées au profit des investisseurs, qui en améliorant leur niveau de productivité, favoriseraient la croissance, ce qui permettrait de dégager des ressources nouvelles pour la mise en place d'une réforme sociale en faveur «de l'éducation et de la santé».
Une politique de consommation
difficilement réalisable
En termes explicites, le FMI soutient que «l'évolution des salaires devra être indexée sur celle de la productivité nationale». Cette recommandation rejoint celle des économistes, tels que Driss Benali, qui ont longtemps défendu le même principe. Or, le PJD avance, lui, l'idée d'une évolution de la consommation en corrélation avec celle de la productivité. Dans ce cas, rien n'indique a priori que l'allocation des ressources supplémentaires sera réellement affectée à la consommation, voire qu'elle portera sur la production nationale et non pas sur les produits importés. Au regard du faible degré de maturité du système de production nationale actuelle, où la productivité n'est toujours pas au rendez-vous, cette règle, ainsi que celle du FMI d'ailleurs, risque de ne pas être respectée, ce qui pourrait grever la croissance nationale, mais aussi la stratégie d'investissement et celle des exportations, qui seraient reléguées, de facto, au second plan. Si on considère de surcroît les faibles ressources dont disposera le prochain gouvernement, la question qui se pose alors est de savoir si une hausse des revenus pourrait aller de pair avec celles de l'investissement public. Pour une fois, PJD et FMI sont d'accord pour considérer, d'une part, la nécessité de l'instauration de partenariats public-privé et, d'autre part, de réformer le chapitre douloureux des dépenses publiques, qui devront être optimisées au plus haut point en ces temps de crise mondiale. Cette réforme passe essentiellement, pour l'un comme pour l'autre, par l'élargissement de la base d'imposition. Elle est aussi fonction de la rationalisation des dépenses de compensation, une thématique sur laquelle les deux parties sont d'accord sur le papier, mais qui posera pour le PJD un obstacle culturel et éthique considérable. En effet, le PJD ne pourra pas composer avec «ce dossier chaud», sans le soutien de son alliance, et notamment du parti du Premier ministre sortant Abbas El Fassi. Ce dernier, comme ceux qui l'ont précédé, n'ont eu d'autre choix que de continuer à maintenir les compensations à des niveaux allant toujours croissant, en ayant constamment à l'esprit la nécessité de maintenir intacte la paix sociale au Maroc. D'ailleurs, cette difficulté a été notifiée à la mission du FMI, qui a «souligné que pour mener à bien la réforme des subventions, il faudra vaincre la résistance du public et de la classe politique (...) grâce à une stratégie de communication bien conçue et bien appliquée». Pour les économistes, il faudra surtout faire preuve de courage politique. L'injonction est en tout cas claire, et pour savoir si elle incitera le prochain gouvernement au plus à revenir complètement, du moins à revoir son projet de réforme des dépenses publiques, il faut attendre le résultat des négociations entamées vendredi dernier par le comité mixte pour l'élaboration de la politique générale du prochain gouvernement.
Arbitrages nécessaires
La participation de la frange libérale du parti de l'Istiqlal pourra-t-elle opérer un virage pro-FMI de la prochaine politique gouvernementale ? Rien n'est moins sûr, connaissant la fermeté affichée et actuellement à l'épreuve de Benkirane. Sous quel habit Benkirane se jettera-t-il à l'eau ? Suivant la méthode FMI, ou celle du PJD, si les réformes envisagées de part et d'autre permettent, dans une hypothèse optimiste, de dégager de nouvelles ressources, ces fonds seront-ils suffisants pour le financement programmé des projets sociaux ? Pour Benkirane, «la lutte contre les situations de rentes séculaires et la corruption, conjuguée à une réforme des Institutions pourrait mobiliser des sommes (supplémentaires) inimaginables», de quoi constituer alors des marges de manœuvre notables pour le prochain gouvernement. La logique du FMI à ce propos est toute autre. Selon la mission, une politique budgétaire par trop expansionniste altèrerait, sur le court et moyen termes, le niveau d'investissement privé, un des principaux déterminants de la croissance. Cela explique pourquoi le FMI tient l'investissement privé pour principal moteur de croissance. Partant du constat qu'après avoir contenu l'expansion budgétaire en 2011, «un plan solide de rééquilibrage des finances publiques s'imposait en 2012 et à moyen terme pour garantir la viabilité budgétaire», les rapporteurs du FMI ont tiré la sonnette d'alarme. «En l'absence d'actions correctrices, le déficit budgétaire pourrait atteindre 6,5 -7,5 % du PIB, auquel cas la dette publique continuera de s'accroître». En outre, ces actions correctrices ne sont pas pour plaire aux économistes du PJD. Augmenter l'âge de la retraite et des cotisations, ramener la masse salariale publique en dessous de 10% du PIB, accroître la flexibilité du marché du travail, il y a là évidemment de quoi heurter la sensibilité sociale du PJD.
De fait, les arbitrages entre le PJD et ses alliés seront des plus ardus. Adopter une politique de distribution des revenus qui pourrait, selon le FMI, avoir un impact négatif et sur la compétitivité et sur l'attractivité de l'économie marocaine ou suivre les recommandations de ce même FMI, mais dans cette configuration, être contraint d'expliquer aux Marocains, qui ont fortement sollicité le parti de Benkirane, de devoir faire encore plus de sacrifices, puisque tout investissement public productif, essentiellement en infrastructures, ne pourra avoir un impact positif direct sur la croissance, le niveau de vie de la population, ainsi que sur l'investissement privé, que sur le long terme. Voilà deux scénarii qui mettent Benkirane devant un choix cornélien certes, mais qui met en jeu à la fois sa crédibilité, mais aussi sa capacité à gérer les situations difficiles. En matière économique et sociale, le prochain mandat s'avère plus compliqué que ne l'a laissé croire l'euphorie postélectorale, surtout que l'opposition renforcée par son poids politique, fourbit déjà ses armes. «Nous attendons de voir comment le PJD pourra mettre en œuvre son programme, vus les moyens dont dispose actuellement le pays», avait déclaré Salaheddine Mezouar, président du RNI. Cette annonce vaut une mise en garde venant de celui qui a géré, pendant presque quatre ans, les cordons des finances nationales. Les Marocains, en tout cas, attendent un signal fort du gouvernement pour croire. Le débat sur la politique générale du gouvernement et la prochaine loi de finances risquent d'être assez mouvementés. En tout cas, les Marocains sont prévenus, Benkirane n'aura pas de baguette magique! Après tout, en politique, les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.
Point de vue
Driss Benali,
Economiste.
Le programme économique présenté par le PJD a été un programme purement électoral. Se voulant un parti orienté vers les populations pauvres, le parti a ainsi présenté un programme à vocation sociale pour séduire. Cependant, aujourd'hui la situation est telle qu'il ne peut pas appliquer tout ce qui a été promis, sinon cela va lourdement influer sur l'économie. Certes, ces dernières années, la demande interne a été placée au cœur du developpement économique. Si cela a marché, c'est surtout parce que l'on pouvait compter sur le niveau des transferts de l'étranger, notamment ceux des MRE, chose qui n'est plus autant possible dans le contexte économique actuel où les pays d'accueil de ces MRE ne sont pas aussi bien lotis. Il faut donc d'abord créer de la richesse avant de pouvoir la distribuer aux populations. Cela amène à placer l'amélioration de la productivité telle que préconisée par le FMI comme une priorité. C'est d'ailleurs là l'une des bases élémentaires de l'économie. Le PJD risque donc de tomber dans la même situation qu'a vécue l'USFP auparavant. À l'époque de Oualaalou, il avait en effet fait des promesses sociales et avait placé la barre trop haut, ne pouvant de ce fait tenir ses promesses, se mettant rapidement mis à appliquer à la lettre les recommandations du FMI. Nous sommes aujourd'hui dans la même configuration. Il existe bien sur des modèle économiques qui permettent de conjuguer entre l'approche sociale et celle liée à l'encouragement de la productivité. Cependant, cela dépend surtout du niveau de qualification de la population, chose qui fait défaut au Maroc.


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