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"Prolégomènes"
Publié dans Les ECO le 02 - 11 - 2018

Dans ma chronique précédente, «Embarras» (édition du 25/10/2018), j'ai exposé brièvement le contexte national dans lequel le PLF 2019 a été préparé en en dégageant, chemin faisant, quelques nouveautés au niveau de son montage et en en soulignant les limites que je considère comme étant «congénitales». Il va sans dire que l'analyse d'une Loi de finances n'est pas un exercice aisé et que sa compréhension n'est pas à la portée de tout un chacun. C'est un domaine qui demande un minimum d'expertise. Sans prétendre à l'exhaustivité, je tenterai dans les paragraphes qui suivent de m'arrêter sur quelques aspects qui caractérisent ce texte en discussion au sein de la Commission des finances en me référant cette fois-ci davantage aux chiffres.
Pour rappel, quand on parle d'une Loi de finances, cela inclut le budget général, les comptes spéciaux du Trésor (CST), les Services de l'Etat gérés de manière autonome (SEGMA) et l'amortissement de la dette publique (ADP). Ainsi, le montant total des charges du budget de l'Etat s'élève à près de 433 MMDH, en augmentation de 8,18% par rapport à 2018. Elles se répartissent comme suit en pourcentage : budget général (70,8%) ; CST (19,5%) ; SEGMA (0,65%) ; ADP (9,06%). Les dépenses du budget général (hors amortissement de la dette publique à moyen et long termes), évaluées à 306, 488 MMDH, vont à hauteur de 2/3 au fonctionnement avec près du quart à l'investissement et 9,15% au remboursement des intérêts et commissions de la dette publique. C'est une structure relativement inchangée depuis des années, ce qui montre les contraintes qui pèsent sur le budget général notamment les dépenses du personnel. Evaluées à 112 MMDH, celles-ci représentent 54,7% des dépenses de fonctionnement, 36% du budget général et 9,6% du PIB.
En vue de réduire la charge de la masse salariale et de dégraisser la fonction publique, le gouvernement a tendance à encourager les départs volontaires, dont la retraite anticipée et le recours à la contractualisation. Les dépenses d'investissement s'élèvent à plus de 73 MMDH en augmentation de 7,5% par rapport à 2018, soit 5 MMDH de plus. Le volume global des investissements publics au titre de l'année 2019 s'élève à 195 MMDH, représentant 16,7% du PIB contre 19,1% en 2015. Ces investissements sont composés, outre l'investissement du BG, des investissements inscrits dans les CST (15,34 MMDH), les SEGMA (0,796 MMDH), ceux prévus par les collectivités territoriales (18,5 MMDH) et les entreprises et établissements publics (99 MMDH). Il faut cependant faire deux remarques qui réduisent l'ampleur de ces montants : d'une part, une partie non négligeable des dépenses d'investissement du BG est transférée aux entreprises sous forme de subventions, soit 20 MMDH, d'autre part, le taux de réalisation dépasse rarement 70% des prévisions. En fin de compte, les 195 MMDH sont juste un ordre de grandeur et une simple écriture sur le papier. À titre d'exemple, les entreprises et établissements publics n'ont réalisé en 2017 que 61,2 MMDH sur les 190 prévus, soit un taux de réalisation de 32,2% ! Ne parlons pas des investissements des CT qui se transforment en dépenses du personnel…
Les recettes du BG (hors produits des emprunts à moyen et long termes) sont évaluées elles, à 242, 89 MMDH dont la structure est la suivante : les impôts directs (IR et IS) représentent 41,45% soit 100, 6 MMDH ; les impôts indirects (TVA et TIC) interviennent à hauteur de 37% soit 89,8 MMDH ; les droits d'enregistrement et de timbre 18 MMDH, les droits de douane 9,38 MMDH, les produits des monopoles et des participations financières de l'Etat 11,4 MMDH, la privatisation 5 MMDH. Les recettes d'emprunt continuent à être un moyen «privilégié» de financement du BG. À elles seules, elles drainent 76,2 MMDH en augmentation de 12% par rapport à 2018, aggravant ainsi l'endettement du Trésor qui a dépassé la barre des 65%. Ceci est d'autant plus préoccupant que le pays est rentré de plain-pied dans le cycle infernal de l'endettement qui signifie qu'on emprunte pour rembourser la dette venue à échéance, ce qui rappelle l'histoire du «serpent qui se mord constamment la queue» ! Ainsi, sur les 76 MMDH empruntés, 67 vont au remboursement de la dette. Le net à placer en investissements ne dépasse pas 9 MMDH. Jusqu'à présent, le Maroc s'en est sorti tant bien que mal et ceci en recourant essentiellement au marché intérieur (plus de 75% de l'encours de la dette est libellé en DH) et en diversifiant les créanciers sur le plan extérieur tout en optant pour une gestion active de la dette mais le problème demeure posé et il y a lieu de tirer la sonnette d'alarme comme vient de le faire, à juste titre, la Cour des comptes dans son dernier rapport. Pour conclure ces prolégomènes, titre emprunté au grand érudit Ibn Khaldoun, il faut lire le PLF avec une grande précaution et procéder aux croisements des données pour ne pas tomber dans le piège du flou artistique.
Abdeslam Seddiki
Economiste et ex-ministre de l'Emploi et des affaires sociales


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