«Nous sommes en train d'opérer les dernières retouches de la nouvelle politique médicale, et elle sera prochainement présentée aux Assisses nationales de la santé». L'annonce a été faite à Agadir par El Hossein El Ouardi, ministre de la Santé lors la 7e édition des Journées pharmaceutiques organisées en fin de semaine et placées sous le thème «Environnement officinal : quelles menaces et quelles opportunités?» La rencontre initiée par le Syndicat des pharmaciens d'officines de la wilaya d'Agadir a permis de dresser l'état des lieux du secteur pharmaceutique au Maroc. Bien que le secteur couvre près de 70% des besoins locaux en médicaments, la consommation par habitant demeure encore inférieure. La dépense individuelle est estimée à 400 DH par an, et les ménages marocains consacrent 57% de leur budget aux soins, dont 40 % de ce chiffre est consacré aux médicaments. «La cherté des médicaments, la faiblesse du pouvoir d'achat et l'impôt de 7% applicable aux médicaments (contre 2 % en France et 6 % en Tunisie), sont autant de problèmes qui empêchent les Marocains d'accéder aux soins», a souligné le ministre. C'est pourquoi la tutelle prépare, dans le cadre d'une réforme de la politique médicale, un nouveau projet de loi permettant la fixation de leurs prix. Objectif : actualiser les tarifs afin de réviser les prix des anciens médicaments tombés dans le domaine public. Outre le benchmark tarifaire lancé, la tutelle compte également sur la création d'un observatoire national des médicaments pour suivre et accompagner la situation du marché, la révision des licences d'autorisation de mise sur le marché (AMM) et la protection de l'industrie pharmaceutique locale. Pour le générique qui fait encore l'objet de réticences, «l'absence de son institutionnalisation et la vétusté des lois mises en vigueur – 1962 et celle de 1973 – ont contribué à un taux de pénétration égal à 30 % au niveau national», souligne El Ouardi. D'où la nécessité de réformer l'arsenal juridique de sorte qu'il soit en conformité avec le nouveau contexte économique. De surcroît, l'indexation des prix, en sus de la diminution de la TVA, s'impose afin d'adapter les prix au pouvoir d'achat des ménages. Les professionnels qui ont dressé des recommandations à l'issue de cette rencontre, ont appelé à la sortie des textes d'application afférents au Code du médicament et à celui de la pharmacie. Concrètement, les professionnels ont insisté sur l'échange des médicaments, de façon à contribuer à leur accès et encourager le recours au générique tout en révisant son système tarifaire. Sur un autre registre, les pharmaciens ont sollicité, dans le cadre d'une approche participative, la concertation sur les questions touchant la profession, l'organisation de la formation continue dédiée aux pharmaciens et la révision de l'aspect social, notamment en termes de couverture sociale et de retraite. Du côté de l'organisation, les pharmaciens ont appelé à l'actualisation et la révision des lois encadrant le Conseil national des pharmaciens et la création des ordres régionaux tout en renforçant la représentation de la profession de façon à avoir un interlocuteur unique avec le ministère de tutelle. S'agissant de l'exercice, les professionnels ont appelé à intégrer les services du pharmacien dans le régime d'assistance sociale (Ramed) et au respect de leur spécialité, notamment la distribution et la vente légale des médicaments.